jeudi 20 mars 2025

LE PRINTEMPS


Ça y est les frimas se sont enfin effacés
Et le soleil brille de nouveau sur la ville
Et la campagne s’en est fini de l’hostile
Hiver de ses vents froids étant fort courroucés

Oui adieu à nos airs tristes et compassés
À ces chaînes glacées faisant de nous serviles
Déneigeurs cherchant la chaleur simple et fragile
Voici le temps des fleurs des amours épicés

Le printemps est le bon moment pour rendre hommage
À la création tout entière aux verts ramages
Renaissant comme par magie dans les forêts

Émerveillons-nous donc devant tous ces miracles
Chantons-les gaiement au sommet des minarets
Ou des montagnes au sein de tous les cénacles

mardi 11 mars 2025

TROIS SŒURS


Aux sœurs Brontë

Seules dans les landes elles ont bien erré
C’est là que les voix ont commencé à souffler
À leurs oreilles dans leur esprit constellé
Cherchant l’amitié ou l’amour parfois terré

C’est au cœur de ces grands espaces aérés
Que sont nés leurs talents qu’ils se sont dévoilés
Là où hurlent les vents les lutins potelés
Sous les auspices d’un père droit et lettré

Leur vie fut courte mais intense et romantique
Faisant de chaque instant un moment authentique
Pour cette raison nul ne les oubliera

Quel que soit leur prénom les unes dépendant
Des autres cédant aux malheurs au choléra
Peu de leur joie et de leur sourire obsédant

dimanche 9 mars 2025

LES ÉFRITS


Dansant et souriant au milieu du feu
Les éfrits regardent se déchaîner les hommes
Avec délectation sous la forme de gnomes
De puissants guerriers ou de monstres squameux

Leur générosité leurs présents sont fameux
De pierres précieuses ils ne sont économes
Ayant plus de rubis qu’un verger n’a de pommes
Ils sont très fidèles réalisant les vœux

Mais faites attention vous ne serez leur maître
Que s’ils sentent que vous pourriez une proie être
Et que votre âme n’est point fermement ancrée

Ils ont en effet peu de respect pour les lois
Divines ne suivant que dans leurs simagrées
Leurs envies du moment sans perdre leur aloi

LE MOINE


À Matthew Gregory Lewis

La vie du moine était régie par la luxure
C’était donc une proie facile pour le Diable
Ses appétits étaient si forts si insatiables
Qu’il était indigne de porter la tonsure

Son choix lui infligea de nombreuses blessures
Tant au corps qu’à l’âme Son sort fut peu enviable
Simple jouet de ses désirs inexpiables
Tout s’acheva mal pour lui dans la flétrissure

Il aurait pu être pardonné c’est certain
Mais il voulut jusqu’au bout être libertin
Maculant de sang ses mains fières et froides

Ne faut-il pas après tout que la faim perverse
Soit étanchée afin que la nuque très roide
Du Créateur puisse calmer les controverses

mercredi 5 mars 2025

LE SCEAU DE SALOMON


Le grand roi magicien possédait une bague
Qui lui permettait bien de sur les créatures
Avoir une influence et de toute aventure
Sortir vainqueur aussi puissant qu’avec des dagues

Lui le prince des djinns pouvait fendre les vagues
Grâce à cet anneau de fer et de feu Droiture
Au sein du royaume il apportait armature
Indéboulonnable qui les démons élague

Quand Dieu le rappela le sceau aux cieux monta
Avec le monarque et un floral taffetas
En descendit tout en recouvrant le pays

Ce voile de soie fut ensuite déchiré
Pour le pur malheur des peuples enorgueillis
Par la suffisance et donc fort mal inspirés

lundi 3 mars 2025

LA LICENCE


Poète n’aie pas peur de t’octroyer licence
Mais n’en abuse sous peine d’être agressé
Par tes camarades souvent bien engraissés
Qui aiment les strictes règles et la décence

À toi tout est permis valet de l’innocence
Mais n’oublie jamais d’où viennent les compassés
Préceptes suivis par tes frères du passé
Étudie les traités tu trouveras leur sens

Que ta pensée soit fluide et que ton écriture
Soit scrupuleuse afin de devenir peinture
Pour l’esprit du lecteur qui en a tant besoin

Mais ne lui mâche pas la tâche car il faut
Faire des efforts pour être digne des soins
Les plus délicats que tu lui offres sans maux

dimanche 2 mars 2025

LA FAIM


À Knut Hamsun et Henning Carlsen

Mon ventre gargouille à nouveau Quel sentiment
De désespoir et de détresse Dans la ville
J’erre et je traîne avec cette amie peu tranquille
Elle me conduit sans but indéfiniment

Au bureau du journal j’espère un compliment
Pour mes articles mais mon air fort juvénile
Effaré efflanqué pour tout dire fragile
Doit les en empêcher ultime châtiment

Un bateau peut-être m’emportera au loin
Avec ma fidèle compagne pour témoin
Ou alors les flots froids du fjord m’avaleront

Ô toi faim qui me fais plus que perdre la tête
M’embrasses comme le lierre ou le liseron
M’abandonneras-tu un très beau jour de fête

GRENADE


À Federico García Lorca et Isaac Albéniz

Ô Grenade cité partagée entre deux
Mondes deux continents tes rues ensoleillées
Chantent en des langues diverses quadrillées
Par des rois des princes des anges hasardeux

Au loin vers l’horizon des sommets point hideux
Couverts d’une blancheur opaline éveillée
Au sein de l’Alhambra une verte feuillée
Éblouissant les yeux même des cafardeux

En son cœur bien des joies retentissent au rythme
Des processions qui sont comme des algorithmes
Cadençant les vies de ses fiers habitants

Oui il faut s’incliner devant tant de piété
De dévotion et de foi c’est réconfortant
Le tout si simplement avec sobriété

LA FEMME DE L’OMBRE


Elle est là tapie dans l’ombre la belle et grande
Dame observant par la fenêtre les démons
Qui tentent d’envahir ce monde Ses sermons
Et ses prières sont comme de vraies offrandes

Tout repose entre ses mains car la sarabande
Infernale ne craint qu’elle Les rodomonts
Paradeurs en effet vite par vaux et monts
Prennent le large dès qu’ils sont face à leurs bandes

Mais il faut voir comme ils lui crachent au visage
Ceux dont l’âme est déjà perdue mauvais présage
Indiquant que la fin est pour eux bien proche

Quand son travail sera terminé notre Terre
Sera purifiée par le feu et les reproches
Éternels s’abattront sur tous les délétères

samedi 1 mars 2025

LE PETIT CHAPERON


À Charles Perrault et aux frères Grimm

Rouge rouge rouge le petit chaperon
Danse danse danse là-bas au fond des bois
Où l’attend l’attend le méchant loup aux abois
Effrayant les filles belles ou laiderons

C’est bien pour cela que veillent les bûcherons
Leurs cris faisant fuir fuir fuir le pervers qui boit
Et qui s’échauffe trop trop trop en menu bois
Le convertissant s’il s’approche le larron

Quand on aime le beurre et les douces galettes
Comme la mère-grand on peut à l’aveuglette
Facilement être trompé et englouti

Par les mensonges et les autres tromperies
Des monstres nous guettant les sombres abrutis
Dès que le jour faiblit pic de la barbarie

vendredi 28 février 2025

BRUGES-LA-VIVANTE


Qu’elle est belle la ville où dansent les canaux
Au son du carillon du merveilleux beffroi
Ses rues en dentelle sont habillées d’orfroi
Et débordent de joie égayant les moineaux

Les ménagères s’y affairent aux fourneaux
Et les hommes heureux y choient les palefrois
Ces compagnons de vie qui éloignent le froid
Au fond de son port sont débarqués les tonneaux

La bière chante de tout son saoul au bistro
Les carbonades se dorent au brasero
Que ce soit en hiver que ce soit en été

Un vieux peintre s’endort adossé à un mur
De la cathédrale et rêve à satiété
Des maîtres flamands loin de ce qui est impur

mercredi 26 février 2025

LE CARRÉ


À Ruben Östlund

Entrez entrez dans le carré dans le carré
Toujours il s’y passe quelque chose toujours
Que ce soit dans la nuit ou au plus clair du jour
Oui osez entrer dans le carré le carré

Abandonnez-y vos richesses égarez-
Y vos pensées tristes ou joyeuses Séjour
Court ou long y sera profitable toujours
Soyez-en assuré car c’est bien le carré

Un espace fermé véritable biotope
Pour les philanthropes comme les misanthropes
Pour les monstres bestiaux comme les raffinés

Un endroit où l’on se sent vraiment en confiance
Où l’on en revient à l’essentiel in fine
Où l’on oublie toute sa pâle insignifiance

dimanche 23 février 2025

LE FEU ARDENT


La nuée qui m’entoure est un grand feu ardent
Que nul ne peut éteindre ou juste traverser
Elle est si épaisse que même un cuirassé
Est bien plus mal blindé que même le trident

De Poséidon ne peut l’inquiéter Mordant
Les ennemis qui trop s’approchent insensés
Elle suit les desseins du Seigneur offensé
Par tous les manques de respect outrecuidants

La nuée qui m’entoure est l’expression ultime
Du Verbe une alliée puissante amie intime
Toujours présente pour moi gardant mes talons

Nombre se sont risqués à lui donner l’assaut
Aucun n’en est sorti vainqueur les colossaux
Héros comme les plus hypocrites félons

LE BUISSON SCINTILLANT


Le buisson scintillant un jour se montrera
À nouveau à celui qui en est vraiment digne
Sur une montagne ou bien au cœur d’une vigne
Offrant ses divins fruits au fond d’un alhambra

Il faudra alors se montrer sur l’agora
Des différents peuples afin de tous les signes
Transmettre Toi aussi qui lis ces quelques lignes
Un important rôle à jouer tu recevras

Car il faudra être nombreux pour le royaume
Du Seigneur édifier parmi tous les fantômes
Errant sur la Terre Mais de toute manière

N’oublie pas non plus que tout cela se fera
Avec ou sans toi nul comme en un opéra
N’étant essentiel pour ce moment charnière

vendredi 21 février 2025

LA SYMPHONIE DES ANGES


Tends l’oreille si tu veux entendre des anges
La symphonie elle qui résonne partout
Dans l’univers et au-delà non point le cou
Ses légères notes comme de vraies mésanges

Viendront se lover en ton sein Que tes louanges
Soient alors intenses cela en vaut le coup
Car elles ne feront leur nid toujours surtout
Si tu n’écoutes pas leur chant certes étrange

Imagine-toi un orchestre gigantesque
Un chœur si grand que nul ne pourrait peindre en fresque
Ce titanesque ensemble où règne le céleste

Ferme maintenant les yeux Sens-tu ce fin souffle
Se poser sur ton front comme en un champ agreste
Choient des plumes ou la neige qui emmitoufle

jeudi 20 février 2025

L’ART


À Théophile Gautier

Quand meurent les dieux les souverains vers restent
Gravés pour toujours en notre folle mémoire
Qui se souvient de tout bien mieux que les grimoires
Applique-toi à ton art et fuis comme peste

Tout ce qui pourrait t’en détourner Que tes gestes
Tous tendent vers ton but afin que dans les moires
De l’esprit tu puisses te plonger Que l’espoir
Ne te quitte jamais les soirs les plus funestes

Aux moments de tristesse et de mélancolie
Garnis ta chambre ou ta mansarde d’ancolies
Et d’autres fleurs fais-en germer sur le papier

La toile ou dans l’argile écarlate limon
Fertile pour les doigts agiles des drapiers
De la matière et tiens fermement ton timon

mercredi 19 février 2025

UNE FILLE DE FEU


À Céline Sciamma et Adèle Haenel

La torride chaleur qui se peut nous saisir
En face d’un portrait est bien inexplicable
Nous ne choisissons pas l’amour inextricable
C’est lui qui nous choisit oh quel divin plaisir

Je me souviens toujours avoir vu tant rosir
De joues innocentes de façon implacable
Qu’il m’est difficile de rendre mes vocables
Vraiment saisissables esclave du désir

Une vraie rencontre est une bénédiction
Qui nous accompagne sans aucune affliction
Durant toute notre vie lui donnant un sens

Je sais que toi aussi tes rêves sont très purs
Que ton regard est sans nulle concupiscence
Rejoins-moi donc dans le plus joli des azurs

INTRODUCTION


(au futur recueil 100 sonnets à lire dans le train [titre provisoire])

Depuis toujours j’aime à lire dans les transports
Faisant ainsi le corps et l’esprit voyager
De concert dans d’autres dimensions Partagé
Entre réalité et fiction dans les ports

Je me promène tout comme à l’aéroport
Dans les gares avec mes livres ouvragés
Sous le bras ou dans mes malles Les naufragés
De l’existence ont des particuliers rapports

Avec les choses et les gens Toi cher lecteur
Je crois que tu pourras en véritable acteur
Plonger en ces quelques textes je t’y invite

De tout cœur et vivre de belles aventures
Dans des univers fort différents où gravitent
Monstres ou héros faits frères par l’écriture

mardi 18 février 2025

LA PERTE DES ILLUSIONS


À Honoré de Balzac et Xavier Giannoli

Un poète honnête perdu dans la cruelle
Ville où les lumières attirent les méchants
Et les éphémères tous les faux sentiments
Ne peut que se corrompre et livrer un duel

Phénoménal contre l’âme spirituelle
Qui l’habite depuis toujours Face aux marchands
Des temples et des cours bordels infiniment
Disgracieux faisandés le mal habituel

Ricane et jubile certain de sa victoire
Oui le jeune homme pur fera son purgatoire
En ce monde hostile et si méprisant devant

Toutes les bassesses les pires injustices
S’il cède aux tentations un bref souffle de vent
Se saisira de lui le sortant des coulisses

lundi 17 février 2025

L’INCOMPRÉHENSIBLE


À Stéphane Mallarmé

Si la chair est triste les dés ne le sont pas
Ils peuvent consoler celui qui a perdu
Ses belles illusions tous les individus
Qui ont lu les livres ces généreux repas

Du cœur et de l’âme mais qu’un instant cela
Ne dure le hasard étant malentendu
Facétieux pour celui qui croit en l’éperdu
Amour des langues des mots d’un soir de gala

Les tâches de l’esprit étaient ta vocation
Comme pour un faune l’est la fornication
Dans un après-midi joyeux et vaporeux

Tu t’intéressais plus aux effets qu’à la chose
L’ombre du symbole est là partout dans ta prose
Et nous transporte dans ton univers scabreux

dimanche 16 février 2025

J’AI VÉCU TOUTES LES VIES


J’ai vécu toutes les vies celles des humains
Des animaux et des dieux Je fus rocher
Séquoia fougère et bactérie attaché
Comme Prométhée sans espoir de lendemain

De croiser ton regard c’est ce dont j’ai besoin
Pour savoir tout de toi que tu sois débauché
Savant sage ou saint car je connais ta psyché
Étant passé par où tu es passé sans soin

Vivre voilà pourquoi nous sommes ici-bas
Mais vivre toutes les vies sans de grands débats
Pour nous libérer du cycle d’incarnations

Qui nous est destiné esclaves de la mort
Comme l’est un cheval à son morose mors
À nous donc d’arpenter l’ensemble des nations

IRIS


La messagère des dieux dans le ciel
Nous laisse une trace de son tendre passage
C’est généralement un vraiment bon présage
Que de l’apercevoir entre deux gratte-ciels

Depuis la nuit des temps elle est leur officiel
Héraut tenant dans la main le caducée sage
Une fine écharpe ceinturant son visage
Penses-y chaque fois que tu vois l’arc-en-ciel

Pour satisfaire Héra elle est prête à voler
Vers notre monde afin que nos yeux étoilés
Soient les témoins de sa volonté généreuse

Ah qu’ils sont fiers de toi la ravissante Électre
Et le Titan Thaumas quand ton sublime spectre
Aux ailes d’or porte ses nouvelles heureuses

jeudi 13 février 2025

LE MISÉRABLE


À Victor Hugo

Ils ont beau l’encenser nul n’oublie les années
D’exil loin du pays repoussé comme un chien
En des contrées bien peu hospitalières Rien
Ne remplace un foyer sa douce cheminée

Peux-tu imaginer les très longues journées
Passées sur la route et dans le froid sibérien
L’angoisse du génie sans espoir pour demain
Ne sachant où dormir où noyer ses soirées

Ils étaient des milliers à son enterrement
Mais combien étaient-ils à ses côtés vraiment
Quand s’en faisait sentir le besoin à Jersey

À Guernesey ailleurs là où tout est hostile
Et inconnu où tout devient vite futile
Ces endroits qui furent de sa foi le creuset

LE PRODUCTEUR


À Harvey Weinstein

Ô toi victime de l’un des plus grands complots
De l’ère moderne tu t’es mal comporté
Sûrement mais de là à te voir emporté
En prison pour finir tes jours dans un cachot

Seul comme un rat crevé et perclus de sanglots
Il y a plus d’un pas Pour te réconforter
Rappelle-toi de tous les beaux récits portés
À l’écran grâce à toi que ton cœur d’artichaut

N’était pas si mauvais que tu fus condamné
Sans vraiment de raison que tu es pardonné
Par notre bon Seigneur juge de cette terre

Et oui il est ainsi de notre saint devoir
De nous lever contre les abus de pouvoir
Les faux témoignages et les vrais adultères

mercredi 12 février 2025

MENTOR


Ils sont bons tes conseils vénérable Mentor
Pour Télémaque et ses très illustres parents
Des plus grandes vertus tu fus le seul garant
Lors que les prétendants voulaient se couvrir d’or

Ulysse t’écouta lui si rusé si fort
Et en tira profit après avoir durant
Des années badaudé sur les mers dévorant
Son espoir de revoir son île et ses beaux forts

Même si tu ne fus que jouet d’Athéna
Et que l’on te décrit comme un vieux fou parfois
L’on se souvient de toi aussi dans le langage

Le plus courant qui soit guide de la jeunesse
Qui possède certes la fougue et le courage
Mais qui manque encore de calme et de sagesse

STENTOR


L’on sait bien peu de toi et de ta voix d’airain
Du haut des collines tu haranguais les troupes
Pour les guider vers la victoire et tous les groupes
Ennemis qui osaient courir sur le terrain

Tu perdis la vie en défiant Hermès aux reins
Solides et puissants sachant une chaloupe
Faire chavirer d’un simple cri Sous leur coupe
D’illustres rois t’ont pris pour ton chant purpurin

Pouvant glacer d’effroi les guerriers les plus braves
Quand ta conque sonnait de ses tons les plus graves
Tous tendaient l’oreille car des commandements

Primordiaux allaient leur être bientôt transmis
Véritable héraut rarement endormi
Ton nom est parvenu jusqu’à nous froidement

dimanche 9 février 2025

ÉCRIRE POUR ÊTRE LIBRE


Pourquoi donc accepter de toujours s’enchaîner
Alors qu’au fond de toi une petite voix
Hurle très très fort que l’écriture est ta voie
Ce qu’ils désirent c’est de par le bout du nez

Te mener t’obligeant tout comme un nouveau-né
À n’opérer que leur volonté en grivois
Petit mouton hissant au vent leurs fiers pavois
Te voir danser à la télé comme un damné

Le seul secret pour être heureux est de ne faire
Que ce que l’on veut bien le reste n’est qu’enfer
Crédit à rembourser pension à créditer

Contrat à honorer voilà autant de pièges
Assez communs qu’il est facile d’éviter
Quand on a courage de sortir du cortège

LA PALETTE DES SENTIMENTS


Cette immense peine qui par moments saisit
Ta gorge ces larmes qui viennent du cœur
Perler aux paupières tout comme le bonheur
Le plus parfait pouvant te pétrifier transi

Sont des émotions que nul ne vraiment choisit
Et ne peut feindre Seuls les plus brillants acteurs
Connaissant leurs gammes sombres usurpateurs
Sont capables d’avec leur teint pâle ou rosi

Nous tromper maquillage évanescent de leur
Turpitude profonde ingrats ensorceleurs
Masqués insensibles presque surnaturels

N’entre pas en leur jeu car c’est plus que trahir
Jouer au plus malin c’est au final choisir
Le camp du grand Satan et de ses ménestrels

mardi 4 février 2025

SEUL


Quoi que l’on ait fait en cet univers c’est seul
Que l’on s’élève vers le royaume de Dieu
Il faut abandonner tout ses plus amis vieux
Comme sa fortune faire de son linceul

Un beau costume de son cercueil en tilleul
Un palais d’or et de feu de ses fiers yeux
De simples opales Les plus hauts montagneux
Sommets se franchissent c’est ainsi vraiment seul

Ne te retourne pas un monde traversé
Se doit d’être oublié les mains qui t’ont bercé
Tout autant Une simple hésitation et tu

Es perdu retombant au fond de la vallée
Reprenant encore et encore la mêlée
En sachant cela tu connais grande vertu

dimanche 26 janvier 2025

EMPÉDOCLE


À Friedrich Hölderlin

Empédocle toi qui plongeas dans le volcan
Non pour y mourir mais pour avec la nature
T’unir que dirais-tu ce jour des aventures
Que tu vécus il y a de cela longtemps

Toi qui t’habillais comme un roi ou un charmant
Prince méprisant les gueux et les créatures
N’étant des humains que viles caricatures
Tu connaissais déjà bien les quatre éléments

Tu ne récoltas que l’exil pour tes travaux
Mais tu offris à la Sicile renouveau
Et de la tyrannie le refus clair et net

Poète brillant seuls quelques chants nous parvinrent
Mais assez pour placer ta fort belle planète
Sur les cartes qu’entre leurs deux mains certains tinrent

LE BHAKTI-YOGĪ


À Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupāda

Voici celui qui est le plus proche de Toi
Ô Seigneur Suprême et celui que Tu chéris
Assurément le plus Sur le chemin fleuri
En permanence il se trouve Grande est sa foi

Si grande que rien ne peut l’écarter des lois
Et de Ton amour En Toi il s’épanouit
Mettant ses sens à Ton service En joie il rit
Sachant que Ta raison le guide vers l’exploit

La vie la mort il les a vaincues dominées
Depuis un fort long temps Le néant destinée
Fatale et finale pour les faux érudits

A lui aussi baissé les armes face à Ton
Vrai visage celui que seuls les plus hardis
Peuvent contempler sans brûler comme un triton

LA VOCATION FANTAISISTE


Un jour l’ange apparut et me dit Assieds-toi
Et écris Grand malheur t’attend si tu refuses
De transcrire mes mots afin que tu diffuses
Ma voix forte dans le monde assez peu courtois

Je restai fort longtemps face à cela pantois
Que répondre en effet à cette étrange muse
Venant perturber ma tranquillité confuse
Du moment simplement heureux d’avoir un toit

Je dus donc me résoudre à prendre toge et plume
À notifier dans des carnets sans amertume
Les paroles de mon visiteur glorieux

Emmuré au château de la création
Me voici à œuvrer sur de mélodieux
Projets méritant bien un peu d’attention

JÉZABEL


Ô Jézabel tu ne t’attendais certes pas
À ainsi achever ton existence infâme
Pour rappel les chiens dévorèrent ton âme
Et ton corps Tu offris à Achab tes appas

Ce qui le corrompit Fournissant des repas
Aux pires des démons tu reçus tant de blâmes
Que ton sort fut jeté très tôt vrai mélodrame
Passionnant encor de nos jours tes avocats

Tu fus sans conteste l’une des plus cruelles
Reines de l’Histoire détournant les fidèles
Faisant mettre à mort les plus honnêtes des gens

Pour le prix d’une vigne ou de biens sans valeur
Crachant au visage des devins du Seigneur
Déifiant luxure vice blasphème argent

LES SYLPHES


Ô vous enfants de l’air qui dans les bois dansez
Semblant sortis tout droit d’un rêve impétueux
J’aime à sentir votre souffle tempétueux
Et ce cœur violent dans vos pas cadencés

Quand par surprise vous me décontenancez
Par une facétie un tour affectueux
Je songe avec délice aux banquets fastueux
Que vous offrez parfois aux humains élancés

Votre peau si claire et si douce à caresser
Pourrait faire penser à des amours blessés
Exsangues déprimés mais votre joie est grande

En vérité car vous êtes très dévoués
Au Seigneur suprême votre vie n’est qu’offrande
Sacrifice divin il faut bien l’avouer

samedi 25 janvier 2025

LES ÉCHECS


Dès l’ouverture des débats l’esprit doit être
Vif pour contrôler les pièces du cavalier
À la tour en passant par le pion et l’altier
Roi qui est du champ de bataille le grand maître

L’échauffourée commence honnis fort soient les traîtres
Et les distraits perdant leurs troupes argentiers
Maladroits dès les traits échangés en premier
Les canons ont frappé du moral baromètres

La bénédiction des évêques est requise
Si tu veux victoire remporter joie exquise
S’il en est Sois bien prudent jusqu’à la fin

Car nul n’est à l’abri d’un beau retournement
De situation Que ton discernement
Soit toujours aiguisé et sache perdre enfin

LA PAROUSIE


Tiens-toi prêt car au jour glorieux la parousie
Tu n’auras guère de temps pour tergiverser
Les trompes sonneront moult sang sera versé
Annonçant pour toujours la fin des infamies

Des injustices dans les nations les familles
Plus jamais les hommes ne voudront renverser
Le Dieu unique comme des insensés
Ravageant la Terre telle une épidémie

Si tu n’abandonnes pas tes activités
Tes richesses sur-le-champ tu seras porté
Par les anges en des lieux inhospitaliers

Au lieu de rejoindre le céleste royaume
Tu auras beau gémir levant des mains la paume
Vers eux oublie qu’ils ont été de vrais alliés

vendredi 24 janvier 2025

LES POMMES D’OR


Arriveras-tu à cueillir les pommes d’or
Que les Hespérides gardent dans leur jardin
Voilà un beau défi qui vraiment sans dédain
Peut être relevé comme un toréador

Profite des instants où le dragon se dort
Pour t’y insinuer sans te montrer badin
Avec les trois nymphes car nombre de gredins
Y ont laissé leur peau tels des conquistadors

Beaucoup trop confiants et arrogants Croque-les
Après ton succès car d’un très bon coquelet
Elles ont le goût Tu obtiendras connaissance

Et immortalité pour prix de ton exploit
Et même Atlas le grand Titan applaudira
Car les dieux respectent la vraie magnificence

mercredi 22 janvier 2025

LE CHÂTEAU AVENTUREUX


Après avoir franchi la maudite forêt
Tu verras un vieux château sur l’horizon
Gardé par des flammes terribles à foison
Ne crains point leur morsure et ne fais point d’arrêt

Méfie-toi toutefois des ronces des marais
Qui sont fort piégeux en cette belle saison
Un chant retentira Pour conserver raison
N’essaye pas de le comprendre c’est secret

Dans son enceinte tu devras un escalier
Gravir pour atteindre les différents paliers
Qui sont au nombre de sept Sur chacun trois portes

À toi de choisir la bonne à chaque reprise
Sans quoi c’est le Diable qui ton esprit emporte
Suis ton intuition car seule elle est sans traîtrise

mardi 21 janvier 2025

LES MUSES


À Jaume Balagueró

Tapies dans l’ombre et la poussière elles guettent
Leurs proies En leur soufflant quelques vers à l’oreille
Elles les attirent dans leur très froid sommeil
Tout au mieux ou tout au fond de leur cachette

Au fond d’un étang ou de l’océan La fête
Elles promettent mais vite de sang vermeil
Elles se repaissent De fort sombres corneilles
Leur tiennent compagnie ainsi que des chouettes

Qui veut les affronter se doit d’être bien droit
Et aussi pur que l’eau des montagnes L’effroi
Qu’il ressentira dans les premiers instants

Devra rapidement s’effacer et sa ruse
Devra être grande pour vaincre ces titans
Sortis des temps Elles sont divines les Muses

LA GRANDE PRÊTRESSE


Je me souviens de toi ô toi grande prêtresse
Dont le nom restera secret jusqu’à la fin
Des temps ce moment où se lèvera le fin
Voile qui empêche nos yeux d’avec justesse

Voir le monde Tes longs baisers de diablesse
En charmèrent plus d’un n’en jamais sur leur faim
Laissant Près de Saïs beaucoup de séraphins
Dansent autour de ton frêle corps de déesse

Au détour d’un tarot l’on peut te rencontrer
Également augure à la fois concentré
Et vaporeux Tes mots sont souvent sibyllins

Et à double sens ce qui a pu rendre fou
Ceux qui n’étaient pas prêts Ta longue robe en lin
Sans le moindre pli est étendard et bijou

dimanche 19 janvier 2025

LES CHEMINS DE KATMANDOU


À René Barjavel

Quand tu as atteint le but que tu t’es fixé
Tout ton univers peut s’écrouler car déçu
Par ce que tu trouves qui est bien moins cossu
Idéal que ce à quoi tu avais pensé

Tu peux te retrouver très fort embarrassé
Katmandou ses temples de bois réel tissu
De venelles en sont l’illustration Conçue
Pour les vrais pèlerins elle a cristallisé

Nombre de fantasmes chez les Européens
Et les Occidentaux comme des bohémiens
Vivant attirés par le paradis des drogues

Se figurant que ce dernier est éternel
Et représente le sommet du plaisir Rogue
Est l’âge tendre qui croit en l’irrationnel

GUERRE ET PAIX


À Léon Tolstoï

I Guerre

Il n’y a rien de pire que les conflits
Armés entre nations et les frères de sang
Mais ils sont paraît-il nécessaires car sans
Eux l’ordre du monde se verrait apâli

C’est la volonté des dieux très fort impoli
Serait de la remettre en question grimaçant
De dégoût et de peur Regarde connaissant
Ainsi les injonctions jusques à l’hallali

Rends-en compte dans tes récits gardant les noms
Des combattants bien plus que le son des canons
Pour l’éternité le mérite se devant

D’être récompensé et d’entrer dans l’Histoire
Où il n’y a que deux choix la mort ou la gloire
Opte plutôt pour le second évidemment

II Paix

Nous ne glorifions pas assez les instants
De paix en nos cœurs et en dehors C’est plus tard
Quand les batailles se sont tues que ces nectars
Peuvent être appréciés en silence en chantant

Le jeu les vices les filles sont pour un temps
Tentants mais ils lassent vite les avatars
Que nous sommes Emplis-toi de joie à l’instar
Des petits enfants qui savent rester constants

Dans leur bonheur et leur insouciance et n’attends
Pas le lendemain pour les moments importants
Vivre et savourer sans penser aux tristes guerres

Qui un jour ou l’autre viendront sans aucun doute
Percuter ta mémoire et jeter sur les routes
Des peuples entiers comme ce fut naguère

jeudi 16 janvier 2025

LE GUIDE DES MORTS


D’un geste du bras fier et sûr il montre aux morts
La seule direction à suivre dans ce monde
Qu’ils ne connaissent pas pour traverser les ondes
En toute quiétude en oubliant les remords

Et les regrets d’une vie passée en accord
Avec les valeurs ou non Quelquefois il gronde
Devant l’ignorance des âmes vagabondes
Et leurs connaissances ne montrant pas le nord

Ce grand psychopompe est toutefois fort clément
Il te suffira d’une obole talisman
Allégorique pour demeurer bien au sec

Il t’invitera d’un signe de la main droite
À continuer la route que tu convoites
Sous de bons auspices sans endurer d’échecs

mardi 14 janvier 2025

JOSEPH STALINE


Le petit père des peuples d’un ancien
Métal qui de nos jours n’est plus utilisé
Était fait Son regard fier et irisé
Se posait sur le monde en pur tragédien

Guide d’une nation que les historiens
Notent brave il voulut l’État centraliser
Bannir l’impérialisme et les voies baliser
Ainsi que guérir les âmes en chirurgien

C’est un peu tout cela qui enfin le perdit
Lui qui croyait peu en l’enfer au paradis
Après avoir purgé le pays la terreur

Se répandit parmi les foules de Moscou
À la Sibérie mais pourtant nombre de cous
S’inclinèrent à sa mort tel un empereur

THERE WILL BE BLOOD


À Paul Thomas Anderson et Daniel Day-Lewis

Un vrai serment se doit toujours d’être tenu
Où l’on promet du sang il se doit de couler
Comme le pétrole de nos vœux appelé
Tu feras fortune certainement ténu

Farfouilleur cherchant sous terre tel un vers nu
Mais tu y perdras là ton âme morcelé
Par la cupidité Passé les barbelés
De ton premier crime vers le vieillard chenu

Tu marcheras sans loi ni scrupules putride
Réprouvé pleurant comme un enfant dans tes rides
Tu t’efforceras de te racheter curés

Prêcheurs et médecins adorant de tels cas
Mais un jour viendra la saison des tracas
Le temps des jugements sois-en bien assuré

SHINING


À Stanley Kubrick et Mike Flanagan

Il nous est donné à tous de pouvoir entendre
Les voix célestes ou celles de nos semblables
Où qu’ils se trouvent dans l’univers misérable
Cherchant à oublier leur vie assez peu tendre

Cette faculté de l’esprit en des méandres
Insoupçonnés peut nous mener inconsolables
Inadaptés voulant vivre d’inénarrables
Aventures en des endroits emplis de cendres

Mais que faire de ce cadeau empoisonné
Comment ne pas perdre pied et s’emprisonner
Dans les vapeurs tristes des bouteilles d’alcool

Échappatoire qui en a perdu plus d’un
Car les forces du mal aiment le vitriol
Piège somme toute coutumier et commun

lundi 13 janvier 2025

BTK


Ô Dennis Rader toi qui as terrorisé
Une ville pendant de fort nombreuses lunes
À quoi penses-tu dans ton cachot d’infortune
Quand tu vois ton reflet dans le miroir brisé

Songes-tu aux actes dématérialisés
Que tu as posés face aux bancs de ta tribune
À ces victimes de tes immenses lacunes
Qui t’ont porté très loin des sentiers balisés

Qui aurait cru qu’une famille si parfaite
Puisse enfanter l’un des futurs plus grands prophètes
De la perversion du crime et de l’horreur

C’est bien là le nœud du problème On s’interroge
Encore aujourd’hui D’où est venue ta fureur
Étais-tu d’un démon le jouet l’épitoge

dimanche 12 janvier 2025

LA VOIX QUI GRONDE


L’entends-tu la voix qui gronde au fond de l’espace
Et des bleus océans cette voix qui t’appelle
Depuis la nuit des temps Au cœur d’une chapelle
Ou d’un désert elle veut briser carapaces

Boucliers et carcans qui empêchent sa race
De régir l’univers car il est bien à elle
Ce monde qui danse et rit comme jouvencelle
Écervelée ventre gras putride et vorace

Oui les grands démiurges en ont vraiment assez
Des créatures qui oublient tout leur passé
Et ne respectent plus les lois qu’ils ont données

Si tu l’entends c’est que tu fais partie des justes
Des rares qui seront sauvés qui le fier buste
Pourront marcher au jour du courroux ordonné

POINT DE DOCTRINE


Christ est un état et non point une personne
Comme le pensent par erreur nombre de gens
Ils furent des milliers à fouler indigents
La poussière de nos sentiers en automne

Et en toute saison Jamais ils n’abandonnent
Les tâches et les buts qu’ils se sont fixés en
La volonté guider leur démarche laissant
Comme on l’a dit toujours aux furieux ils pardonnent

Ils sont parmi nous mais nous ne voulons jamais
Les voir et les croire en préférant les palais
Que d’autres ont construits visiter et chanter

Sans doute y en a-t-il un dans notre entourage
Désireux d’ôter de notre cœur toute rage
Nous n’avons plus qu’une chose à faire écouter

jeudi 9 janvier 2025

GREAT EXPECTATIONS


À Gillian Anderson

En bas de l’échelle sociale tu regardes
Avec envie ce dont tu ne connais rien
Des peintures valant des millions des vins
Plus chers qu’une maison des petites cocardes

Épinglées au revers d’une veste l’outarde
Ramenée par le chien de longues pâles mains
Qui ne turbinent pas comme les tiennes vain
Va-nu-pieds sans espoir au fond de ta mansarde

Tu veux leur ressembler Tu y arriveras
Mais en ton pauvre cœur pour toujours tu sauras
Que tu n’appartiens pas à leur différent monde

Ils le rappelleront à la moindre occasion
Car tu te trahiras d’une simple inflexion
De voix tressaillante comme l’orage gronde

mercredi 8 janvier 2025

LES LUSIADES


À Luís de Camões

Qu’elles sont froides les eaux du Mékong dragon
Titanesque l’Asie traversant follement
Tu y perdis presque tout ta compagne aimant
Les vers et le calme de vertu parangon

Naufrage ton bateau fit du fait d’un typhon
Il ne te restait que ton manuscrit brillant
Et comment tu vécus nul ne le sait vraiment
Quelques années plus tard retour à la maison

L’auguste Portugal L’errance et la misère
T’y attendaient toi qui étais si volontaire
Forgeant ta légende qui te fit immortel

Ô toi l’un des plus grands j’aime à te rendre hommage
De temps à autre car il est bon pour notre âge
De se souvenir des exploits sur les autels

LES DERNIERS INSTANTS


À Jean C. Baudet

Je me souviens de toi ô résigné Baudet
Qui pourtant fus joyeux durant ton existence
Souvent je le sais Je relis certaines stances
De ta composition comme un bon muscadet

L’on savoure au coin de l’âtre Tu regardais
Le monde à ta façon en chantant les sciences
En t’y attachant trop peut-être véhémence
De l’âme et de l’ego véritable ballet

Pour celui qui sait qu’il ne peut jamais savoir
Je pense avec transport à ce tien désespoir
Qui t’accompagna dans les derniers instants

Aux affres attendant ceux qui vivent longtemps
À ces philosophies qui n’apportent rien
D’autre que le néant aux épicuriens

PETIT PONEY


À Dieudonné M’Bala M’Bala

Petit poney toi qui gambades dans les prés
Sans vraiment te soucier du temps ou de la mort
Tu te rendras compte certainement tard fort
D’à quel point ils te l’ont profondément glissée

Leur quenelle Car oui ils se moquent taré
Bien de ta vie comptant à chaque jour tout l’or
Que leur rapporte ta sueur Que dire encore
De plus si tu n’as pas compris qu’ils t’ont floué

En beauté te faisant miroiter la retraite
Une jolie villa en bord de mer la fête
Permanente cela n’était qu’une carotte

Pour que tu avances dans le tracé chemin
Sans jamais en sortir Maintenant tu ergotes
T’imaginant que tu seras heureux demain

mardi 7 janvier 2025

JEAN-MARIE


À la liberté d’expression

Jean-Marie agita fort souvent les médias
Pour de menus détails Lascar cyclopéen
Sa force était grande En très brave Européen
Il a donné son vrai sang Traité en paria

Par la meute assoiffée fermement il osa
Garder ses positions tel un herculéen
Menhir Tout coup qu’on lui portait élyséen
Il l’encaissait sachant que bien plus fort cela

Le rendait Il riait dans les rues de France
Aux éclats quand on lui crachait le regard rance
Dans le dos La Nation honorera son nom

Car il s’est élevé comme quelques grands hommes
Sans l’aide de personne et sans nul décorum
Un fait quoi qu’on pense lui accordant raison


LE BONHEUR EST LÀ OÙ TU TE TROUVES


À Blaise Pascal

Ne cherche le bonheur jamais au loin de toi
Il est à tes côtés tout au fond de ta chambre
Et de ton potager Nul besoin d’or ou d’ambre
Si tu manges à ta faim si tu as un toit

Tu es bien plus riche que tout ce que tu crois
Ne crains rien que ce soient les pluies de novembre
Ou les touffeurs d’été ils sont comptés tes membres
Et tes jointures Oui tu les retrouveras

Partout en bon état dans ce monde ou un autre
Voilà le message de bien des apôtres
Il te faudra un peu supporter la souffrance

Ou beaucoup selon les circonstances mais tu
La surmonteras en dédiant ton existence
À la culture de la joie grande vertu

dimanche 5 janvier 2025

AJAX


Géant parmi tous les géants le grand Ajax
Combattait constamment depuis des jours et nuits
Sans que la fatigue ou le plus terrible ennui
Ne se fassent sentir frappant autour d’un axe

Mortellement puissant Son imposant thorax
Avait de quoi faire s’enfuir les ennemis
Les plus vaillants et plus courageux Ses amis
Même n’osaient pas le défier car au climax

De sa force il pouvait les briser d’un seul bras
Sa mort fut cruelle et digne d’un opéra
Le fils de Télamon en effet transperça

Son propre flanc avec l’épée du brave Hector
Après avoir tué nombre de moutons las
S’étant vu refuser d’Achille les fiers ors

LA GRANDE VISION


Je me souviens du jour où le ciel s’est ouvert
Rien que pour moi de ces grosses boules de feu
Qui tombaient dans la mer tels de très vaporeux
Météores Tous les végétaux les plus verts

S’embrasaient comme des brindilles fort vulgaires
La panique des gens auparavant heureux
S’emparait Ils couraient dans un sauve-qui-peut
Généralisé et décousu tristes hères

Fuyant les hommes noirs à la peau calcinée
Qui armés de fusils et de larges épées
Tentaient de les tuer scandant les noms des chefs

Les ayant envoyés Après tout s’effaça
Le monde redevint tel qu’il était un bref
Instant plus tôt Oui vrai après tout s’effaça

samedi 4 janvier 2025

LES BERCEAUX


À Sully Prudhomme et Gabriel Fauré

Mais où partent donc les majestueux vaisseaux
Vers quels horizons vont-ils en quittant le port
La houle qui les berce est-elle un réconfort
Pour celles et ceux qui vieillards ou jouvenceaux

Dorment nonchalamment en leurs flancs vermisseaux
Indécelables Ont-ils un bon passeport
Ou clandestins sont-ils fuyant prison ou fort
Qui peut le savoir ils ne laissent qu’un faisceau

D’ondes dans la mer pour preuve de leur passage
Disparaissant aussi prestement qu’un nuage
Par grand vent Ainsi va la vie faisant pleurer

Les pères les mères et les petits enfants
Qui pareillement se font bien avoir leurrer
Par l’éclat d’un soleil aveuglant triomphant

jeudi 2 janvier 2025

CE MONDE N’EST QU’UN PONT


Ce monde n’est qu’un pont n’y établis donc pas
Ta maison elle se doit d’être au plus près du
Père en son royaume où aucun fruit défendu
N’est admis ni vendu lors des frugaux repas

Médite bien cette sentence et tout cela
T’évitera beaucoup de problèmes tordus
Et les tristes pièges par les banquiers tendus
Depuis la nuit des temps Oublie les falbalas

Des esclaves de la morne télévision
Eux qui n’espèrent que transformer ta vision
Pour qu’identique à la leur elle devienne

N’obéis pas à ceux qui voudraient que leur haine
Soit également la tienne traverse-le
Donc plutôt la tête haute traverse-le

mercredi 1 janvier 2025

LE PONT DE CHINVAT


Traverser le pont de Chinvat il te faudra
Pour rejoindre l’autre monde et ses vertes plaines
Atteindre ce que l’on peut nommer de la pleine
Victoire sur la mort le royaume Des rois

Légendaires auraient abandonné leurs droits
Pour se retrouver de l’autre côté l’haleine
Courte bien au sec et sans plus aucune peine
Mais cela n’est pas si simple il est si étroit

Le passage qui mène à la Maison des Chants
Que même un cheveu de la tête des méchants
Ne pourrait y passer Le tranchant d’une épée

Attend de son côté les plus mauvaises âmes
Celles de ceux qui n’ont connu que le péché
Leur ôtant la vue et les jetant dans les flammes

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