dimanche 29 novembre 2009

Une vieille maison de bois



Une vieille maison de bois

Où dans l'âtre de marbre rose

Crépite un feu.

Quelques feuilles de papier

Traînent sur la table

En désordre.

La poussière

Colle aux murs

Et aux fenêtres.

La lumière du jour

Peine à y pénétrer.

Un oiseau

Sur une des branches

Du vieux pommier

Se pose.

Tout semble réuni

Pour une esquisse éternelle

D'un bonheur perdu

Depuis l'aube des temps.

Un jour,

L'enfant qui l'habite

Soulèvera le voile

Et les premières larmes

De l'homme qu'il sera devenu

Perleront au coin

De ses yeux.

Elles toucheront le sol

Et deviendront cristal.

La glace envahira son cœur

Et la haine

Troublera

Son esprit.


Ce texte a été publié dans le numéro 35 de la revue "Chemins de Traverse" en décembre 2009.

PRÉMICES

Ces textes ont été publiés par les éditions Memory Press dans un recueil illustré par des membres du  Club André Baillon, Liège (PRÉMICES - dépôt légal : D/2004/8078/3 - ISBN : 2-87473-072-9).



PRÉMICES


Première partie : La Mort apprivoisée


Esquisse

Nos âmes sépulcrales en des soies encloses
Nous font découvrir de bien exécrables choses
Naviguant sous le large océan de nos rêves.
Esquisse de Vérité, le Voile se lève...


Et l'or de leurs corps


Paul Gauguin, Et l'or de leurs corps, 1901


Et l'or de leurs corps
Conspuera la mort,
Ignorant la beauté
Enclose en l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Narguera la mort
Captive de la beauté
Esclave de l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Se rira de la mort,
Écartelant la beauté,
Se couvrant pour l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Comprendra la mort
Détruisant la beauté
Errant depuis l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Convaincra la mort
Elle-même de la beauté
Créée par l'Éternité.

D'autres termes se cachent en l'or de leurs corps,
Des mots qui persisteront jusqu'après la mort,
Telles les déesses antiques, chantant la beauté
De leurs amants en leur offrant l'Éternité.


La Main des Temps

Il marcha vers la mort,
Abandonnant ses trésors.
Seul, il avança ;
Tout, autour de lui, s'effaça ;

La dualité le quitta
Et il compris que tout cela n'existait pas.
Sa pureté rayonnait tel le diamant
Qu'est l'étoile pour le firmament.

Son chemin, alors blanchi de roses,
Se déclama vers et non plus prose.
Il fut, l'espace d'un instant,
La Main des Temps.


DES ROUTES ASTRALES

Il chevauchait de blancs et célestes chevaux,
Seul, insouciant des théodolites géants.
Il évitait le chemin menant au désastre,
Il connaissait la route divine des astres.

La Vie coule tel le sinueux ruisseau
Et ne conduit nullement au caveau béant.
Le Génie deviendra-t-il le télamon
D'une humanité ne sortant que du limon ?


FOI

Je sens comme l'ombre d'un regard
Incident (fruit du destin et du hasard)
Effleurer la blancheur de mon cou.
Il ne reste plus que nous,

Esprits d'un autre monde,
D'une Terre sans onde,
Réduits en un corps pulvérulent
S'enfuyant au gré du vent.

Nous, qui sommes l'expression de la Création,
Abandonnons l'âme au Torrent. Inspiration :
Le Soleil ne craignez point lorsqu'Il s'éteindra ;
Dans les Ténèbres, la Foi vos pas guidera !


Aurais-je bu du Soma ?

Aurais-je bu du Soma ?
L'inspiration, en tout cas,
Se puise au tréfonds du Moi...

Je me sens d'une Grandeur
Digne des Premières Heures,
Approchant du Créateur...

Je n'ai ma place ici-bas,
Elle se trouve Au-Delà
Même du Rêve et de la Foi...

Mes Yeux ne vous voient pas grands,
Sombres êtres méprisants,
Quand j'entre en l'Esprit béant...

Tout ce que je sais, je vois,
Doit certes venir de là,
Que j'aie bu du Soma...


Continuité

Le feu se nourrit du Feu,
Les Eaux traitent tous les maux.

La Violence ne se soigne que par elle-même,
Le délire qu'en en allant au bout.

Le Ciel retourne au Ciel,
Et la Terre à la Terre.

Le Paradis est Enfer,
L'Enfer Paradis.

Le Centre s'excentre
Quand le milieu est envieux.

La Fumée n'est que Poussière,
La Poussière que Matière.

Les Temps sont liés,
Les Liens étroits.


Deuxième partie : Songes et Prophéties


Le cheminement d'un homme

Un homme cheminait avec ses six enfants.
Le temps passa et, au pied d'un châtaignier,
Laissa son premier fils qui était indolent
Dans une mesure qu'aucun ne put nier.

Ensuite, ce fut au tour de ses quatre filles
D'être enlevées par quatre vils garnements
Qui surent par quelques phrases douces, gentilles,
Vite faire oublier leur portion génitrice.

Il clopina avec son dernier descendant,
Gardant, à sa simple vue, une inspiratrice
Foi, ainsi plusieurs années... Jusqu'au jour
Où Route les mena droit à un carrefour :

Là, les attendait le Sinistre Créancier,
Qui prit pour gage la vie de son garçon.
Il lui fut de plus en plus pénible d'aller
Vers le destin que lui réservait le Démon.

Quand il entendit les Appels, il se rendit
Dans une vieille chapelle abandonnée...
Il s'agenouilla et commença à prier :
Elles durèrent trois jours pleins, ses litanies.

Tout son être n'était plus qu'un déchirement.
La courte ascèse, dont il n'était coutumier,
Provoquait en lui les étranges sentiments
Communs ; après cela, les hallucinations

S'estompèrent, les Clefs de l'Invisibilité
Brisèrent et son Cœur, et son Âme, et sa Raison...
La pluie d'Or, elle, n'était pas irréelle
(Il y a plus en son Corps que le sensoriel) ;

Elle l'enveloppait d'une nuée dense.
Mais il ne voulut pas songer aux conséquences
Quand en le Royaume de la Mort il entra.
De soi-même, nul ne peut pénétrer là-bas !


OUT OF THIS WORLD

Je vis totalement en dehors de ce monde,
Où la conscience n'est plus du tout féconde ;
Plus on se rapproche de la Vérité, et
Plus on s'éloigne du reste, la Société...

Je ne serai pas de ceux à qui l'on fera
Dire que le niveau de bonheur est croissance
Inversement liée au taux de connaissance.
L'Universalité un jour triomphera...


Qui suis-je ?

Qui suis-je ? Un chercheur de bonheur ;
Que cherché-je ? La Vérité ;
Qu'est la Vérité ? Le bonheur ;
Qu'est le bonheur ? Félicité...

Qu'est Félicité ? La voie de la sagesse ;
Qu'est la sagesse ? Tendre à la béatitude ;
Qu'est béatitude ? Ce que sage caresse ;
Qui est sage ? C'est une question d'altitude...


CŒUR

"Credo quia absurdum est !",
Résonne le vent venant de l'Est.
Pourquoi cet homme qui ne fut qu'un triste hère
Me dit-il donc : "Je ne sais où aller, que faire ?"

"Votre vie n'est pas ici !",
Entonne le vent blanc du Midi.
Vous tous, qui vivez dans un pitoyable monde,
Incrustez en vos chants : "Dieu, la Terre est féconde !"

"Cela n'est pas vrai, je proteste !",
Frissonne le pâle vent d'Ouest.
Apprenez enfin : "Personne n'aide personne !",
C'est la réponse du Berger qui nous raisonne.

"Mais la Vie demande efforts !",
Nous assaisonne le vent du Nord.
Contente-toi d'aller où ton cœur te porte,
Joie et Espérance vers nirvana t'emportent !

"Vois donc cet esprit qui se nimbe !",
Fredonne l'austère vent des Limbes.
Ne sois point de ceux répandant des hypocrites
Le culte, tes actions, au Livre sont transcrites !


Licornes

Depuis la Nuit des Temps,
Nous errons, tristes amants,
Sur de mystérieux Chemins.
Serons-nous assez sages, demain,

Comme le furent jadis les licornes
Que les adultes aujourd'hui écornent ?
Ne soyons point de ceux qui ôteront la Vie,
La Rose, qui sommeille et fleurit en Paradis !

On ne peut, de l'Écrivain, les secrets
Percer : "Ce qui est écrit est."


L'Aile de la Plénitude

La source de bonheur est en Vous !
Filez vers elle, annulez vos rendez-vous !
Comme certains, ne vous arrêtez point de creuser
Parce que ce que vous voyez vous paraît insensé !

La source de bonheur est en Vous !
Plongez en elle, devenez enfin fous !
N'éprouvez donc nulle crainte de cet univers,
Puisqu'il n'était pas vôtre, ce paysage d'hiver !


Ce que l'ANGE me dit

Je ne suis qu'un Ange,
Je ne suis sur Terre
Que pour élever de la fange
Ton âme délétère vers l'Éther.


Le Marteau de THOR

J'ai vu la Pieuvre étendre ses huit bras fangeux
Sur un Monde qui ne méritait guère mieux.
Dans la grande Mer, j'ai vu les boules de Feu
S'abattre comme le foudre de Jupiter.
Je les ai vu fuir, les Démons de la Terre.


TALISMAN

Ô Vous, les Très-Grands,
Écartez de moi
Ces Yeux malveillants,
Souverains et Rois.

Que la collusion
Par la consomption
Au loin les entraîne
Des divines plaines.

Que s'ouvre sous eux
L'Enfer et ses feux ;
Que brûle leur âme
Pour n'être pas flamme.


Troisième partie : Les Inaccessibles


TEMPS

Qui est comme le ciel,
Qui est comme le miel
Qui entre tes doigts coule
Si ce n'est le temps qui s'écoule ?

Qui sont comme le gel,
Qui sont comme le fiel
Qui en ton corps s'écoule
Si ce ne sont les temps qui coulent ?


L'ESSENCE d'une vie

Les Rêves brisés d'un enfant
Par la seule volonté de ses parents...
Il s'agenouilla et recueillit,
Entre ses doigts usés et flétris

Par l'âge, l'essence d'une vie
Qu'il n'a pas vécue. Envie
De vengeance ? Il est trop tard
Pour toi, sinistre vieillard...

À lui seul incombe la faute...
Il le sait... Alors il saute...
Ton insondable stupidité
Est mère de ta méchanceté.


PHANTASME désespéré du ROMANTIQUE Solitaire

C'est de moi que vous rêvez
Lorsque vos yeux sont clos ;
C'est à moi que vous pensez
Quand votre cœur est au repos.


Parmi les larmes

Parmi les larmes des Cieux,
Parmi les larmes des Dieux,
Se trouvent deux Perles d'Or
Ouvrant les Portes du Royaume de la Mort.


Création de l'Éden

Le Soleil irisa de ses fades reflets
Le long fleuve et donna à la verte vallée
Gracieuse allure d'un jardin d'Éternité.


PASTORALE

Ensemble on fondit la bergère et le poète...
De leur union de bronze naquit Cupidon,
Lui qui fit battre tant de cœurs à l'unisson.


Rien que pour tes yeux

Si ce que tu fais est beau à tes yeux
Alors les cris monstrueux des envieux
Ne parviendront plus à tes oreilles,
Et s'éloignera le Superficiel.


PURGATOIRE

J'ai tant brûlé mes yeux pour abreuver ma rétine famélique que mon âme s'est purgée en sa totalité des lourdes icônes du passé.

Le saut de l'ange, c'est l'ENFER...

Ce texte a été lu à "La Fleur en Papier Doré" ("Het Goudblommeke in Papier"), Bruxelles, et publié sur les ondes le 26 septembre 2008.

Le saut de l'ange,
c'est l'ENFER...

Il est parti sans se retourner, jamais...
Et depuis,
C'est un autre monde qui lui tend les bras.

                           Écoute ce cœur qui bat
            Quand je te vois
            Tourner les pas
Ces mots que personne ne lira
Le temps et le vent
Les effaceront
                 Mais en ton cœur
            Pour l'Éternité
         Se graveront
Un voyageur sans ombre
Bravant et la pluie
Et la nuit
                          Ce carillon qui résonne
                                                Comme un cœur qu'on abandonne
                                Un sage qu'on emprisonne
Un rêve sans fin
Pour rester vivant
Fuir contre le temps
                   Une âme créatrice
                        Descendue des cieux
     Et des nues

jeudi 26 novembre 2009

VÉRITÉ

Ce texte a été publié dans le numéro 273 de la revue "Les élytres du hanneton" de juin 2006 (ISSN 0777401).


VÉRITÉ

Tout ce qui nous paraissait vrai
Du jour au lendemain
S'est effacé
Au plus profond de nos êtres
Quelque chose s'est brisé
Comme un vase de cristal

Tout ce qui nous paraissait vrai
N'est plus d'actualité
Un vers un poème
Un nouvel alphabet
Rien ne reconstruira
Notre cœur en éclats

Nombre total de pages vues