Les 100 sonnets des Anges


Publié aux éditions Spinelle





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INTRODUCTION

Les anges existent qui oserait encore
En douter Ils sont là dans chacun de nos pas
Qu'ils soient petits ou grands mais nous ne savons pas
À quoi ils ressemblent Ils soufflent dans leurs cors

Et nous imaginons que leur visage d'or
Danse derrière leurs ailes ces blancs appas
Dont nous pensons qu'ils sont dotés Mais le trépas
Voici déjà et il nous faut quitter le corps

Qui fut le nôtre Nous les rencontrons alors
Enfin et comprenons juste avant que de clore
Définitivement notre regard physique

Qu'ils ne sont que pure lumière et qu'ils explorent
Le monde afin de nous aider à l'indolore
Plénitude atteindre et que joue leur musique
ACHILLE

Il n'y a rien de plus beau qu'un homme qui marche
Vers la mort alors qu'il connaît sa destinée
Achille est bien de ceux-là et sa renommée
Est plus qu'éternelle comme les porteurs d'arches

Au milieu de la foule ils voient tous sa démarche
Et savent que les dieux ont pour eux préparé
Un spectacle que très peu ont pu admirer
Au cours des siècles Même les patriarches

N'ont pu assister à de si puissants miracles
Que ceux accomplis par celui qui les oracles
Narguant poursuivit dans la plaine les Troyens

Et réduisit aidé par Athéna Hector
Aux bras et au torse durs comme de l'airain
Au silence absolu sans accuser de torts
AGNI

Agni tu es le feu tu es le sang qui coule
Dans nos veines ainsi que dans celles des dieux
Nos offrandes c'est bien toi qui vers les cieux
Les mènes Les flammes qui dansent et qui roulent

De jour comme de nuit semblent comme des moules
Enserrer nos âmes pour nous rendre audacieux
Et respectueux Pour toi sont les mets précieux
Ainsi que les parfums délicats Je me saoule

Pour me rapprocher de toi du divin soma
Car je sais que cela ne pourra mon karma
Ternir Ô grand Agni sache combien j'aime

Te retrouver aux temps de détresse ou de joie
Quand les cadeaux des pieux tu dévores ces proies
Qui te sont consacrées par nos mains plutôt blêmes
 
L'ALARAF

Un mur fut érigé par Dieu pour séparer
Enfer et paradis Alaraf est son nom
Et de durs anges en assurent protection
Sans pitié pour ceux se trouvant désemparés

Du mauvais côté qui pour se désaltérer
N'ont aucun recours ni aucune solution
Il est indestructible et ses fondations
Sont si profondément et fermement ancrées

Que même une armée de géants l'ébranler
Ne saurait si haut que le ciel étoilé
Semble sur ses parois incrusté Tu peux bien

Être capable de changer la course des
Astres nul ne pourra briser lui seul le dais
Qui dans la détresse et les tourments le maintient
L'ALCHIMISTE

À Paulo Coelho

Le sage alchimiste dévoile ses secrets
Uniquement à ceux qu'il estime assez dignes
Comme jadis le dieu Dionysos la vigne
Offrait à ses aimés Il faut être concret

Et honnête pour qu'il nous donne le décret
Qui nous permettra de manière très insigne
De comprendre nos plus étranges rêves signes
Venus des cieux pour nous guider dans la forêt

Dense qu'est ce monde Si tu te compromets
Dans la recherche des plaisirs sensoriels mais
Que tu t'en repens et que tu es prêt encor

À reprendre le droit chemin tous les sommets
Un jour tu graviras N'oublie donc jamais
Qu'il est des choses qui ont plus de valeur qu'or
ALLÉLUIA

Un chant retentit en les âmes des croyants
Aux jours de soleil et illumine leurs jours
De pluie en effaçant ainsi et pour toujours
La morosité de leur cœur qui ondoyant

À présent sur un grand océan foudroyant
Ne peut plus être atteint par rien même au séjour
Le plus infernal qui soit colmatant l'ajour
Percé en ce vitrail par le démon broyant

Impitoyablement les vies une à une
Ce chant est bien celui de Daniel ou d'une
Certaine Fatima implorant le haut ciel

De l'épargner ou de lui donner descendance
Nombreuse et digne de son rang L'artificiel
Savoir le méprise tout comme l'ignorance
L'ANGE DE LA MORT

L'ange de la mort a terminé son travail
En refermant les yeux de celle qu'il suivait
Depuis si longtemps et c'est de son noir duvet
Qu'il l'a enveloppée avant qu'elle défaille

Et que son âme la quitte en un feu de paille
Pour une nouvelle vie commencer J'avais
Pourtant tant de choses à accomplir Où vais-
Je me rendre à présent que j'ai franchi la faille

Demande-t-elle en un souffle bien trop court
Pour être audible du reste des mortels Cours
Aussi vite que tu peux car le matériel

Monde n'est désormais plus le tien et va là
Où seuls celles et ceux qui ont vu l'arc-en-ciel
Peuvent aller Ainsi le rêve s'acheva
LES ANGES DE PIERRE

Les anges de pierre dansent dans les clairières
Tout comme au sommet des cathédrales Leur chant
Illumine et nourrit les peuples attachants
Qui cherchent vaillamment sur terre la lumière

Ce sont eux qui guident nos mains dans la tanière
Des démons nous donnant ainsi sur les méchants
La victoire comme ils se montrent sur-le-champ
Présents à nos côtés lorsque marche arrière

Nous envisageons de faire Fiers immobiles
Mais pourtant si vivants compagnons je jubile
Quand se craquelle votre armure granitique

Pour laisser s'échapper votre essence divine
Tout autour de notre monde et votre mythique
Puissance pour montrer aux pieux ce qu'ils devinent
LES ANGES VAGABONDS

À Jack Kerouac

Sur la route un cortège éblouissant avance
Sans avoir aucun but si ce n'est l'aventure
Et la perdition telle une étrange peinture
D'un artiste exalté En donnant la cadence

Un homme devance cette troupe trop dense
Pour être dispersée Aucun point de rupture
Ne semble l'habiter ni la moindre fracture
Ne pouvoir l'atteindre et chacun de ses pas danse

Est Son pouvoir est si grand qu'il pourrait les monts
Et tous les cieux faire s'effondrer en démon
Insensible qu'il n'est point Car c'est bien un sage

Qui dirige les pas de ces pauvres haillons
Désincarnés vers de plus justes paysages
Comme un fier général guidant un bataillon
L'APPEL DES ANGES

Un jour retentira pour toi l'appel des anges
Malheur à toi si tu fais la sourde oreille et
Que tu ne te rends pas à cet endroit fixé
Par eux et au moment décidé Tes louanges

Ferventes et passées ne te seront étrange
Mécréant sans vraie foi d'aucune utilité
Si jamais les hommes tu as méchant trompés
Par ta perfidie et d'or serti tes phalanges

Grâce à ta fourberie Les trompes sonneront
Et t'emmèneront vers les fleuves de citron
Et de miel ou de fiel et de soufre brûlant

Le jugement sera sans appel ni pitié
Si tu es reconnu coupable purulent
Cadavre tu seras bien pour l'éternité
ARTHUR

À Alexandre Astier

De tous les héros qui peuplèrent cette terre
Il en est vraiment un qui marqua les mémoires
Bien plus que les autres Ses exploits et sa gloire
Furent chantés par les plus éminents trouvères

Les anges forgèrent un jour son caractère
Afin que jamais ne l'abandonnent l'espoir
Et le courage dans une quête illusoire
Peut-être mais si noble et qui pour nous s'avère

Essentielle dans les moments les plus critiques
De notre existence Derrière le mythique
Graal se cache en effet une bonne raison

De vivre simplement face à nos hérétiques
Pensées et doutes tout en nos frénétiques
Pulsions emportant vers un très sombre horizon
 
L'AUTOMNE

Sont-ce les anges qui les feuilles automnales
Majestueusement font glisser dans le vent
Comme des plumes de chérubins Où avant
Étaient-elles Étaient-elles de si banales

Parures vertes pour les arbres assez pâles
Aujourd'hui dénudés et presque survivant
Du moins nous semble-t-il très difficilement
Comment ne pas songer à ce terrible râle

Inaudible pour nos oreilles au moment
Où elles s'envolent au loin du firmament
Qu'étaient jusques alors leurs fiers bras noueux

Imaginez-vous un instant que vos cheveux
Soient ainsi arrachés sans nul ménagement
En à peine quelques jours de bien mauvais temps
L'AUTRE MONDE

Il est un autre monde où la Terre n'est pas
Carrée où le ciel n'est pas vert où les nuages
Ne sont pas jaunes Cet autre monde sans âge
Est si étrange que le soleil n'y est pas

Froid et ne tourne pas autour de la Lune Ah
Quelle angoisse à chaque fois je ressens en nage
Quand je m'aventure en cet endroit où les sages
Eux-mêmes perdent tous leurs moyens Ainsi va

La vie ce qui nous paraît réel ne l'est
Pas toujours et ce que nous pensons être vrai
Peut d'un instant à un autre se révéler

Brouillard vaporeux et bien inconsistant C'est
À toi de décider ce qui ton intérêt
Mérite et de toujours être prêt à danser
 
BANG BANG

À Nancy Sinatra et Sheila

Ils dansent anges et enfants dans une ronde
Commune et bucolique Ils ne savent pas pour
Autant qu'elle devra par un funeste jour
Prendre fin et que la vie tout autour du monde

Les conduira bien au loin de leur furibonde
Innocence et leurs jeux où folie et amour
N'existent pas encor Le point de non-retour
Sera pourtant atteint par une moribonde

Soirée d'extase ou de débauche Ah qu'il est loin
Frère ami le temps où nous chantions sans besoin
Aucun de caresses et de tendresse intimes

Mais rassure-toi nous reviendrons vers ces plaines
Oubliées et enviées n'étant illégitimes
Que pour celles et ceux qui cultivent la haine
BINAEL

Il est un archange que l'on surnomme prince
Des Trônes C'est lui qui toutes les destinées
Régit Il peut juger les actes d'incarnées
Entités et donner accès à des provinces

Dont bien peu soupçonnent l'existence J'évince
Les ennemis de ceux dont l'âme est vraiment née
Pour accomplir grandes choses Une journée
En sa présence est donc plus riche qu'un bien mince

Siècle près d'engourdis prédicateurs avides
De reconnaissance et de richesses et vides
De toute honnêteté Sa grande intelligence

Parfois il transmet à des élus très heureux
Ce qui leur permet de transcender dans l'urgence
Leurs connaissances et d'être enfin vigoureux
 
CAMAEL

Camael courage et puissance donnera
À celles et ceux qui voudront bien l'invoquer
Son épée enflammée ne peut être arrêtée
Par aucune autre ni par de très puissants bras

Eussent-ils montagne ou océan tels des rats
Dispersé dans l'espace Il ne peut contesté
Être sans son courroux immense déclencher
Car il sait combien les humains sont scélérats

Sa bonté est pourtant grande rassurez-vous
Et qui le sert avec honnêteté dessous
Le dais de sainteté sera récompensé

À sa juste valeur et recevra honneur
Et gloire si tel est son désir insensé
Mais aucune chance pour tous les flagorneurs
LES CHAMPS D'OR

Les vastes étendues dorées qui nous attendent
Après avoir passé le fleuve redouté
Ne sont que douceur et bien tendre volupté
Un jour les appels pour autant qu'on les entende

Nous y mèneront sans tarder que l'on prétende
Y avoir droit ou non Point de précarité
Là-bas ni de froid ni même de vanités
Tout y est parfait pour que tu ton esprit tendes

Vers la divinité et les choses sacrées
L'on te vêtira de parures si nacrées
Que tu croiras porter le ciel sur les épaules

Ta voix sera pure et son timbre cristallin
À tel point que ton chant fera fondre les pôles
Viens donc nous rejoindre ô oracle sibyllin
LE CHEF D'ORCHESTRE

À Christian Arming

Voilà maintenant qu'il danse le chef d'orchestre
Alors que s'est tue la musique depuis tant
De temps Elle résonne en effet toujours dans
Son esprit où qu'il soit et les anges orchestrent

Véritablement sa vie comme Clytemnestre
Planifia ses sombres desseins tranquillement
Et méthodiquement sans que nul n'en ait vent
Ou comme d'étranges créatures sylvestres

S'amusent à faire se perdre un voyageur
Dans un brouillard épais Un rire ravageur
Peut alors retentir au plus profond des cieux

C'est celui de ce dieu qui parfois nous oppresse
Lorsque nous nous montrons un peu trop envieux
Ou orgueilleux mais qui à la fois nous caresse
LA CHUTE

Te souviens-tu du jour de l'effroyable chute
De ce ciel embrasé lorsque le dieu vengeur
Fit trembler les piliers et emplit de terreur
La terre entière en hurlant comme une brute

Et en y répandant de fumée des volutes
Impénétrables pour les grands immolateurs
Pourtant zélés Mais que dire de cette horreur
Qui te saisit à la vue de ce monde où flûtes

Et harpes sonnent faux dans un grand tintamarre
Sans queue ni tête ce terrible cauchemar
Dans lequel tu devras vivre jusqu'à la fin

Des temps Car l'enfer quoi qu'on en dise n'est point
Sous notre plancher mais bien sous le firmament
Qui nous sert de toit et nous trompe brillamment
LA CHUTE DE TROIE

C'est en poursuivant un ange qu'ils sont venus
Mourir sous les remparts de Troie les Achéens
Portés par l'espoir et les forts vents égéens
Les dieux ont insufflé un songe saugrenu

À l'habile Ulysse pour percer les murs nus
Et épais de la ville alors que le destin
Semblait les condamner au morne échec certain
De leur cheval de bois durant un soir ténu

Ils ont surgi enfin pour la plus mémorable
Des guerres remporter Dix années exécrables
Furent ainsi ôtées de leur fière mémoire

Et les chants de victoire à jamais retentirent
Dans tous les livres que la Terre contenir
Puisse Inclinons-nous face à tant d'illustre gloire
LES CIEUX

Il y a là-bas au plus profond des cieux
Un monde de paix et d'harmonie où tous les
Êtres peuvent enfin se reposer dans les
Bras aimants des anges loin des prétentieux

Et des orgueilleux qui gouvernent vaniteux
Cette terre morne et triste où les maigrelets
Et honnêtes gens n'ont que pour pleurer les yeux
Face à tant d'horreurs et de discours aigrelets

C'est donc là-bas et non ici que nous verrons
Le vrai visage de l'ultime création
Divine perfection où tout n'est que bonté

Sans niaiserie et justice inattaquable
Par les incrédules ou les pauvres coupables
Des plus cruelles et tristes atrocités
LA CONVERSION DE SAINT PAUL

Saul sur la route de Damas aperçut
Une grande lueur venant des cieux Le Christ
Lui révéla tout ce qu'il devait savoir triste
Brigand et mécréant qu'il était Il reçut

De ce dernier le plus grand des savoirs et sut
Qui disait vrai parmi les hommes rigoristes
Et soi-disant pieux de son monde où carriéristes
Et imposteurs régnaient passant inaperçus

Au sommet des cultes À partir de ce jour
Celui qui prit le nom de Paul avec amour
Tenta d'inonder les terres qu'il arpentait

De compassion et de sagesse Ses épîtres
Restent d'ailleurs dans les mémoires comme les
Enseignements donnés chapitre après chapitre
LE DÉMON TRISTE

Lui qui côtoyait les anges n'est maintenant
Plus qu'un pouilleux parmi les clochards et les tristes
Hères qui arpentent tels des équilibristes
Les trottoirs de tous les bourgs si aliénants

Que compte ce monde sans aucune âme et sans
Beaucoup plus de sens Que deviendra-t-il fumiste
Imposteur dût-il un jour comme un alpiniste
Parvenir au sommet en un assourdissant

Fracas médiatique Car ses ailes jamais
Il ne recouvrera et l'enfer désormais
Sera sien pour un temps éternellement long

Qu'il est dur pour qui a goûté au paradis
De retomber si bas les pieds lourds de plomb
La tête bien vide et l'esprit fort engourdi
DEUX SŒURS

À Luís de Camões

Comme il dut se sentir trompé Jacob le brave
Berger après avoir loyalement servi
Laban l'Araméen et que Léa il vit
Tout au fond de sa couche Alors le regard grave

Et un peu résigné il brisa les entraves
Qui l'écartaient loin de celle qui le ravit
Près du puits sacré et béni Rachel gravit
En effet ce jour-là l'échelle si concave

Qu'est le cœur de tout homme et devint son étoile
Finalement Jacob fut celui qui le voile
Virginal des deux sœurs perça Et de leur sein

Naquit une nation entière et très sainte
Même leurs servantes n'arrachèrent de plaintes
À leur bouche sachant de leur dieu les desseins
LES DJINNS

Ils sont parmi nous les djinns habillés de feu
Et de lumière Autour de nous ils dansent et
Tentent de nous aider ou nos corps habiter
Pour nous jouer de vils tours de leur pique-feu

Mais pour eux cela n'est pas simplement un jeu
Car ils doivent aussi les travers éviter
S'ils veulent atteindre la douce éternité
Que nous espérons tous de rejoindre L'enjeu

Est de taille donc et voilà certes pourquoi
Nous devons unir nos forces et d'un carquois
Commun lancer flèches et autres banderilles

La destinée des djinns et des êtres humains
Est naturellement liée Mêlons nos mains
Nos âmes et chantons le même puissant trille
L'ENCHANTEUR

À René Barjavel

Merlin ami de Dieu et véritable fils
Du Diable passe sans cesse d'un monde à l'autre
Vous le rencontrerez peut-être dans le nôtre
Un jour sans le savoir Maître des artifices

Et guérisseur des plus horribles maléfices
L'éminent enchanteur semble comme un apôtre
Veiller sur son très saint Viviane est l'épeautre
De son pain le soleil de sa vie la complice

Tendre et bienveillante qui partage ses rêves
Et ses dons Elle est pour lui cette accalmie brève
Dans le déferlement inflexible des temps

Cette oasis au cœur du désert qu'il nous faut
Préserver intacte pour notre âme d'enfant
Conserver et pouvoir distinguer vrai du faux
EN UNE SEULE HEURE

En une seule heure Babylone la Grande
Fut rayée de la carte et ses fondations
Arrachées du cœur de la Terre Attention
À toi si malgré tout tu verses des offrandes

À la mère du vice en pensant la truande
Apte à te protéger de l'abomination
Du feu sacré Comment aux terribles sanctions
Penses-tu échapper Sur ce que Dieu commande

Tu n'as aucune emprise et Il envoie ses anges
Accomplir ses désirs les plus profonds Étrange
Que les signes passés ne servent de leçon

À ceux qui aujourd'hui sont plongés dans la fange
De ce triste monde Tout cela ne dérange
Bien sûr pas les sages dans leurs douces chansons
L'ESSENCE

Aux moralisateurs

L'alcool est l'essence des âmes maladives
Il les entraîne dans d'insondables abîmes
Que même toute la force des kéroubim
Ne peut leur éviter Leur amour pour la dive

Bouteille est incurable Ainsi moult récidives
Viendront les surprendre aux moments où leur intime
Être se pensera quitte de cette ultime
Malédiction Certes peut-être de tardives

Repentances pourront-elles obvier à la
Damnation qui leur est promise mais la
Probabilité est faible tant ce fléau

A déjà décimé de peuples entiers
Sache que la moindre goutte à ce bénitier
Volée ne pourra que t'apporter de vils maux
L'ÉTÉ

Le soleil est haut dans le ciel qui est si bleu
Papillons et autres créatures volantes
S'y ébattent jusqu'au moment où d'amarante
Il se pare et que la nuit si douce et bien peu

Pénible reprend ses droits Il alors se peut
Que le sommeil ne vous gagne point dans les trente
Minutes et que vous soyez tenté d'attente
Négliger et de vous lever pour fabuleux

Danseur arpenter les chemins campagnards ou
Les rues de la ville bercés par du hibou
Les chants mélodieux ou inquiétants en fonction

De votre point de vue C'est en cette saison
Que les amoureux se délectent aussi à
Se retrouver sur la plage d'un air béat
FALLEN ANGELS

Ils sont tombés du ciel les anges déchus et
Déplumés par l'ire de leur hiérarchie
Ou par leur indolence et leur triste apathie
Mais ils ont trouvé sur terre réconfort et

Asile auprès d'êtres très vils et insensés
Qui avec le temps sont devenus des amis
Chers et précieux pour eux Toutes leurs envies
Sont à présent comblées à tel point que rentrer

D'où ils proviennent n'est plus envisagé même
Pour les plus sages d'entre eux Lorsque la septième
Trompe retentira des larmes très amères

Perleront pourtant de leurs beaux yeux opalins
Car ils repenseront alors à cette mère
Qui les appelle et les attend là-bas au loin
LE FAVORI

À Michel Lambert

Il court et court encor notre beau favori
Tel un ange déchu qui voudrait retrouver
Le paradis perdu Pourtant cet éprouvé
N'a qu'à s'en prendre à lui-même car le sari

Qu'il porte c'est bien lui qui par un soir fleuri
L'a tissé Les regrets toujours plus avivés
Par la misère et le froid sont comme lovés
En ta mémoire et tes pleurs richement nourris

Ne feront rien d'autre que gaver le long fleuve
De la mélancolie Et jamais ils ne peuvent
Être d'aucun secours pour un homme accompli

N'oublie jamais ami lecteur que les épreuves
Endurcissent qu'elles comme des fléaux pleuvent
Et qu'elles dessinent de ton linceul le pli
LE FLEUVE DE L'OUBLI

Dans les Enfers coule un fleuve apportant l'oubli
À celles et ceux qui en boivent les eaux froides
Et calmes Le Léthé sauve de la noyade
Les âmes immergées dans les tristes conflits

De la mémoire de leurs vies passées Son lit
Est ainsi jonché de leurs souvenirs si roides
Et si abjects que tout qui y penserait fade
Et mort se sentirait Adieu mélancolie

Douce et rêveuse après la coupe de nectar
Qu'il t'offre comme s'il n'était jamais trop tard
Pour avoir la chance de tout recommencer

Une nouvelle fois Mais là n'est point le but
De l'existence non bien sûr car ce dernier
Est des incarnations s'affranchir par la lutte
GABRIEL

De tous les archanges Gabriel est le plus
Connu et respecté C'est lui qui visita
Zacharie Marie et Mahomet annonça
Nombre de miracles qui à des rois déplut

Par ses tirades qui sombres monstres velus
Et sanguinaires leur terme leur édicta
De nombreux miséreux aussi il embrassa
De ses ailes et son verbe afin du talus

Boueux et fangeux les sortir Au Saint-Esprit
Certains l'associent tant ses mots semblent des cris
Ou murmures tombés du ciel Sa force est telle

Qu'il pourrait déplacer des montagnes d'un souffle
Ou bien renverser des continents Immortel
Gabriel jamais rien ne t'ébranle ou t'essouffle
 
GALAAD

Il n'est de plus grande pureté que les blonds
Cheveux de Galaad et que son regard bleu
Face à l'adversité et aux fins doigts calleux
Du démon l'empêchant de ses beaux yeux d'aiglon

Au fond du Graal plonger Dans un cercueil oblong
Il finit sa course mais comme un dieu heureux
Mena sa vie à bien après l'aventureux
Château avoir vaincu et même avec aplomb

Sur un pays qui nous est inconnu régné
Voilà cher lecteur le niveau de pureté
Qu'atteindre tu devras pour obtenir le droit

De savoir ce qui se trouve dans les entrailles
De ce vase qui si la légende on en croit
Ne se donne qu'après un aussi saint travail
 
LE GRAAL

Il est une coupe sacrée insaisissable
Qui repose quelque part sur cette planète
Dans un mystérieux endroit Seuls les honnêtes
Cœurs qui parviendront jusqu'à lui entre sables

Mers ciels et étoiles pourront l'indéfroissable
Voile qui le recouvre enlever et tout bêtes
Se rendre compte que cet objet qui hébète
Le monde depuis un temps indéfinissable

Était tout simplement présent au plus profond
D'eux-mêmes Mais bien sûr affronter les griffons
Et tous les diables de l'Univers nécessaire

Est pour en arriver à cette conclusion
Car sans aventures vraiment dignes du nom
Il n'est aucun mérite à vaincre l'adversaire
 
HANIEL

Haniel tout habillé de feu et d'émeraude
Déploiera ses ailes grises comme le vent
Pour t'apporter toute son inspiration quand
Tu en manqueras ou encor quand te taraudent

Un quelconque mal de cœur et de bien faraudes
Pensées sensuelles et vaines Mais avant
De l'invoquer n'oublie pas que seulement dans
La gloire de Dieu tu le pourras Si noiraude

Est ton âme alors tu n'as pas la moindre chance
D'attendrir sa rigueur et son intransigeance
Divines car ainsi sont les très hauts archanges

À la fois généreux et fort impitoyables
Envers celles et ceux créatures étranges
Qui espèrent tromper les grands irréprochables
HÉBÉ

Qu'elle fut belle ta danse Hébé près de la
Table des dieux toi qui courus de coupe en coupe
Pendant si longtemps pour les remplir et la troupe
Au mieux satisfaire Ton rôle si ingrat

En apparence te conféra pourtant la
Grande satisfaction de ne pas être croupe
Du monde et de pouvoir voir la grossière étoupe
Ne pas effleurer ta peau Ô fille d'Héra

Comme j'aurais aimé te serrer dans mes bras
Au jour funeste où tu loin des cieux t'égaras
La chute fut bien rude et personne vraiment

Ne sait ce que tu fis si loin de l'agora
Sacrée Peut-être as-tu dans le datura
Si tendre trouvé la paix des êtres déments
HÉLÈNE

S'il est un ange qui a causé des dégâts
C'est bien toi Hélène aux bras et cheveux soyeux
En suivant Alexandre et ses penchants joyeux
Votre fuite n'est point passée ô renégats

Inaperçue dans la maison du très grand roi
Ménélas blond comme le blé qui pousse heureux
Dans tous les champs de la terre sacrée des dieux
Ce siège meurtrier de dix ans seule toi

En est responsable par la triste inconstance
Des serments amoureux au sortir de l'enfance
Et bien plus encore par la beauté qui t'a

Été accordée au matin de ta naissance
Surnaturelle du moins pour qui n'est d'état
Divin et qui ne sait rien de leur influence
HESEDIEL

Il est celui qui nous offre la liberté
Et l'abondance dans la vie Hesediel
Apporte bienveillance à ceux qu'il de ses ailes
Entoure et compassion Sa grande honnêteté

A fait de lui prince des Dominations et
Sa miséricorde est tellement grande et belle
Que tous s'inclinent sur son passage rebelles
Comme sages ou pieux Pour cet ange invoquer

Tes chants vers lui devront se tourner et ta foi
Inébranlable se montrer car quelquefois
Des êtres immoraux espèrent abuser

De la bonté de la main qui retint dit-on
Celle d'Abraham un matin sans accusé
De crime être et avoir donné son rejeton
HEURTEBISE

À Jean Cocteau

Guide des âmes qui dans les limbes perdues
Se trouvent empêtrées tu œuvres telle une ombre
Se balançant aux pieds des vivants Des décombres 
De leurs vies passées tu tisses une tendue

Toile afin de construire un semblant d'étendue
Infinie pour qu'elles puissent de la pénombre
Enfin s'extirper Que tu es courageux sombre
Travailleur angélique et que ta détendue

Attitude face aux turpitudes humaines
Est digne de respect Toi qui sais combien vaine
Est notre existence tu as su au fil des

Siècles te montrer intraitable sans haine
Mais néanmoins juste Ô Heurtebise roi des
Défenseurs que ta tâche est plus qu'herculéenne
L'HIVER

Voilà qu'ils se mettent à tomber les flocons
De neige semblables à de vraies plumes d'anges
Pour recouvrir d'un blanc manteau parfois étrange
Et mystérieux les champs les forêts les balcons

Et même nos pensées C'est le temps des questions
Et de la crainte de la mort qui nous dérange
Tant quand on y songe et que loin sont les vendanges
Le soleil et la joie des enfants Mais qui sont

Les dieux qui s'amusent à nous gratifier
D'un dramatisme bien conçu et justifié
Très plaisant pour qui n'est point obligé d'y être

Plongé sans vêtements adaptés Quel spectacle
En effet pour nous et pour maîtres et grands prêtres
Qui peuvent nous conter les naturels miracles
LES HOURIS

Il est des anges qui attendent tous ceux qui
En braves guerriers auront sacrifié
Leur bien le plus précieux et qui se seront fiés
Aux saintes paroles venues des cieux exquis

Compagnons fidèles entre tous Mais à qui
D'autre leurs yeux noirs seraient-ils confiés
Certainement pas à ces êtres terrifiés
Qui se lèvent tous les matins le cœur conquis

Par leur avidité et par la suffisance
Qui leur a été dans leur totale inconscience
Insufflée par un monde où aucune grandeur

N'a voix au chapitre Quand donc se lèveront-
Ils pour retirer leur gain avec grand honneur
Ces fiers combattants et enfin faire front
L'IVRESSE

Qu'y a-t-il de plus beau qu'en l'ivresse plonger
Quelques frêles instants ou pour toute la vie
De voir ainsi comblées l'ensemble des envies
Qui peuvent assaillir un être qui rongé

Par l'amertume ou la tristesse et allongé
Devant la télé se sent de mélancolie
Gagné un peu trop Dès que sa soif assouvie
Sera il pourra au paradis se trouver

La dive bouteille est bien la solution
À tous les problèmes et sa prescription
Soulagerait plus de maux que toutes les drogues

Méfiez-vous car il est de fameux abrutis
Qui pourraient en ceci merveilleux démagogues
Croire un homme n'étant jamais trop averti
LES JARDINS DE L'ALHAMBRA

C'est bien dans les jardins de l'Alhambra que j'ai
Un jour trouvé la paix Peut-être ai-je vécu
Là-bas il y a si longtemps en invaincu
Conquérant ou peut-être en misérable geai

Tout simplement Ma peau était-elle de jais
Ou d'albâtre mes yeux étaient-ils convaincus
De la justesse des combats ou non déçus
Ou émerveillés de tout ce que je voyais

Je ne saurais vous le dire mais c'est certain
J'ai déjà passé en cet endroit des matins
Calmes et des soirées endiablées arrosées

De vin ou d'eau pure venue de la montagne
Oui je suis de ceux qui ont goûté la rosée
Et la fièvre de cette tendre compagne
JEAN LE BAPTISTE

Celui qui croira et qui sera baptisé
Sera un jour sauvé nous dit ainsi la voix
Qui crie dans le désert C'est pourtant bien sa foi
Qui le perdit quand la danse de Salomé

Prit fin devant les yeux à la fois médusés
Et ébahis d'un roi qui dut avec effroi
Tenir sa promesse quand l'échine de froid
Trembla en se rendant compte qu'il abusé

Fut Il nous annonça du Messie la venue
Proche lui qui était tellement attendu
Par tout le peuple juif et qui fut au final

Assassiné par ce dernier paradoxe
Ultime pour celles et ceux qui les annales
Ont lues Difficile de rester orthodoxe
 
JEANNE D'ARC

La petite Jeanne de France s'amusait
Dans la forêt proche du bourg de Domrémy
Quand lui apparut un ange qui lui remit
Une épée tranchante et scintillante Tu sais

Donc maintenant quel est ton destin et que c'est
Les armes à la main que tous nos ennemis
Tu repousseras Ta fin sera ô amie
Cruelle mais non pas inutile au creuset

De la Légende Un jour je guiderai tes pas
Et ta langue pour te mener vers le vrai roi
De ces terres Plus tard je saisirai tes mains

Afin de délivrer de la peur du trépas
Et de l'infamie la belle Orléans qui croit
Au doux soleil de la Loire Prie demain
 
JÉSUS DE NAZARETH

Il est né un beau soir au fond d'une étable à
Bethléem Depuis lors le fils de Marie et
De Joseph n'a cessé pour nous d'intercéder
Auprès du céleste père tout là-haut là

Où les véritables jugements sont pris La
Légende raconte qu'il fut crucifié
Et que trois jours après il put se retirer
Du tombeau dans lequel les illustres prélats

L'avaient laissé pour mort comme il l'avait pourtant
Annoncé à ses plus proches auparavant
Son enseignement est encore de nos jours

Parmi les plus sages et les plus répandus
Du monde des humains eux qui ont son séjour
Tout de même pour le moins infernal rendu
JOLENE

À Dolly Parton et Miley Cyrus

Jolene tu es bien pour moi la seule qui compte
Je suis conscient que je ne suis pour toi qu'un homme
Parmi les autres que tu seras économe
Toujours de sentiments nobles et que mon conte

De fées prendra vite fin Oh oui pour ma honte
Profonde la voix de celle qui était comme
Un fidèle ange à mon égard ad libitum
Résonne en mon esprit et entraîne la fonte

De ma raison Contre la vision de l'étang
Dans lequel elle s'est jetée je ne peux rien
C'est moi qui l'ai quittée en sachant bien pourtant

Que ce faisant elle perdait tout Dans l'autan
Désormais vogue son âme et moi comme un chien
Je hurle à la lune en pensant à ses vingt ans
JUDITH

Guidés par la main de l'ange tes doigts n'ont point
Tremblé ô Judith au moment de trancher la
Tête du vigoureux Holopherne que ta
Beauté légendaire séduisit Plein de vin

Le général ne put que se sentir soudain
Berné et fort crétin quand la lame de sa
Propre épée la vie lui tout simplement ôta
Ta ruse et ton joli visage aux yeux de daim

Ont sauvé ton peuple ô reine de la montagne
D'un envahisseur en colère et en campagne
Oui sans toi Judith l'un des plus puissants empires

Aurait pu dominer plus que la terre entière
C'est bien pour cela que des cieux un soupir
Glissa et rendit pour toujours ta face altière
KRISHNA

Krishna est le Seigneur universel Tout comme
Les représentations diverses qu'il peut prendre
Il est partout à nos côtés et peut comprendre
Les moindres pensées et les sentiments des hommes

C'est lui qui guidera en ce capharnaüm
Tes pas vers le sentier qu'il nous faut réapprendre
À fréquenter après s'être fait tant entendre
Qu'il n'existe pas Ô Krishna daigne l'album

De nos vies nous montrer afin que le passé
Et l'avenir ne soient pour nous plus insensés
Et que nous puissions ainsi tes grands desseins

Réaliser tout en sachant ce qui doit être
Après que les feux du ciel tristes assassins
Se seront abattus sur les plus méchants êtres
LE LAC

Il est un lac perdu au cœur de la forêt
Ses eaux sont si pures que l'on peut s'y mirer
Et le soleil couchant aime à ses mordorés
Reflets répandre sur ses ondes L'intérêt

Des oiseaux migrateurs pour ce lieu est très
Ancien et de ce fait aux portes du sacré
Des quatre coins du monde ils viennent admirer
La quiétude de cet endroit qui semble extrait

D'un songe vaporeux Au pied d'un séculaire
Chêne je m'endors à présent Le tutélaire
Ange gardien qui l'habite me rejoint

En mes rêves et me guide vers l'angulaire
Territoire de ceux qui un jour m'appelèrent
Ici J'ouvre les yeux Voici la fin de juin
LE LÉVIATHAN

Il fut vaincu par les anges le Léviathan
Qui dans sa gueule grande ouverte voulait nous
Engloutir et placer les mondes à genoux
Sans eux nous serions des esclaves sanglotant

À chaque claquement de fouet ou bien quand
Le réveil sonne pour nous sortir tels des gnous
De notre torpeur et du sommeil qui peut nous
Soulager parfois de l'amertume du temps

Ce monstre marin nous ôta tant d'êtres chers
Et détruisit tant de navires qui jonchèrent
Pour l'éternité les profondeurs abyssales

Que le soulagement fut grand au jour béni
De la victoire des légions colossales
Venues des plus hauts cieux de leurs armes munies
 
LIKE AN ANGEL

Quoi que tu fasses sois toujours comme cet ange
Qui marche dans la rue sans que nul ne le voie
Ni ne le remarque et qui n'élève la voix
Que pour annoncer ses sanctions les phalanges

Jointes et fortes sur la longue épée orange
De feu qui lui sert d'arme invincible Tu vois
À présent autour de toi qu'ils sont vraiment là
À chacun de tes pas et que c'est dans la fange

Que tu te vautreras si tu oses dévier
De la seule route que doivent tes pieds
Arpenter Oui toujours sois comme un ange fier

Et droit juste mais sans pitié pour les fourbes
Et les lâches qui se pensent de l'altière
Lutte dispensés ou qui ne valent la tourbe
MAHOMET

L'ange de feu parla au très saint Mahomet
Et lui révéla l'un des livres importants
Pour l'humanité Son existence pourtant
Fut loin d'être simple tant la haine jamais

Ne s'attaque plus qu'à ceux que rien ne soumet
Son esprit guidé par l'illustre main des temps
Dut abandonner les êtres qu'il aimait tant
La fièvre l'emporta en des lieux désormais

Sacrés pour des millions de fidèles croyants
Car oui il ne faut point être trop clairvoyant
Dans un monde aveugle et assoiffé de richesses

Matérielles Ô grand prophète indompté
Je te rends ici cet hommage de tristesse
Quelque peu empli en sachant tes volontés
LA MAISON DE PERDITION

Il y a au cœur de la ville une maison
Où les filles et les jeux deviennent les maîtres
De ceux qui s'y perdent par un soir des plus traîtres
Bien sûr au début tu penseras que raison

Garder tu pourras et qu'éviter l'oraison
Funèbre au jour de ta chute par le grand prêtre
Déclamée tu sauras Hélas pour toi paraître
Innocent ne sera pas suffisant Floraison

De témoins viendront alors te dénoncer
Sans que tu saches le moindre mot prononcer
Peut-être que si tu es honnête un doux ange

Clora tes yeux avant que brûle le bûcher
Auquel certainement tu seras condamné
Car nul ne fréquente sans en souffrir la fange
MALEK

Malek est un ange très redouté par les
Réprouvés de toutes espèces qui arpentent
Notre monde parfois si cruel et les pentes
De la colline du pauvre Sisyphe Les

Tourments dans lesquels il peut plonger qui aurait
Désobéi aux lois qui en font la charpente
Et qui ne permettent point aux âmes rampantes
De faux pas sont les plus terribles Ses filets

N'ont aucune faiblesse et ses lourds boulets sont
Si bien forgés que nul ne pourrait sans rançon
Payer s'en délester Le gardien des Enfers

Est impitoyable et inflexible Quand un
Jugement est rendu personne ne peut faire
Quoi que ce soit fût-ce pour un puissant tribun
MÉTATRON

Métatron prince de tous les anges du ciel
Soigne leurs pleurs et les nôtres Grâce à son cube
Une folle énergie à celui qui titube
Peut être transmise Elle effacera le fiel

De tous les chercheurs et de leur artificiel
Savoir affranchira leur esprit comme incube
Pourrait sucer le sang ou comme le jujube
Régénérerait un corps Vers l'essentiel

Tournons-nous enfin et accueillons la pluie d'or
Derrière laquelle il se cache tel condor
Dans le vent généreux Oui célébrons ensemble

Celui qui peut aider le plus une âme en peine
À se libérer de sa terrible géhenne
Devant sa face tous les démoniaques tremblent
MICHEL

Te voir terrasser le dragon fut bien pour moi
Michel la plus belle et forte des expériences
Ton fol combat contre le mal est résilience
Pour chacun d'entre nous Dura-t-il un bon mois

Une année complète ou trois siècles L'émoi
Qu'il provoque aujourd'hui encore est luxuriance
Pour les fabulistes qui peuvent des alliances
Saintes imaginer comme dans un tournoi

Dont un seul sortira vainqueur Oh oui Michel
Tu fus bien digne de gagner l'universelle
Reconnaissance et de nous montrer le chemin

De la lumière Mais n'oublions pas que nous
Devrons le revivre à tous les tristes matins
Qu'il nous sera donné de tomber à genoux
MOÏSE

De tous les prophètes Moïse est le grand roi
Car il fut le premier à recevoir de Dieu
Une véritable mission face aux odieux
Peuples qui voulurent sous l'ignoble charroi

Le placer Devant lui un immense détroit
S'ouvrit et lui permit après de fastidieux
Efforts de conduire vers un désert radieux
Celles et ceux de sa lignée qui les dix lois

Acceptèrent non sans avoir bravé patience
Et sérénité de leur guide à la science
Sainte et éclairée Il mourut comme il savait

Aux portes de l'éden C'est son frère Aaron
Qui fut par la suite chargé des plus mauvais
Pas la nation juive détourner sans affronts
LA MUSIQUE DES SPHÈRES

Il émane du plus profond de l'Univers
Une musique qui est difficilement
Perceptible mais qui est un des fondements
Du monde dans lequel nous vivons Tourne vers

Elle ton esprit il faut que tu persévères
En effet jour après jour dans tes sentiments
Pour elle afin qu'elle puisse copieusement
Faire vibrer chacun des éléments divers

Qui composent ton corps à l'unisson Ainsi
Tu pourras t'élever vers ce que paradis
On appelle ici La route sera longue et

Le trajet d'embûches semé mais c'est le seul
Chemin vers le salut Sache que la très veule
Populace voudra en vain t'en détourner
 
NAUSICAA

Nausicaa ange qui recueillit Ulysse
Sur les rives d'un saint fleuve de Phéacie
Ignorait-elle être un jouet de prophétie
Certes oui car les dieux ont souvent la malice

De tromper les mortels pour les faire complices
De leur volonté ou leurs caprices ce qui
Revient bien au même À cet enfant exquis
Athéna insuffla un songe plutôt lisse

Afin qu'elle ne se doute d'absolument
Rien et permette à ce grand héros véhément
De rejoindre un jour la terre qu'il aimait tant

Toi qui n'avais jamais auparavant connu
D'homme peu savent ce que du destin les vents
T'ont réservé Tout de toi nous est inconnu
NOSSIS

À Pasquale Amato et Thomas Mussenge

Ô Nossis toi qui es insaisissable comme
Le vent qui fait danser tes cheveux ton regard
Flou a transpercé ma mémoire comme un dard
Et fait ressurgir les senteurs de cardamome

De ta peau en mon cœur De cet opisthodome
Dans lequel nos bouches et nos corps revanchards
S'unirent nos hanches et nos seins fort blafards
Se souviennent avec délectation Nul homme

Jamais ne te charma toujours tu préféras
La compagnie des femmes Entre tes bras
Il en est beaucoup qui comme moi succombèrent

Mais il en est bien peu dont tu te souviendras
J'espère simplement être de celles-là
Et qu'un jour tu viendras seule briser mes fers
ORPHÉE

Orphée descendit un jour au cœur des enfers
Pour retrouver sa belle Eurydice dryade
Vaporeuse et douce Son talent ses tirades
Mélodieuses lui permirent de ses fers

La libérer comme chacun sait Mais l'affaire
Pour son plus grand malheur se termina en froide
Déconvenue pour le héros et les Ménades
Sans aucune pitié l'éploré démembrèrent

Quelque temps plus tard Ô comme jamais regard
Porté derrière soi ne devint plus hagard
Que le tien lorsque tu vis ta seule raison

D'être s'évaporer en un souffle blafard
Que cette histoire soit pour toi lecteur au nom
Qui m'est inconnu comme un présage criard
OUTREMEUSE

Il est une île au cœur de notre bonne Liège
Qui est un refuge de choix pour les artistes
Et pour les simples gens bien loin des égotistes
Savants et orateurs étant pris au vil piège

Des mondanités Du haut de leurs petits sièges
Ils ne comprennent pas que sous nos airs simplistes
Se cache la sagesse et que leur mépris triste
Ne peut nous toucher quand souvent ils nous assiègent

De leur morne science Oh oui Outremeuse aux
Humbles demeures tu craches de tes naseaux
Des flammes de candeur et de joie sur la ville

Tes flancs sont bercés si tendrement par les eaux
De la Meuse que l'on croirait que les oiseaux
En oublient eux-mêmes leur condition servile
DES POÈTES ET DES ANGES

Te souviens-tu ami du jour béni où pour
La première fois un ange parla au
Travers de tes doigts et de ta voix du sursaut
De ton âme en voyant sous un tout autre jour

La vie qui désormais serait tienne Autour
De toi un univers d'une cristalline eau
S'offre et se prosterne De ton regard là-haut
Une larme perle et glisse sans nul détour

Au plus profond de cette immensité aqueuse
Cette minuscule goutte salée et pieuse
Contre toute attente va se révéler être

Un vrai catalyseur pour ce grand océan
Semblant immuable et immobile Oh oui quand
Tu penses à cela se réjouit ton être
LES PORTES

À Jim Morrison

Certains jours paraissent des hommes à nos portes
Sans que l'on sache ni d'où ils peuvent venir
Ni ce qu'ils ont à nous dire C'est l'avenir
Qui nous en apprendra plus sur le casino

Étrange et grotesque qu'est la vie De nos
Rêves ne naissent que funestes souvenirs
Et de nos cauchemars que les fiers vents emportent
L'illusion de la peur et des feux infernaux

Qui sont-ils ces êtres que nous croyons humains
Et qui disparaissent lorsque le lendemain
Pointe à l'horizon Nous ne le saurons jamais

Sans doute si ce n'est par un très beau matin
Quand nous devrons quitter ce réel incertain
Et saisir en nos mains le très saint calumet
LE PRINTEMPS

Le soleil semble enfin percer les lourds nuages
Qui obscurcissaient notre horizon depuis des
Mois Les jours s'allongent et le très sombre dais
Du ciel devient de plus en plus bleu Comme un mage

Tant espéré il est accueilli L'équipage
D'Hélios s'élève de plus en plus haut sur les
Pâturages et les forêts où l'on n'allait
Plus guère durant les frimas où les alpages

Et arbres fruitiers se reposent en dormant
Comme de tout petits enfants Tous les amants
Se réveillent aussi un matin bien plus forts

Et heureux que les saints de nos calendriers
C'est au printemps que l'on se dit que les efforts
De l'année n'ont été ni vains ni oubliés
LES PROCÈS

À Franz Kafka

Où sont-ils les anges lors des humains procès
Lorsque plus personne ne sait ni le comment
Ni le pourquoi de sa présence Le moment
Où l'accusé se lève et que le fier succès

Est d'un côté ou de l'autre le triste abcès
Perce-t-il pour autant Les pleurs d'une maman
Ou ses éclats de joie la justice vraiment
Représentent-ils ou ne sont-ils qu'un essai

Un test en vue de la confrontation ultime
Le défilement des coupables et victimes
Devant quelques vieillards aux cheveux grisonnants

Est-il légitime face au courroux de Dieu
Pour celles et ceux qui ont le cœur envieux
Incirconcis et qui ont fait couler le sang
UN PROPHÈTE

À Tahar Rahim

Un matin un prophète arriva en prison
Il dut tout de suite se mettre au diapason
Dans cet univers neuf pour simplement survivre
Le reste de sa belle aventure fut ivre

De rebondissements Après avoir les livres
Découvert ce sont les doux anges et les guivres
Parfois humaines qui changèrent l'horizon
Qui était le sien Si pour lui la pendaison

Semblait promise et qu'il s'en est finalement
Bien sorti sache donc sage lecteur aimant
Que tout est possible à chaque instant et que les

Signes seront toujours là pour toi aux moments
Les plus importants Sois brave et point agnelet
Et toutes les forces se ligueront vraiment
 
LES PROPHÈTES

Ah qu'ils sont doux les mots scandés par les prophètes
Pour celles et ceux qui ont le cœur à la fois
Pur et vertueux Ils paraissent quand le froid
S'empare du monde et que rien n'est à la fête

Ce sont eux qui font se lever l'insatisfaite
Foule des justes et fléchir des plus grands rois
Les genoux Sans eux le peuple perdrait la foi
Et serait accablé des plus basses défaites

Ils sont parmi nous nous qui sommes pourtant sourds
À leur voix et qui ne comprendrons leur très lourd
Enseignement que quand il sera bien trop tard

Ouvre les yeux et les oreilles car ton tour
Viendra un jour aussi et tes plus beaux atours
Ne te seront d'aucun secours dans le long soir
LES PROPHÉTIES

Semblant descendues des cieux les prophéties
Se réaliseront toujours un jour ou l'autre
Qu'on le veuille ou non Pour annoncer d'un apôtre
La venue ou d'une comète qui des vies

Emporte la chute ces mots des décennies
Écrits auparavant nous ont l'air d'un tout autre
Monde venus avant que de devenir nôtres
Lorsque nous comprenons tout ce qu'ils signifient

Les prophéties sont donc bien souvent des énigmes
Qu'il nous faut lire comme un très long borborygme
À la fois étrange et vraiment amphigourique

Rares sont celles ou ceux qui peuvent savoir
Avant l'heure don plus sombre que magnifique
Ce qui va se passer ce que nous allons voir
RAPHAËL

Raphaël l'archange de la vraie guérison
Se placera dans tous tes pas pendant voyages
Et aventures sur la route si fort sage
Tu es et que tu es prêt à quitter maison

Famille et grand confort durant quelques saisons
Ou bien plus longtemps Quels seront les présages
Qui te permettront de savoir le très grand mage
À tes côtés Tu ne le sauras point raison

Garder toujours il faut avant que sa présence
Lui-même te révèle Avec toute sa science
Il te protégera te mettra à l'abri

Des brigands et impies qui voudront t'empêcher
D'atteindre l'objectif jadis fixé ami
Par la divinité pour laver tes péchés
RAZIEL

Raziel prince des chérubins et gardien
Des plus grands secrets de notre immense univers
Est aussi l'archange de l'amour non pervers
L'argent est sa couleur Face à lui comédiens

Et imposteurs nulle chance n'ont de le bien
Prétendre avoir fait si tel n'est point le cas Vers
Lui les prières de mystiques très divers
Se tournent dans l'espoir de leur quotidien

Transformer ou de vaincre un quelconque ennemi
Les mystères de Dieu en son nom endormis
Par sa volonté sont accessibles pour nous

Si nous pouvons un jour invoquer son saint nom
Avec déférence et respect en un genou
Posant contre terre pour chanter son renom
REQUIEM

Quand résonneront les fortes trompettes qui
Doivent annoncer à chacun d'entre nous l'heure
Et l'instant du trépas espérons au malheur
Ne pas être conviés Les plaines de l'exquis

Paradis ne sont en effet pas à tout qui
Le désire ouvertes Quand les doux anges leurs
Justes sentences nous indiqueront des pleurs
Et des chants se feront entendre Les marquis

Et les gueux seront mis sur pied d'égalité
Et nul ne peut vraiment savoir de quel côté
Il se retrouvera ni qui le portera

Sur les épaules pour son dernier voyage
L'angoisse de la mort n'est un mauvais présage
Que pour celui qui s'est avéré scélérat
LES RÊVES OBSCÈNES

Il arrive parfois qu'un ange déchu nous
Entraîne en des rêves parfaitement obscènes
Et nous nous laissons tout simplement en ces scènes
Emporter comme de simples petits voyous

Pour quelques caresses nous tombons à genoux
Devant lui hilare et victorieux Très saine
Est toutefois notre réaction face aux vaines
Tentations si nous savons bien qu'il veut nous

Tromper et nous mener vers la perdition
Et que capables nous sommes de l'attention
Malveillante qu'il nous porte nous détourner

Ces jeux nous sont alors permis et deviennent
D'excellents délices qui nous font retourner
Dans les jardins perdus et ce quoi qu'il advienne
 
LA ROSE

Il est au cœur du plus secret de mes jardins
Une fleur qui m'émeut particulièrement
Son parfum est si doux que mes désagréments
S'effacent dès que je m'approche sans dédain

D'elle Ses charmes ne me sont pas anodins
Je suis même prêt à lui faire les serments
Les plus solennels et à défendre ardemment
Son honneur si quelques aventureux gredins

Osaient lui manquer de respect Ah qu'elle tende
Ses lèvres et ses bras pour que son nom je scande
Sur l'autel éternel et sacré d'une feuille

Blanche Rose parmi les roses qu'elle attende
Amoureusement ma venue et que j'entende
Ses soupirs lascifs sont pour moi source d'orgueil
LE RÔTI DE SATAN

Il est des jours où un ange n'est plus présent
Pour guider nos pas et vraiment nous inspirer
Se lève alors un souffle ou un pauvre et léger
Frémissement qui nous sort très rapidement

De l'impasse qui nous accablait joliment
Malheureusement cette illusion de régner
Sur le monde n'est qu'un leurre bien agencé
Par plus d'un démon pour que désespérément

Nous perdions toute foi et que nous glissions
Imperceptiblement au loin de la mission
Qui nous avait été confiée par le divin

N'oublie donc jamais d'où vient l'inspiration
Authentique et ce que tu dois aux échevins
Des cieux Écarte-toi de l'abomination
LE SACRIFICE D'ABRAHAM

Abraham serviteur d'entre les serviteurs
Fut à prouver sa foi appelé par son dieu
Il emmena donc son fils Isaac dans l'odieux
Désert pour accomplir son devoir peu flatteur

Au moment de trancher gorge du géniteur
Futur d'une lignée sainte un ange radieux
Retint ses bras armés d'un couteau et du feu
Sacrificiel Ce fut un bélier salvateur

Qui remplaça l'enfant lors de cet holocauste
Qui scella pour toujours dans le sang des balaustes
Et de l'innocence une alliance immuable

Le noble Abraham en fut pleinement ravi
Et put finir ses jours dans une très aimable
Paix en voyant son sang et son rêve assouvis
LA SALAMANDRE

Au cinéma suisse

Elle court court et danse la salamandre dans
Les rues de la ville des fous et insensés
Les regards glissent sur son âme et ses pensées
Comme une goutte d'eau sur un miroir pendant

Une soirée d'été C'est par un cri strident
Qu'en sueur elle se réveille enfin prostrée
Dans sa camisole Ses rêves agencés
Se sont évanouis et de son dur trident

Un quelconque dieu des mers semble lui avoir
Fendu le crâne Lasse elle peut concevoir
L'enfer qui l'attend et qu'il lui faudra bien

Rentrer dans le moule pour simplement pouvoir
Survivre La vie n'est pas faite dérisoire
Enfant pour les gens qui refusent le venin
LES SANSONNETS

Ils dansent en dessous des nuages oiseaux
Frêles et fragiles Ensemble ils semblent si
Forts que même un dieu se verrait englouti
S'il osait les défier Ces maigres passereaux

Ont même le pouvoir de jeter un pont aux
Sages et aux devins et de montrer ainsi
Des hommes le destin tels des anges transis
Par la tâche et le froid Qu'on les nomme étourneaux

Ou sansonnets ce sont bien eux qui nous font
Lever les yeux vers le ciel ce profond plafond
Qui nous fait rêver à tant d'autres existences

Oui frères animaux aux ailes impudentes
Qui nous narguez ainsi dans notre inconscience
Recevez je vous prie ma passion ardente
LES SAULES

C'est en bord de Meuse que poussent les fiers saules
Qui abritent quand il le faut les âmes des
Voyageurs de lumière et de sang qui dans les
Plaines infernales un ange sur l'épaule

Tentent de se débattre et d'éviter les geôles
Infectes auxquelles certains essaient de les
Condamner Ces arbres sacrés sont comme des
Parents aimants pour ceux qui la triste mort frôlent

De vraiment trop près ou qui les interdits bravent
Et défient les puissants de ce monde en vrais braves
Qu'ils sont Oui sache que toujours un sûr asile

Tu y trouveras et qu'un saint repos ton âme
Y rencontrera loin du vacarme des villes
Qui la brûlent comme un ardent bûcher infâme
 
SÉRAPHINE LOUIS

À Yolande Moreau

Dans les peintures de Séraphine Louis
Dansent les anges Dans les rues de Senlis
Elle chantait sa joie et déjà les supplices
Qu'elle endurait car il faut de nombreux appuis

Pour satisfaire les messagers de la nuit
Comme un chevalier pénétrant dans la lice
D'un calme olympien et dénué de malice
Elle se saisissait de ses pinceaux Sans bruit

Dans sa mansarde elle laissait glisser son âme
Sur la pauvre toile et dans les plaines de flammes
Un beau jour le succès fut là qui la laissa

Peut-être plus seule que jamais face aux trames
De la fatalité et la raison infâme
La quitta Tout ce qu'elle avait elle donna
SEX WITH THE DEVIL

Un jour viendra où tu t'accoupleras avec
Une créature venue des temps anciens
Ce moment marquera d'un grand cycle la fin
Les églises celles du Christ et de l'évêque

Satan s'uniront à cet instant pour donner
Au monde son nouveau visage bien loin
De celui attendu par les très incertains
Faux prophètes fourbes gangrenant nouveau-nés

Et esprits faibles de leur étrange science
Ce jour-là tu devras garder ta conscience
Pure et intacte afin de ne pas sombrer dans

L'abîme sans fond qui attend les pauvres êtres
Perdus depuis longtemps avec entre les dents
Des phrases insensées qu'ils comprendront peut-être
 
SIDDHĀRTA GAUTAMA

Au fin fond d'un palais royal une conscience
S'éveilla un matin entre paix compassion
Et amour du prochain Sa vénération
Est aujourd'hui telle que toute sa science

Est loin d'être inconnue Plaçons notre confiance
En cet être comme en d'autres dont la mission
Fut similaire au cours des temps en des nations
Bien différentes et qui de bienveillance

Tenta d'inonder son cœur et tout son pays
N'oublions pas qu'il fut un guerrier accompli
Avant que de s'asseoir au pied de son arbre

Pour l'illumination y recevoir enfin
Lui permettant de se doter d'un corps de marbre
Et de rejoindre le nirvana à la fin
SIDJIL

Il est un ange qui prend note de tous tes
Actes et qui rendra compte au jour du final
Jugement Ses rouleaux sont sans appel pénal
Et aucune clémence espérer ne devrais

Nous ne sommes que deux à savoir qui dit vrai
Et qui s'est comporté en vulgaire animal
Tout au long de sa vie et pense au pire mal
Échapper en portant un costume propret

Malheureusement pour toi cela ne fonctionne
Que face aux magistrats qui la chair affectionnent
Dans le monde d'en bas Prier et pleurnicher

Ne sert maintenant plus à rien face aux gouvernes
Du Dieu tout-puissant Dans les sombres cavernes
Même là n'espère pas pouvoir te cacher
LE SOMA

Il est une boisson qui plaît si bien aux dieux
Qu'ils s'en enivrent sans retenue aux banquets
Qu'ils organisent Et un humain freluquet
Est parfois invité s'il n'est point odieux

À en ingurgiter quelques gouttes Adieu
Alors mortalité et souffrances Loquet
Des secrets de l'âme divin soma tu es
Oui tu es comme un vent glacé et furieux

Qui coule désormais en des veines nouvelles
Que rien ne semble pouvoir essouffler Telle
Une flèche perçant un cœur ou un fruit tu

Transformes tout ce que tu touches L'univers
Entier lui-même ne pourrait tes vertus
Concevoir ou chanter et encor moins ces vers
SONNET À APOLLON

Apollon c'est bien toi un jour qui du sonnet
Définis les règles en imposant tes rimes
À tous les poètes qui oseraient le crime
De vouloir t'égaler De frêles baronnets

Y perdirent raison et honneur en carnets
Tristement griffonnés Même moi je déprime
Lorsqu'il m'arrive de découvrir une infime
Partie de ton génie au hasard d'un verset

Bizarre pour certains tu peux à coup sûr l'être
Mais quoi que tu fasses il te suffit de paraître
Quelques secondes pour que se taisent les voix

Les plus incrédules car c'est toi Apollon
Qui présides à toute forme de création
Lyrique et qui à nos doigts établis la voie
LE SOUFFLE DU VENT

À Émile Kesteman

Il est parti dans un souffle de vent Émile
Rejoindre les anges et les étoiles qu'il
Savait si proches de nous égarés dans l'île
Qui nous sert de monde et de prison La musique

Des sphères l'attirait et l'inspirait basique
Constituant de tout poème Reste-t-il
Quelque trace aujourd'hui de tous ceux amnésiques
Qui errent à présent dans un métaphysique

Univers Souviens-toi avec honnêteté
Et dignité de ces gens qui t'ont apporté
Un peu de rêve dans l'existence et n'oublie

Point ce qu'à ce titre tu leur dois L'acuité
Des sentiments devra toujours être établie
Toutefois avec le plus d'équanimité
 
LE SPECTATEUR DU MONDE

Je suis le spectateur du monde et suis assis
Au bord de l'océan sur une vieille chaise
En osier tressé qui pour moi n'est point fichaise
Loin de là Mais voici le temps où s'obscurcit

Le ciel La tempête fait rage et épaissit
Le cœur des hommes que jamais rien n'apaise
Immobile et serein plus fort qu'une falaise
J'observe leurs tourments leurs joies et leurs soucis

D'un œil magnanime mais tout aussi sévère
Car je devrai rendre compte de leurs travers
Au Jour du Jugement dernier Oui je suis

Le spectateur du monde et au diable vauvert
Mes rapports peuvent vous mener Quand par-devers
Dieu vous comparaîtrez je serai là sans bruit
STABAT MATER

Comme ta douleur et tes larmes sont bien rudes
Ô mère de celui que l'on appela fils
De Dieu lorsqu'il dut accomplir son office
Sacré et vraiment saint Dans quelle solitude

Vas-tu te retrouver Comment ton attitude
Face au monde pourrait-elle après sacrifice
Si cruel être la même Quel artifice
Vas-tu trouver pour ta douce béatitude

Recouvrer dans cette maison désormais vide
Ou presque et affronter les regards si avides
Des êtres monstrueux qui se complaisent du

Malheur des autres Tu ne peux que l'ignorer
Mais tu sauras bientôt que le sentier ardu
Du Christ dans le tombeau ne s'est point achevé
STRANGERS IN PARADISE

À Sarah Brightman

Il est très dangereux pour de simples mortels
D'approcher des anges de trop près Leur visage
Est si brillant que tous les plus beaux paysages
Peuvent s'embraser en quelques instants Si tel

Un héros antique tu désires l'autel
Qui leur est consacré rejoindre n'envisage
Point pour autant gagner leurs faveurs Les présages
Qu'ils t'accorderont ne te rendront immortel

Ni omniscient et même si une main
Te saisissait tu ne pourrais jusqu'à demain
La suivre sans périr au jardin des merveilles

Ô nous qui ne sommes que des étrangers au
Paradis pouvons bien souffler dans des roseaux
Pour tromper notre angoisse et la placer en veille
STRANGERS IN THE NIGHT

À Frank Sinatra

Nous ne sommes que des étrangers dans la nuit
Tâtonnant dans la plus profonde obscurité
Et échangeant très peu avec l'humanité
Qui nous entoure et nous habite Car depuis

La chute nous sommes séparés de ce qui
Était notre moitié et notre identité
Véritable Je vous le dis en vérité
Nul aussi fort soit-il au paradis exquis

Ne peut prétendre tant qu'il n'est pas réuni
Avec elle Il n'est pas de plus grand jour béni
Au cours d'une vie que lorsque les murs s'effondrent

Autour du cœur eux qui l'enserraient comme un chat
Sans pitié étreint sa proie Oui notre rachat
Passe par là pour ne pas toujours nous morfondre
TOBIE ET RAPHAËL

I

L’œil et le fiel

Un jour où le soleil était haut dans le ciel
Un parfait inconnu s'approcha de Tobie
Sous le nom d'Azarias Ses somptueux habits
Et ses sages propos aux saveurs de miel

Firent à tous penser que le providentiel
Guide dont il avait besoin était bien lui
Durant leur périple il lui dit de par les ouïes
Saisir un poisson dont le cœur le foie le fiel

Seront très utiles C'est donc ainsi qu'il put
À son bon et pieux père rendre la vue
Tout au long du chemin le fidèle chien

De la maisonnée les suivit les poils crépus
Tout emplis des vapeurs et des parfums des rues
Parcourues aux côtés de l'ange pour témoins

II

Sara et Asmodée

Sa plus belle prise si l'on peut s'exprimer
Ainsi fut néanmoins la splendide Sara
Qu'il délivra de cet infâme scélérat
Qu'était Asmodée en brûlant l'inanimé

Gras foie du poisson dont la très âcre fumée
Le chassa du corps de la belle Comme un rat
Il fut alors saisi par les très puissants bras
De Raphaël et lié au désert enflammé

Quel éblouissement pour toute la famille
Quand ils le virent au bras de la jeune fille
De Raguel et Anne sans parler des richesses

Glanées tout au long du voyage La vie
Est bien faite quoi qu'on en dise et l'infamie
Est toujours punie tout comme la bassesse
TOUS DES ANGES

À Zazie

Tous perdus dans la grise immensité du monde
Notre essence est pourtant profondément divine
Même si elle nous semble souvent chagrine
Face aux tristes tourments et au fol vent qui gronde

Elles sont atrophiées nos ailes moribondes
Alors qu'elles devraient à notre cristalline
Âme permettre de voler de citadine
Contrée en agreste pays Il vagabonde

Ainsi celui qui a pour toujours pris conscience
D'être un ange Il devra de beaucoup de patience
S'armer afin d'aider et guider tous ceux qui

Encor ne le savent pas car telle est bien
Sa plus grande mission Mais ô Dieu combien
Sont-ils à arpenter nos trottoirs inconquis
UN ANGE FRAPPE À MA PORTE

À Natasha St-Pier

Il est sept heures du matin Un ange frappe
À ma porte pour me rappeler qu'il est temps
D'accomplir la mission que le Maître des Temps
M'a assignée pour la journée Comme une grappe

De raisins mûris au soleil vers les agapes
Royales je rêve d'être conduit Étant
Dubitatif je n'y prête attention titan
Argileux et visqueux L'instant d'après me happe

Et m'entraîne pour ma récompense en l'enfer
Quotidien des âmes damnées Marquée au fer
Rouge mon existence en devient impossible

Il en va ainsi pour tous ceux et toutes celles
Qui restent sourds aux voix du ciel Oh tu chancelles
À présent en prenant acte de l'invisible
LES VÉDAS

Dans les Védas il y a des mots qui nous parlent
Même si nous ne les avons onc entendus
Et encore moins lus Un homme prétendu
Tel ne peut l'ignorer et se doit dans le calme

Le plus absolu de les étudier Les palmes
Académiques ne seront bien entendu
D'aucun secours pour ceux qui se seront perdus
Dans l'illusion d'un savoir sans aucune âme

Sans les connaître et les appliquer Car ce sont
Les dieux eux-mêmes qui un jour à l'unisson
Se résolurent à donner ces sacrés textes

Aux peuples Grâce à eux la civilisation
Put naître et dans un très favorable contexte
Les esprits grandir en chacune des nations
LA VIE RÊVÉE DES ANGES

Nous rêvons tous d'une vie paisible et tranquille
Sous le soleil ou au coin de l'âtre quand les
Saisons s'agitent et nous rappellent que les
Dieux peuvent nous briser à tout moment dès qu'ils

Le veulent Des danses des chants une grande île
Déserte dédiée à l'amour plaisir qu'il est
Bien doux de savourer dans un calme complet
Mais au petit matin quand tout se dissipe il

Nous est difficile de reprendre ce qui
Est pourtant notre vie Comme un cadavre exquis
Nous devons alors nous fort faire violence

Pour ne pas simplement sombrer dans la démence
Sombre privilège des êtres qui n'ont plus
Que le droit de vivre dans un songe absolu
 
LA VOIX DES ANGES

Qu'ils sont beaux tes yeux ô sainte Cécile quand
Retentit la voix des anges qui est pour nous
Inaudible Ah je te vois tomber à genoux
Tes larmes coulant Un jour un peintre toscan

Ou danois tentera de ce très éloquent
Regard nous transmettre l'essence Je l'avoue
C'est un difficile défi Pourriez-vous
Donner une couleur à un son coruscant

Sans l'avoir entendu jamais Bien sûr que non
Mais certains ont pourtant réussi au renom
Suprême atteindre en te représentant transie

Par l'émotion et la grâce Ton expression
Est bien celle d'une sainte digne de Sion
Gagner Ô Cécile sache que je t'envie
LE VOL D'UN ANGE

Lorsqu'un ange passe le silence se fait
Sur la terre comme dans le ciel écarlate
Ne tremble pas si tu as chanté les sourates
Ou les psaumes et que ton cœur est si parfait

Qu'il pèse moins qu'une plume et que de bienfaits
Nombreux il est empli Mais si jamais éclate
Sa colère prie pour ton âme maladroite
Et pour que tu ne sois totalement défait

Par son implacable jugement sans appel
Et envoyé dans les supplices éternels
Que même les monstres ne peuvent qu'ignorer

Peut-être ne sont-ce que des légendes mais
Même les contes les plus fous et délurés
Reposent sur un fond de principes bien vrais

 

TABLE DES MATIÈRES


INTRODUCTION 3
ACHILLE 4
AGNI 5
L'ALARAF 6
L'ALCHIMISTE 7
ALLÉLUIA 8
L'ANGE DE LA MORT 9
LES ANGES DE PIERRE 10
LES ANGES VAGABONDS 11
L'APPEL DES ANGES 12
ARTHUR 13
L'AUTOMNE 14
L'AUTRE MONDE 15
BANG BANG 16
BINAEL 17
CAMAEL 18
LES CHAMPS D'OR 19
LE CHEF D'ORCHESTRE 20
LA CHUTE 21
LA CHUTE DE TROIE 22
LES CIEUX 23
LA CONVERSION DE SAINT PAUL 24
LE DÉMON TRISTE 25
DEUX SŒURS 26
LES DJINNS 27
L'ENCHANTEUR 28
EN UNE SEULE HEURE 29
L'ESSENCE 30
L'ÉTÉ 31
FALLEN ANGELS 32
LE FAVORI 33
LE FLEUVE DE L'OUBLI 34
GABRIEL 35
GALAAD 36
LE GRAAL 37
HANIEL 38
HÉBÉ 39
HÉLÈNE 40
HESEDIEL 41
HEURTEBISE 42
L'HIVER 43
LES HOURIS 44
L'IVRESSE 45
LES JARDINS DE L'ALHAMBRA 46
JEAN LE BAPTISTE 47
JEANNE D'ARC 48
JÉSUS DE NAZARETH 49
JOLENE 50
JUDITH 51
KRISHNA 52
LE LAC 53
LE LÉVIATHAN 54
LIKE AN ANGEL 55
MAHOMET 56
LA MAISON DE PERDITION 57
MALEK 58
MÉTATRON 59
MICHEL 60
MOÏSE 61
LA MUSIQUE DES SPHÈRES 62
NAUSICAA 63
NOSSIS 64
ORPHÉE 65
OUTREMEUSE 66
DES POÈTES ET DES ANGES 67
LES PORTES 68
LE PRINTEMPS 69
LES PROCÈS 70
UN PROPHÈTE 71
LES PROPHÈTES 72
LES PROPHÉTIES 73
RAPHAËL 74
RAZIEL 75
REQUIEM 76
LES RÊVES OBSCÈNES 77
LA ROSE 78
LE RÔTI DE SATAN 79
LE SACRIFICE D'ABRAHAM 80
LA SALAMANDRE 81
LES SANSONNETS 82
LES SAULES 83
SÉRAPHINE LOUIS 84
SEX WITH THE DEVIL 85
SIDDHĀRTA GAUTAMA 86
SIDJIL 87
LE SOMA 88
SONNET À APOLLON 89
LE SOUFFLE DU VENT 90
LE SPECTATEUR DU MONDE 91
STABAT MATER 92
STRANGERS IN PARADISE 93
STRANGERS IN THE NIGHT 94
TOBIE ET RAPHAËL 95
TOUS DES ANGES 97
UN ANGE FRAPPE À MA PORTE 98
LES VÉDAS 99
LA VIE RÊVÉE DES ANGES 100
LA VOIX DES ANGES 101
LE VOL D'UN ANGE 102
TABLE DES MATIÈRES 103

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