jeudi 31 décembre 2009

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans



"J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans"
Charles Baudelaire


Je me souviens de ma première nuit.
Je n'avais connu que le jour depuis le trou noir de ma naissance, quelques heures plus tôt.

J'étais terrorisé lorsque le soleil disparut : je pensais que j'allais être condamné à vivre dans cette obscurité profonde dans laquelle mes yeux ne distingueraient rien pour l'éternité.

Je pense avoir prié toute la nuit, bien que je n'eusse jamais entendu parler d'un quelconque dieu...

Au matin, un peu avant l'aube, j'ai entendu les oiseaux chanter, et je pense encore aujourd'hui que même le chant des anges n'égale pas leur talent.

Depuis lors, des milliers de jours et de nuits se sont écoulés, et je sais qu'il m'en reste des millions d'autres à vivre ; et pourtant, je reste persuadé qu'ils seront tous différents...


Ce texte a été publié dans le numéro 308 de la revue "Les élytres du hanneton"
(Merci à  Bernadette, Bernard, Claudy, Geoffroy, Géry et Jacques...)

À l'ombre d'un chemin

Texte écrit en 2001.

À l'ombre d'un chemin

Regarde-moi dans les yeux !
Verras-tu à quel point je suis vieux ?
Mon âme errante se traîne en ce monde
Depuis le jour où la pierre troubla l'onde

Et n'a jamais, ne fut-ce qu'un instant,
Trouvé de place dans l'espace-temps.
Face à vos pseudo-connaissances,
Tendant au mystère des morts et naissances,

Je ne peux que ressentir une noble indifférence
Teintée d'amertume, pour vous, ma race...
Vous, qui rejetez avec dédain vos antiques croyances
Et louez sans retenue la science, cette vaste farce

Qui, rappelons-le, n'est pourtant pas la mère du vice,
Oubliez que la quête d'absolu et de vérité
Caractérisera la vie future de vos fils...
Tâchez donc de vous décharger de votre essence, la Vanité !

SAPIENS ?

Texte écrit en 2001.

SAPIENS ?

Quelle est donc la destinée des Hommes ?
Peut-on relater leur route depuis la pomme ?
Antiquité, Moyen Âge,... qui s'en souviendra
Dans cent millions d'éternités ? Qui résistera

Aux Souffles inquisiteurs nés du Sud ?
La Science, la Religion ? Qui sera assez rude ?
Les Glaces hyperboréennes emprisonneront
À jamais ces souvenirs, tel le liseron.

La Philosophie, dogme moderne des athées,
Qui semble au cerveau humain entée,
N'est-elle point un détail, comme le reste ?
Pour l'Esprit de l'Humanité, lâchons du lest.

De grandes idéologies ? Quatre ou cinq,
Tout au plus, traversent les temps abjects,
Se narguant l'une l'autre. "Que la meilleure vainque !",
Hurlent en raillant les sots que cela délecte.

Sommes-nous vraiment plus intelligents,
Êtres supérieurs des animaux si différents ?
Sans ambages, nous répondrons négativement.
Ô Vaniteux, cache vite ceci à tes enfants !

L'OLYMPE PERDU

écrit en 2003, publié dans le numéro 310 de la revue "Les élytres du hanneton"

L'OLYMPE PERDU

Aphrodite aux seins lourds se baignait
Héphaïstos près de la forge martelait
Apollon à l'ombre d'un arbre reposait
Zeus aux mortelles nues songeait
Héra même les rêveries de son frère jalousait
Hermès après l'arc-en-ciel courait
Athéna un œil sur la ville sacrée conservait
Artémis avec la biche et le faon jouait
Éros de ses flèches les cœurs tourmentait
Arès de ses nombreux combats rêvait
Déméter sur les champs d'or veillait
Dionysos au cœur de la vigne sommeillait
Poséidon armé de son trident guettait
Hestia toute la maisonnée surveillait...

mercredi 30 décembre 2009

Il est des mots...

2003

Il est des mots...


Il est des mots qui brûlent
Bien plus que les flammes infernales

Il est des mots qui brûlent
Parce qu'on n'ose les prononcer

Il est des mots qui brûlent
Pour nous conduire à la liberté

Il est des mots qui brûlent
En noble sacrifice

Il est des mots qui brûlent
Au faîte des temples

Il est des mots qui brûlent
En l'âtre des chaumières

Il est des mots qui brûlent
Dans le cœur des reines et des rois

Il est des mots qui brûlent
Au plus profond d'une prison

Il est des mots qui brûlent
En la moire de tes yeux

Il est des mots qui brûlent
Derrière un portail

Il est des mots qui brûlent
Devant un sage en prière

Il est des mots qui brûlent
Sous un chien qui pleure

Et plus que tout,
Il est des mots qui brûlent
En nos poitrines d'airain...

La flèche qui perce mon cœur porte ton nom, LIBERTÉ !

(2006)
Un homme passera toute sa vie à la recherche de son enfance.

(2006)
La patience est la mère de la sagesse.

(1998)

ÉVANESCENCE


"Je est un autre"                                       
        Arthur Rimbaud                 

ÉVANESCENCE

Des rires et des chants
Résonnent en le lointain
Sur la colline
Un feu rougeoyant danse
En mon cœur c'est l'angoisse
Seul bien sûr que je suis seul
J'ai toujours vécu dans la solitude
C'est un fait
Mais cette solitude je l'ai choisie
Je n'ai besoin des autres
Que comme moteur
Je me nourris de leur vie
Je me nourris de leurs soucis
Puis je replonge en mon antre
L'antre de la création
Là seulement là
Je peux m'élever
Vers ce que l'on peut nommer
Le Divin
Oui je rêve des dieux
Je sens parfois leur présence
Et même leur regard
Eux qui pourtant nous méprisent
Sombres mortels que nous sommes
Ils m'invitent à leur banquet
Je prends place à leur table
Hébé (ou est-ce Ganymède ?)
Court de coupe en coupe
Et nous gave de nectar.
Le tonnerre gronde et me réveille...
La pluie et l'orage ont éteint le feu !

Ce texte a été publié dans le numéro 275 de la revue "Les élytres du hanneton" (2006)

DÉCRUE

Ce texte a été publié dans le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (2006).

DÉCRUE

C'est la mer qui trace une route
Pour nos cœurs en déroute.
C'est le ciel qui s'écarte
Pour que doucement notre âme parte.

C'est le sol qui se fissure
Pour que coule sans murmure
Le long fleuve de l'oubli.

C'est la Lune qui pâlit
Pour nous arracher nos illusions
Et nous montrer la voie de la raison.

RYTHME de CROISIÈRE

Ce texte a été publié dans le numéro 275 de la revue "Les élytres du hanneton" (octobre 2006) et le numéro 49 de la revue "Krautgarten".

RYTHME de CROISIÈRE

La musique des sphères
La musique que l'on espère
La musique qu'on sait sincère

                nous délivre
                nous fait vivre
                nous enivre

La musique transporte notre âme
Jusques aux confins de l'Univers
La musique seule guérit notre âme
Comme ce Dieu que l'on sert.

ET TOUT RECOMMENCE

Ce texte a été publié dans le numéro 273 de la revue "Les élytres du hanneton" de juin 2006 et le numéro 49 de la revue "Krautgarten".

ET TOUT RECOMMENCE

Quelques mots, quelques notes
Sur une feuille de papier
Et c'est la chanson qui commence

Quelques larmes, quelques pleurs
Se perdant en un battement de cœur
Et c'est la vie qui commence

Quelques flammes, un peu de poussière
Qui vole dans le ciel
Et c'est l'errance qui commence

Une phrase, deux ou trois mots
Et tout recommence
Et tout recommence...

Qui jugera sera jugé, qui se moquera sera moqué...

vendredi 25 décembre 2009

ALPHABET

Ce texte a été publié dans le numéro 274 de la revue "Les élytres du hanneton" (septembre 2006).

ALPHABET

Avec pour seule lumière la flamme d'une
Bougie, il s'aventura très loin dans les dunes.
Confronté pour la première fois à la Nuit,
Doucement, il sentait l'effroi monter en lui.
Étourdi depuis des heures par le ressac,
Frémissement des vagues, la mer qui attaque
Gaîment la terre comme pour défendre son
Honneur. Il avait froid, étranges sensations...
Il ne savait plus très bien ce qu'il faisait là.
Juvénile explorateur, il découvrira
Kamis protecteurs au pied de l'arbre assemblés.
- Louange à Vous, ô Gardiens de l'Éternité !
- Mais quel est donc ce mécréant venu troubler
Notre divine réunion ? Veux-tu parler ?
- Ô Maîtres, je ne suis qu'un misérable enfant.
Pardon. Je marche depuis hier soir. Où vais-je,
Que fais-je ? Votre simple vue est privilège
Rare pour un grossier cloporte comme moi.
- Sois fier ! Vers nous, nous avons guidé tes pas.
Tu nous serviras désormais dans l'Invisible.
Un jour, tu pourras entrer dans l'inaccessible
Vallée où vivent en totale liberté
Wapitis et Cerfs, où, sur le bois d'olivier,
Xylophages ne prospèrent guère. Pourquoi
Y aurait-il d'autres que ceux qui ont la foi,
Zélés, à obtenir un rôle au firmament ?

lundi 21 décembre 2009

dimanche 20 décembre 2009

STRUCTURE PYRAMIDALE À BASE ALEXANDRINE

Ce texte a été publié dans le numéro 111 de la revue "Imagine", en 2004.

STRUCTURE PYRAMIDALE
À BASE ALEXANDRINE


Un
Enfant,
C'est quelqu'un
Toujours     rêvant,
Toujours       espérant,
La       vie         traversant,
La  mort  ne connaissant point,
Les  yeux  tournés  vers le lointain,
Comme          ces        poètes      l'horizon
Défiant,      narguant     jusqu'à   la   raison.
Un enfant, c'est  comme une dernière chance,
Un  être   fait   de  chair,  de  sang  et  d'espérance.

mardi 15 décembre 2009

Tard dans la nuit



Tard dans la nuit


Hier soir, tard dans la nuit, je suis mort.

C'est une sensation étrange, l'impression de planer au-dessus de son corps, de visualiser la chambre dans ses moindres détails, mais d'un point de vue jamais exploré. Au niveau du cerveau, c'est comme une implosion, un grand clic, et puis on se retrouve à voler de-ci de-là...

Je peux rendre visite à qui je veux, aller chatouiller les pieds de mes voisins durant leur sommeil. Personne ne me voit, moi-même, je ne me vois pas, je veux dire que je ne me vois plus comme avant, un être fait de chair et de sang. Je me déplace à la vitesse de la pensée, j'explore le monde, puis la Lune, puis l'Univers.

Un souffle me rappelle, m'aspire, et me voici dans cette église, le jour de mon enterrement. Tous sont là, les larmes aux yeux, pour me rendre un dernier hommage ; je voudrais leur crier ma présence, en oubliant presque que mes cordes vocales reposent désormais entre ces quatre planches de bois brun. Une nouvelle aspiration, et me voilà dans un grand tunnel plein de lumière, ce fameux tunnel dont ils parlent tous. Pourtant, cette lumière me paraît fade... Je tourne la tête, à gauche, à droite, et, sur les murs de cette galerie, les images de ma vie semblent incrustées, fugitives, filant comme un paysage aux fenêtres d'un train ; je crois que c'est le défilement de ces images qui crée la lueur, et c'est peut-être pour ça qu'elle me paraît si fade... Quoi qu'il en soit, le voyage me donne l'impression d'être long, mais probablement n'est-ce qu'une illusion. Enfin, tout s'arrête, et je me retrouve flottant au cœur d'une immensité brumeuse. Serait-ce cela, le Paradis ? Une porte surgit devant moi, une voix caverneuse me parle dans une langue que je ne connais pas. "Êtes-vous Dieu ?", hasardé-je timidement. Un court silence suivit d'un grand éclat de rire. Je m'avance vers la porte : les deux battants s'ouvrent. Je la franchis, et tous mes souvenirs s'effacent, et tout autour de moi devient noir.

Hier soir, tard dans la nuit, je suis mort.






Ce texte a été publié dans le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (ISSN 1374-7762) de novembre 2006

On fera beaucoup plus avec peu qu'avec trop.

(2006)
  
La poésie ne s'écrit pas, elle se vit...
  

samedi 5 décembre 2009


Tout n'est qu'illusion ; c'est la croyance en l'illusion qui détermine ce que l'on nomme réalité.

(2003)

La poésie est la science ultime : elle seule est capable de fédérer toutes les couches du savoir.

(2007)

QUINTESSENCE

Ce texte a été publié dans le numéro 274 de la revue "Les élytres du hanneton" (ISSN 0777401) de septembre 2006 et le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (ISSN 1374-7762) de novembre 2006.

QUINTESSENCE

Une nouvelle page s'ouvre sur un nouvel univers. Tous les écrits précédents sont en ces lignes condensés. Nous espérons que le lecteur pourra suivre quelque temps les pérégrinations de notre pensée dont l'unique objectif est la recherche de plus en plus approfondie de la connaissance, tendant à la découverte hypothétique d'une certaine sorte de vérité ultime. Comme tous les artistes véritables, nous avons commencé notre œuvre (et notre quête) au départ d'une question qui pour certains a pu, peut ou pourra devenir une obsession destructrice menant droit à la folie. Nous-mêmes avons fait l'expérience d'une certaine sorte de folie et pouvons affirmer avec une indéniable fierté que notre intelligence est bien plus puissante que cette forme d'illusion qui oppressa, oppresse et oppressera (malheureusement) bon nombre d'êtres parmi les plus ingénieux. Nous gardons également en mémoire que nous pouvons sombrer à tout moment, quel que soit notre niveau d'attention, en ce que nous qualifierons de géhenne de l'esprit. Cette question, pour ne pas nous perdre en digressions, la voici pour vous révélée : "À quoi on sert ?", quatre mots qui ont l'air bien insignifiants et qui pourtant recèlent en eux tous les mystères de la Vie. À vous bien sûr de décider quelle place vous leur accorderez et si vous vous aventurerez sur ce chemin que nous appellerons tout simplement le chemin de la connaissance.

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