lundi 29 novembre 2010


Il est des passions dévorantes qui naissent au cœur des nuits glacées
et qui font fondre l'amas poudreux de nos trop longues solitudes

Cornélius Farouk mène l'enquête



Cornélius Farouk découvrit le corps inanimé de Lorretta Smith gisant au milieu du salon style Louis XV, avec un chandelier maculé de sang à ses côtés...

Le cendrier d'ivoire posé sur une petite table en chêne était rempli de mégots de quatre marques de cigarettes. Deux tasses à moitié vides lui tenaient compagnie. Une troisième, à moitié pleine, était posée sur le rebord de la fenêtre qui donnait sur une petite cour tout ornée de géraniums et de lys d'un rose sanguin...
Dans le grand parc du domaine familial, les branches des pêchers et des cerisiers ployaient sous le faix des fruits murs et du lourd soleil de la fin de cette après-midi de fin d'été indien.

Cornélius Farouk, comme à son habitude, se torturait l'esprit pour comprendre... Aucun détail ne lui échappait jamais, c'est d'ailleurs pour cela qu'on faisait appel à lui quand tous étaient prêts à jeter l'éponge.

Pour une fois, il était un des premiers sur les lieux du crime, un peu par hasard, puisqu'il promenait son chien, un grand boudin blanc aux raisins nommé Hortense, non loin de là... Il avait reconnu John John, un jeune inspecteur plein d'avenir et quelque peu prétentieux, qui fumait un cigare cubain de contrebande fabriqué à Munich, devant la grille de la riche propriété...
Le lacet gauche de la chaussure de daim beige de Lorretta Smith n'était pas noué... La montre qu'elle portait au poignet droit indiquait 14h34. Il regarda la sienne : 14h36. Est-ce la mienne qui avance, ou la sienne qui retarde, se demanda-t-il ?

Lorretta Smith était l'héritière de la famille Smith, qui fit fortune grâce au génie d'Archibald Smith, qui fut le premier, en 1847, à avoir l'idée de mettre les cornichons en bocaux et les sardines en boîtes.

La première personne que Cornélius Farouk interrogea fut Nestor, le jardinier. C'était un homme grand, aux tempes grisonnantes. Il travaillait pour la famille Smith depuis qu'il était sorti de prison, en 1998... Une sombre histoire de trafic d'organes, au Chili... Il s'était assagi, et la justice n'avait plus rien eu à lui reprocher depuis lors, bien qu'il ne puisse s'empêcher de saliver excessivement lorsqu'on lui présentait, à la boucherie des faubourgs de la ville où il vivait, les abats de poulet qu'il avalait tous les soirs. Le passé était bien là, et Nestor était nerveux... Quelques gouttes de sueur commençaient même à perler sur son front.
- Quelle heure avez-vous ?
- 15h47, répondit-il un peu surpris.
- Étrange... J'ai 15h44... La montre de la victime retarde de deux minutes par rapport à la mienne, tandis que la vôtre avance de trois... Je dois téléphoner... Vous permettez ?
- Euh... Bien sûr...
Il saisit le combiné, tapote sur le cadran de ses doigts maigres...
- ... et cinquante secondes... au troisième top, il sera 15h46...
- J'avais raison, une fois de plus, s'exclama-t-il.
Nestor pâlit, son cœur cognait de plus en plus fort dans sa poitrine... Il était au bord de l'évanouissement... Non, non, il ne voulait pas retourner en prison...
- Voyez-vous, mon cher Nestor (c'est bien votre prénom, n'est-ce pas ?), c'est bien ma montre qui indique la bonne heure. Je vérifie tous les dimanches, et nous sommes jeudi... Il est toujours possible que la pile soit usée ou que le mécanisme soit un  peu dérangé... Lorsque cela arrive, je cours tout de suite chez Fu Harj, l'horloger chinois du petit village tout près de chez moi... Un expert ! Il voit tout de suite ce qui ne va pas... Un expert, je vous dis...
Savez-vous, enchaîna-t-il de but en blanc, avec qui Mme Smith a-t-elle mangé ce matin ?
- Euh, non, je n'ai vu personne... Vous savez, je n'ai aucun contact avec les gens qui visitent Madame... Vous devriez plutôt interroger Maria, c'est elle qui s'occupait du service ce midi, je le sais parce que quand elle travaille, elle aime bien faire un grand tour dans le parc avant de commencer... Alors, des fois, je me cache derrière un des arbres, et je l'observe recueillir entre ses doigts la rosée du matin qui dort au calice d'une pensée vagabonde pour la porter à ses lèvres... Ah, qu'est-ce qu'elle est belle Maria... Enfin, bref, euh, excusez-moi, elle doit savoir avec qui Madame a déjeuné...


Maria, une jeune fille au pair vénézuelienne de 23 ans, qui était là surtout pour perfectionner son anglais, et qui rêvait d'être un jour camériste de la Reine d'Espagne...
- Alors, Maria, qui Mme Smith recevait-elle ce matin ?
- Comme tous les jeudis, il y avait ses deux amies, Domenica Corleone et Pamela Aarthrow. C'est une tradition entre elles, paraît-il, depuis qu'elles ont quitté le lycée. Ce devait être il y a bien longtemps, hi hi hi !
- Elles étaient donc trois, c'est bien ça ?
- Oui, trois, Madame et ses deux amies...
- Trois... Vous êtes bien sûre ?
- Oui, oui, trois... Un, dos, tres, vous comprenez ?
- Oui, oui, trois... Très intéressant. Et qu'ont-elles bu ?
- Je leur ai servi du café, des biscuits et de la marmelade d'orange.
- Ont-elles toutes bu du café ?
- Non, Mrs Pamela m'a demandé un verre d'eau. Elle avait des aigreurs d'estomac, m'a-t-elle dit.
- Et cette Pamela a donc bu son eau dans un verre, et non pas dans une tasse ?
- Oui, Monsieur, dans les bonnes familles, on sert l'eau dans un verre, et pas dans une tasse !
- Bien, bien... Trois personnes, deux tasses et un verre... Et quand vous faites le café, jetez-vous le marc dans l'évier ?
- Pourquoi cette question ?
- Répondez, Madame. Jetez-vous ou non le marc de café dans l'évier après avoir fait le café ?
- Vous êtes drôle, vous...
- Répondez, Maria !
- Non, non, calmez-vous... Tout le monde sait que si on jette du marc de café dans un évier, cela risque de le boucher. Vous êtes vraiment de la police, vous ? Je commence à avoir peur !
- Ce n'est rien ; une vieille histoire que je n'arrive pas à oublier...
- Si vous le dites...
- Reprenons. À quelle heure ces dames sont-elles arrivées ? Et reparties ?
- Elles sont arrivées toutes les deux vers 9h15 et sont reparties vers 10h30, comme à leur habitude.
- Et que font-elles, habituellement, durant cette heure ?
- Impossible à savoir, Monsieur, il paraît que c'est un rituel secret, c'est tout ce que j'ai pu savoir. Madame ferme toujours la porte à clef dès que je sors. Et les rideaux... Et les volets du salon aussi... Peut-être un rituel vaudou ! J'ai déjà vu ça dans des séries à la télé...
- [sans broncher] Qui a découvert le corps ?
- C'est moi. J'ai tout de suite appelé la police. Quel choc ! Ce sang... Sur un si joli tapis...
- Quelle heure était-il ?
- 12h30, plus ou moins...
- Êtes-vous sûre que ces dames ont quitté la maison à 10h30 ?
- Oui, je les ai vues repartir bras dessus, bras dessous pendant que je nettoyais les vitres du deuxième.
- Connaissez-vous des personnes qui auraient pu en vouloir à Mme Smith ?
- Non, pas vraiment... Puis, vous savez, moi, je ne suis ici que depuis quelques mois...
- Et parmi le personnel ? Comment était-elle avec vous ?
- Assez distante... Elle aimait bien montrer que nous n'étions pas du même monde... Mais je ne l'ai jamais entendue mépriser les personnes qui travaillaient pour elle... Pas du genre à piquer une crise pour une petite cuiller mal lavée ou une lampe pas éteinte dans la salle de bain, vous voyez...
- Oui, oui... Et Nestor ?
- Oh, Nestor, le jardinier ? Un gentil monsieur qui ne ferait pas de mal à un mouche. Entre nous, je crois qu'il est un peu simplet, si vous voyez ce que je veux dire... Dès fois que je me promène dans le parc au petit matin, je sens son regard dans mon dos. Alors, hi hi, je m'arrête... Et alors là, lui, il se cache derrière un arbre... Alors, moi, je fais toujours la même chose : je cueille une petite fleur qui traîne par là, je la renifle, puis je la porte à mes lèvres et l'embrasse... C'est mon petit jeu avec lui. Katerina m'a dit qu'il les ramassait, et qu'ensuite il les faisait sécher, puis qu'il les collait dans un grand cahier (il lui a montré, mais sans lui en raconter l'histoire). À quarante-cinq ans, vous vous rendez compte ?
- Katerina ?
- Oui, Katerina, la grande dame russe qui travaille à la cuisine et prépare les repas pour la famille depuis cinquante ans...

[to be continued...]

vendredi 26 novembre 2010

Quelques jours quelques nuits parmi nous



Il est des nuits cauchemardesques
Peuplées d'êtres carnavalesques

Il en est de tout aussi étranges
Peuplées de nymphes de fées et d'anges

Il est des jours de joie et d'amour
Quand le cœur se soulève et palpite
Pour un regard un sourire une pépite
un toujours...


Tableau de fin d'automne



À Mireille Wertz


Il est six heures du matin.
Elle ouvre les yeux et, distraite par le maigre souvenir des songes de la nuit, en oublie presque l'homme qui dort dans son lit.

Elle tire les tentures en bâillant.
- Tiens, il a neigé... Tant mieux, les gosses du quartier me foutront la paix pendant quelques jours ! C'est pas que je ne les aime pas, mais ils pourraient quand même trouver un autre endroit que la cour d'en bas pour taper dans leur ballon après les cours, tant est soit peu qu'ils y aillent encore...

Le percolateur crachote dans la cuisine, Arlequine se faufile et ronronne entre les mollets de Mireille, qui a maintenant complètement oublié l'homme qui dort dans son lit en se mettant à chantonner l'air entraînant que la radio lui offre... Toujours le même chant, ce chant que des millions de voix ont porté jusqu'à ce jour, où se mêlent à la fois toutes les joies et les peines de millions de vies, leurs amours heureux et malheureux, où l'on parle de Fleurs et d'Enfer, de celle qui attend et de celui qu'on attend...

Après les courses, la vaisselle et le dentiste, un ronflement sourd suivi d'un soupir trouble son attention... Ce n'est pas Arlequine, qui est sur la table du salon et semble cligner de l'œil à un être invisible connu d'elle seule... Il se réveille, pense-t-elle tout à coup...

- Bonjour mon amour, tu as bien dormi ? Sais-tu qu'il est déjà midi ? Levée depuis longtemps ?
- Pas si longtemps que ça... Une heure ou deux...
- Sympa cette musique... Ouf, chaud le café... Tu as vu qu'il avait neigé ?
- Non, je n'ai pas fait attention... Tu aimes la neige ?
- Oh, ma foi, oui... J'adore sentir son petit craquement sous mes pieds quand je marche dedans, mais, par contre, je déteste devoir la bouger de sur la voiture... Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir que j'y aille... Allez, je t'embrasse !

Il traverse la cuisine, le salon, ouvre la porte de l'appartement, la lumière se fait dans le couloir...

Pour une fois, elle ose :
- Georges ? (elle dit Georges comme elle aurait pu dire Jacques ou Martin)
- Oui ? (il répond oui comme s'il était Georges, Jacques ou Martin)
- Dis-moi, tu reviendras ?

Publié dans le n°38 des Chemins de Traverse

mardi 23 novembre 2010

LIBERTÉ


J'envie le vent
qui souffle dans
la ramure
des arbres verts

Et tente en vain
d'oublier
les émeraudes
qui sommeillent
en l'écrin
de ma
mémoire

lundi 22 novembre 2010

Le vol d'un baiser

  
Un baiser léger léger
s'échappe de mes lèvres
et traverse les nuées
qui nous séparent
pour sur les tiennes
aller se poser
  

dimanche 21 novembre 2010

Osiris, papyrus et pain d'épices


Ils ont tout fait pour me faire taire et me chasser...
Ils m'ont brisé bras et jambes avant de me démembrer...
Ils m'ont crevé les yeux, le cœur, le foie et les reins avant de me les arracher...
Ils ont voulu m'empêcher de donner la vie en me privant de ma virilité...

Une femme une sœur un ange une déesse après eux est passée
 

samedi 20 novembre 2010

Sur le quai de l'oubli





Une gare évanescente
Un train qui passe avec fracas
Quelques larmes sur le quai de l'oubli
Une nouvelle vie qui commence
Une autre qui s'évanouit
 

Continuons à nous amuser avec quelques proverbes


Un chien vaut mieux que deux gros rats.

C'est en mangeant que l'on devient mangeron.

Un homme à Visé en vaut deux.

La parole est dedans, le silence est dehors.
 

mardi 16 novembre 2010

Le grand Seigneur et le petit homme


Le grand Seigneur prit la parole, et dit de sa grosse voix tonnante : "Que celui qui m'a un jour manqué de respect se mette à trembler, car désormais toute injure passée, présente ou future sera passée au fil de l'épée !"
Le petit homme, qui assistait ce jour-là aux débats, se dit que c'était une philosophie intéressante...
Mais  pensa-t-il un seul instant à ceux qu'il avait lui-même blessés, et qui pourraient aussi se mettre en tête de l'appliquer ?


Ma Muse me souffle ces mots, pleins à la fois de tendresse et de sens : "Écrire est la plus noble des révolutions !"
 

lundi 15 novembre 2010

MUSE



Ce n'est que pour les quelques instants que je passe dans tes bras que la vie a un sens pour moi. C'est en eux que je puise la force de continuer à me mêler à la ronde sotte de ce monde.

Derrière la façade inexpressive que sont mon corps et mon visage, c'est l'étincelle qui brille au fond de tes yeux qui fait s'allumer au jour nouveau le feu faisant battre mon cœur.

C'est l'odeur de ta peau et les caresses soyeuses de tes cheveux tout contre la mienne qui seules me consolent et m'apaisent.

Il me suffit de penser à toi qui, pourtant si loin de moi toi aussi t'agites et te débats, pour retrouver le calme d'une mer d'huile juste après la tempête...


dimanche 14 novembre 2010


Un poème peut s'écrire en cinq minutes, mais il n'a aucune valeur si derrière ces cinq minutes de grâce ne se cache pas une longue maturation.
 

RODÉO


Le poète chevauche les mots
Jusques au jour béni
Où ce sont les mots
qui commencent à le chevaucher
 

samedi 13 novembre 2010

 
Les gens qui disent qu'ils ne doivent rien à leurs enfants ne doivent pas s'attendre à recevoir une considération sans borne de leur part...
 
 
Il est des mots qu'on oublie
Comme ces chants lointains
Perdus dans la vallée
de notre enfance
 

vendredi 12 novembre 2010

 
Le génie ne s'attarde pas aux considérations actuelles...
Toute sa force mentale et psychique est tournée vers un seul point : l'avenir.
 
 
De la poésie sont nés toutes les sciences et tous les arts.
 
 
La poésie n'est pas un jeu ou un métier, la poésie est l'essence de la vie.
 

La poésie est l'essence de la vie.
On peut vivre quelques semaines sans manger, quelques jours sans boire, quelques minutes sans respirer...
Mais vivre sans poésie, ce n'est plus vivre, c'est se transformer en automate, en machine à consommer, c'est se couper de sa nature la plus profonde.
 

jeudi 11 novembre 2010

 
Rien n'est jamais perdu...
Si tu as osé, tu retrouveras tout !
 
 
No justice under the skies
Just tears and cries
 
 
Prenez un fou, placez-le au milieu de millions de personnes normales, et tout le monde s'accordera pour le trouver fou.
Prenez une personne normale, placez-la au milieu de millions de fous, et ???
 

Une tempête

 
Et même si les temps pètent
Comme souffle la tempête
Sur la ville endormie
En arrachant rosiers et charmilles

Nous resterons debout
et vivrons jusqu'au bout
la destinée
qui nous est assignée

En d'autres lieux
Avec d'autres dieux
De nouveaux parents
De nouveaux enfants

Tellement
différents
et pourtant
et pourtant...
 
  
L'exemple le plus pernicieux et le plus frappant de la dérive capitaliste est sans conteste le domaine médical.
En effet, les médecins, les thérapeutes, les pharmaciens, les centres médicaux, les hôpitaux, les chercheurs des sociétés pharmaceutiques et leurs agents commerciaux n'ont aucun intérêt à ce que les gens soient en bonne santé, sans quoi ils ne viendraient plus consulter, n'achèteraient plus de médicaments, etc.
On en est arrivé à un point où l'on invente des maladies, des virus, ou autres joyeusetés, simplement pour pouvoir écouler tout un stock de pilules colorées joliment  qui dorment dans un hangar depuis trente ou quarante ans...
Et tout le monde, moi y compris, je l'avoue, ferme les yeux, puisque chacun y trouve son compte...
 
 
Une journée sans musique, sans poésie, est une journée perdue...
 

mercredi 10 novembre 2010

 
Le plus grand des poètes est sans nul doute celui qui n'a nulle conscience d'être poète...
 

Les derniers mots du Prophète

 

Ah, je les vois déjà, tous ces cinglés qui voudront suivre mes pas ou diffuser ma parole par-delà les mers et les monts, dans des pays dont je ne connais même pas le nom...

Non, mais, regardez-les donc par la fenêtre ; ils sont là, quelques centaines, quelques milliers peut-être, à s'être amassés en espérant un signe de ma part... Même pas moyen de crever en paix !

Certains voudront écrire ma vie, d'autres penseront que visiter tous les lieux que j'ai visités les rendront plus sages ou plus humains... Ils sont tellement fous qu'ils voudront sans doute bâtir des cités, des cathédrales  ou que sais-je d'autre non loin d'un quelconque arbre contre lequel j'aurais uriné il y a plus de vingt ans, en voyant cela comme un signe du ciel...

J'ai tout fait pour les chasser ; je leur ai crié les pires insanités, je leur ai craché à la figure, je les ai menacés avec une hache, je leur ai dit que s'ils continuaient ainsi, les foudres du ciel s'abattraient sur eux... Rien n'y fit, ils devinrent même de plus en plus nombreux à vouloir me pister comme un vulgaire gibier. J'ai alors fait semblant de ne plus ni les voir ni les entendre... Il fallait les voir se prosterner devant moi comme devant un fantôme, entrer en transe quand je leur adressais un simple sourire...

"Les chemins qui mènent à Dieu sont différents pour chacun d'entre nous...", voilà l'épitaphe que je voudrais voir  gravée dans le marbre, en priant pour qu'ils ne viennent pas fleurir ma tombe pendant quinze mille ans...


mardi 9 novembre 2010

 
L'Univers est une grande assiette de soupe, avec une fourchette à sa gauche, un couteau à sa droite et une petite cuiller au dessus, posée sur le dos d'une tortue volante...
 

Les bons petits esclaves

 
Tu as travaillé toute ta vie ? Il n'y a donc aucune raison de t'arrêter...
De toute manière, même si tu le faisais, il n'y aurait personne pour le remarquer !
 

lundi 8 novembre 2010

 
Chaque jour est un nouveau combat, une nouvelle quête, une nouvelle joie...

dimanche 7 novembre 2010

La solution au chômage

 
Avec quelques vieux amis, après plus de trente ans de réflexion (bon, j'exagère un peu...), nous avons trouvé la solution au chômage en Europe...
Il suffirait en effet de faire creuser un grand trou par tous les chômeurs européens. Une fois celui-ci creusé, et bien, il suffirait de le leur faire reboucher... Des générations de chômeurs pourraient ainsi se relayer pour creuser et reboucher à leur tour le grand trou...
(Toute ressemblance avec des faits ou des personnages ayant existé ailleurs que dans mon cerveau  délirant serait évidemment fortuite...)
 

Le suicide est une solution d'avenir

 
Si tous les sans espoir, tous les imbéciles, qui peuplent cette planète se tiraient une balle dans la tête au lieu de nous empêcher de respirer, cela nous ferait des vacances... Mais qu'est-ce qu'on s'ennuierait alors ! (Enfin, c'est même pas sûr... Mais, ce qui est sûr, c'est que ça éviterait au moins de pousser au suicide les trop nombreuses victimes de leur insondable stupidité...)

 
La Terre est l'hôpital psychiatrique de l'Univers ! Une fois ici, il n'est d'échappatoire que dans la mort...
 

samedi 6 novembre 2010

Une histoire singulière...

 
  
Il m'est arrivé une histoire bien singulière il y a quelques années...

Après une mauvaise chute sur un terrain de sport, je me suis brisé la deuxième phalange de l'annulaire de la main gauche.

Je me suis donc d'abord rendu chez mon médecin traitant, qui m'a envoyé à l'hôpital pour y faire quelques radios... Une fois celles-ci opérées, il apparut que cette fracture était une fracture très complexe, et on m'a conseillé de consulter un spécialiste au sein de ce même hôpital... Après les deux mois d'attente réglementaires avant le précieux rendez-vous, j'ai rencontré le plus éminent orthopédiste de l'hôpital, qui a trouvé le cas très très intéressant, et m'a envoyé chez un de ses confrères encore plus éminent, le plus éminent de la ville ! Qui, à son tour, m'a envoyé chez un confrère encore bien plus éminent, qui, paraît-il, avait été trapéziste volant avant de se tourner vers la chirurgie de la main, ce qui a bien fait rire son assistant, je n'ai pas bien compris pourquoi d'ailleurs, même les médecins ont le droit d'aimer le cirque, non ?
Bref, vous m'avez compris, de fil en aiguille, je me suis retrouvé dans le (luxueux) cabinet privé d'un médecin californien qui avait consacré sa vie, comme on me l'avait dit, à l'étude de la deuxième phalange de l'annulaire de la main, et du traitement du type de fracture que je présentais...
- Les personnes que vous avez vues avant moi sont des incompétents, et vous ont fait perdre votre temps et votre argent, m'a-t-il dit après avoir vaguement jeté un coup d'œil à mon pauvre doigt meurtri.
- Oui, ça, je l'avais bien compris... Mais pourriez-vous faire quelque chose pour ce doigt que je ne peux plus plier depuis près de trois ans ? Vous pensez qu'il faudra l'amputer comme le supposait le plus grand spécialiste arménien du métacarpe caucasien du sud-est de l'Argentine, c'est ça, et vous n'osez pas me le dire, hein, avouez !!!
- Je ne sais pas, mon pauvre ami, mais de mon côté, je ne peux rien faire pour vous...
- Que voulez-vous dire ?
- Qu'il faut vraiment être incompétent pour vous envoyer chez moi, alors que tout le monde sait que je suis le plus grand spécialiste vivant de la deuxième phalange de l'annulaire de... la main droite !
- Oh, effectivement ! Mais en tant que plus grand spécialiste bazar machin chose de la main droite, vous devez bien connaître celui de la main gauche...
- Ah, ah, ah... Vous semblez ne pas avoir bien compris le fonctionnement de la médecine moderne ! Non, je ne le connais pas. Vous savez, nous avons très peu de contacts avec les spécialistes de la deuxième phalange de l'annulaire de la main gauche, et ce depuis la seconde moitié du XXe siècle... Plus personne ne sait plus trop bien pourquoi, mais je soutiens que c'est la rencontre désastreuse lors du Congrès de Salamanque en 1967 qui a tout déclenché. Rendez-vous compte : les spécialistes de la deuxième phalange  de l'annulaire  de la main gauche avaient été placés dans la partie droite de l'hôtel, et bénéficiaient d'une salle de bain avec baignoire, tandis que les spécialistes de la deuxième phalange de l'annulaire de la main droite, dont je faisais partie, qui étaient placés dans la partie gauche de l'hôtel, ne bénéficiaient que d'une salle de bain avec douche. Après plus de deux cents quarante-trois heures de débats houleux, réparties sur deux mois et demi, nous ne sommes pas parvenus à un accord, et depuis ce jour, je n'ai plus adressé la parole, tout comme de nombreux confrères, à aucun spécialiste de la deuxième phalange de l'annulaire de la main gauche.
Mais si cela peux vous aider, je peux tout de même vous donner l'adresse de mon cousin de Paris...
- Ah, merveilleux ! Il est spécialiste dans quel domaine ?
- Les merguez marinées grillées sur feux de bois...
- Je ne comprends pas bien...
- Vous devriez absolument goûter cela, un bon verre de rosé à la main, lors d'une belle soirée d'été !  Mais il faut, pour que vous me compreniez mieux, savoir qu'un conflit, quelle tristesse, a scindé notre famille en deux clans farouchement opposés...
- Laissez-moi deviner : entre le clan de ceux qui prétendent qu'il faut laisser mariner les merguez une nuit et celui de ceux qui prétendent qu'il faut les laisser mariner un jour et demi ?
- Vous apprenez vite ! Vous auriez pu être médecin... Que faîtes-vous dans la vie, à propos ?
- Moi ? Euh, je suis plombier-zingueur...
- Heureux homme que vous êtes... Pour le moment, du moins. Car j'ai entendu dire que des tensions au sein de la profession s'étaient manifestées lors d'un Congrès à Copenhague, et que les zingueurs menaçaient de faire sécession pour des motifs que...

C'est à ce moment que je me suis levé discrètement, et me suis éclipsé du bureau de notre homme, en refermant avec le plus de délicatesse possible la porte. Je ne sais pas s'il a même remarqué mon départ... Heureusement que le sourire entendu de sa secrétaire m'ait changé les idées...
Et pour mon doigt, me demanderez vous ? Je suis tout simplement retourné chez mon médecin traitant, pour une otite, cette fois, quelques jours après mon retour... Il a regardé mon doigt en remplissant l'ordonnance d'antibiotiques qu'il me prescrivait. Toujours pas réglé, me demanda-t-il ? Vous auriez du revenir me voir plus tôt... Enfin, bon, dit-il en soupirant... Il saisit mon doigt, le manipule quelques secondes, on entend un petit craquement, me fait un petit pansement, et me dit : "Voilà, dans trois semaine il sera comme neuf !"


Publié dans le n°38 des Chemins de Traverse
 
 
Pour moi, il est tout aussi ridicule de penser que l'Univers soit né d'une explosion au milieu d'un nulle part indéterminé que de croire que se soit un vieux barbu assis sur un nuage qui ait créé le Monde.

 
Quand tu aimes, n'avoue jamais ton trouble, et si tu es heureux seul ou à deux, ne le montre pas plus !

mercredi 3 novembre 2010

Mon Maître


 
Je me souviens du jour où j'ai rencontré mon Maître...

Nous étions mille deux cents dans un amphithéâtre pour l'écouter.

Il est arrivé complètement saoul sur la scène, avec plus d'une demi-heure de retard sur l'horaire annoncé, mon Maître... Les trois-quarts de l'assemblée s'en sont allés, profondément outrés...

Cinq minutes plus tard, il a parlé, mon Maître... Il a dit qu'il allait divorcer, mon Maître, pour aller vivre au sommet d'une montagne en compagnie de... son chauffeur ! Ils s'aimaient depuis si longtemps, a-t-il dit, mon Maître... L'assemblée s'est alors réduite une nouvelle fois de moitié...

Il a alors parlé de grands sages, mon Maître. Il a parlé du dalaï-lama qui préparait un attentat contre le Vatican depuis plus de trente ans, et de Gandhi, cet assassin, qui, par sa soi-disant non-violence, avait envoyé à la mort plus de trois cents mille pauvres petits Indiens innocents... Tous les avocats de la salle nous ont alors quitté d'un bloc, accompagnés qu'ils étaient de quelques bonzes au crâne rasé...

Il a continué, mon Maître, en disant que l'Allemagne avait gagné en 45, que les camps de concentration n'avaient pas existé, et qu'Hitler n'était pas mort, qu'il était sur l'Île avec Elvis et Bruce Lee... Il a dit aussi qu'il n'était pas Juif, Jésus, que c'était un véritable Aryen de pure souche... Les quelques bonnes sœurs et les derniers survivants de l'assemblée, dont la famille von Gutzmann au grand complet, installée en Argentine depuis près de 66 ans, s'en sont allés en criant au scandale, me laissant seul face au Maître...

Il m'a alors regardé dans le blanc des yeux, mon Maître, et m'a dit, en retrouvant toute sa sobriété et son normal parler : "Nous allons enfin pouvoir commencer à travailler sérieusement !"

 

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