mercredi 3 novembre 2010

Mon Maître


 
Je me souviens du jour où j'ai rencontré mon Maître...

Nous étions mille deux cents dans un amphithéâtre pour l'écouter.

Il est arrivé complètement saoul sur la scène, avec plus d'une demi-heure de retard sur l'horaire annoncé, mon Maître... Les trois-quarts de l'assemblée s'en sont allés, profondément outrés...

Cinq minutes plus tard, il a parlé, mon Maître... Il a dit qu'il allait divorcer, mon Maître, pour aller vivre au sommet d'une montagne en compagnie de... son chauffeur ! Ils s'aimaient depuis si longtemps, a-t-il dit, mon Maître... L'assemblée s'est alors réduite une nouvelle fois de moitié...

Il a alors parlé de grands sages, mon Maître. Il a parlé du dalaï-lama qui préparait un attentat contre le Vatican depuis plus de trente ans, et de Gandhi, cet assassin, qui, par sa soi-disant non-violence, avait envoyé à la mort plus de trois cents mille pauvres petits Indiens innocents... Tous les avocats de la salle nous ont alors quitté d'un bloc, accompagnés qu'ils étaient de quelques bonzes au crâne rasé...

Il a continué, mon Maître, en disant que l'Allemagne avait gagné en 45, que les camps de concentration n'avaient pas existé, et qu'Hitler n'était pas mort, qu'il était sur l'Île avec Elvis et Bruce Lee... Il a dit aussi qu'il n'était pas Juif, Jésus, que c'était un véritable Aryen de pure souche... Les quelques bonnes sœurs et les derniers survivants de l'assemblée, dont la famille von Gutzmann au grand complet, installée en Argentine depuis près de 66 ans, s'en sont allés en criant au scandale, me laissant seul face au Maître...

Il m'a alors regardé dans le blanc des yeux, mon Maître, et m'a dit, en retrouvant toute sa sobriété et son normal parler : "Nous allons enfin pouvoir commencer à travailler sérieusement !"

 

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