vendredi 28 février 2025

BRUGES-LA-VIVANTE


Qu’elle est belle la ville où dansent les canaux
Au son du carillon du merveilleux beffroi
Ses rues en dentelle sont habillées d’orfroi
Et débordent de joie égayant les moineaux

Les ménagères s’y affairent aux fourneaux
Et les hommes heureux y choient les palefrois
Ces compagnons de vie qui éloignent le froid
Au fond de son port sont débarqués les tonneaux

La bière chante de tout son saoul au bistro
Les carbonades se dorent au brasero
Que ce soit en hiver que ce soit en été

Un vieux peintre s’endort adossé à un mur
De la cathédrale et rêve à satiété
Des maîtres flamands loin de ce qui est impur

mercredi 26 février 2025

LE CARRÉ


À Ruben Östlund

Entrez entrez dans le carré dans le carré
Toujours il s’y passe quelque chose toujours
Que ce soit dans la nuit ou au plus clair du jour
Oui osez entrer dans le carré le carré

Abandonnez-y vos richesses égarez-
Y vos pensées tristes ou joyeuses Séjour
Court ou long y sera profitable toujours
Soyez-en assuré car c’est bien le carré

Un espace fermé véritable biotope
Pour les philanthropes comme les misanthropes
Pour les monstres bestiaux comme les raffinés

Un endroit où l’on se sent vraiment en confiance
Où l’on en revient à l’essentiel in fine
Où l’on oublie toute sa pâle insignifiance

dimanche 23 février 2025

LE FEU ARDENT


La nuée qui m’entoure est un grand feu ardent
Que nul ne peut éteindre ou juste traverser
Elle est si épaisse que même un cuirassé
Est bien plus mal blindé que même le trident

De Poséidon ne peut l’inquiéter Mordant
Les ennemis qui trop s’approchent insensés
Elle suit les desseins du Seigneur offensé
Par tous les manques de respect outrecuidants

La nuée qui m’entoure est l’expression ultime
Du Verbe une alliée puissante amie intime
Toujours présente pour moi gardant mes talons

Nombre se sont risqués à lui donner l’assaut
Aucun n’en est sorti vainqueur les colossaux
Héros comme les plus hypocrites félons

LE BUISSON SCINTILLANT


Le buisson scintillant un jour se montrera
À nouveau à celui qui en est vraiment digne
Sur une montagne ou bien au cœur d’une vigne
Offrant ses divins fruits au fond d’un alhambra

Il faudra alors se montrer sur l’agora
Des différents peuples afin de tous les signes
Transmettre Toi aussi qui lis ces quelques lignes
Un important rôle à jouer tu recevras

Car il faudra être nombreux pour le royaume
Du Seigneur édifier parmi tous les fantômes
Errant sur la Terre Mais de toute manière

N’oublie pas non plus que tout cela se fera
Avec ou sans toi nul comme en un opéra
N’étant essentiel pour ce moment charnière

vendredi 21 février 2025

LA SYMPHONIE DES ANGES


Tends l’oreille si tu veux entendre des anges
La symphonie elle qui résonne partout
Dans l’univers et au-delà non point le cou
Ses légères notes comme de vraies mésanges

Viendront se lover en ton sein Que tes louanges
Soient alors intenses cela en vaut le coup
Car elles ne feront leur nid toujours surtout
Si tu n’écoutes pas leur chant certes étrange

Imagine-toi un orchestre gigantesque
Un chœur si grand que nul ne pourrait peindre en fresque
Ce titanesque ensemble où règne le céleste

Ferme maintenant les yeux Sens-tu ce fin souffle
Se poser sur ton front comme en un champ agreste
Choient des plumes ou la neige qui emmitoufle

jeudi 20 février 2025

L’ART


À Théophile Gautier

Quand meurent les dieux les souverains vers restent
Gravés pour toujours en notre folle mémoire
Qui se souvient de tout bien mieux que les grimoires
Applique-toi à ton art et fuis comme peste

Tout ce qui pourrait t’en détourner Que tes gestes
Tous tendent vers ton but afin que dans les moires
De l’esprit tu puisses te plonger Que l’espoir
Ne te quitte jamais les soirs les plus funestes

Aux moments de tristesse et de mélancolie
Garnis ta chambre ou ta mansarde d’ancolies
Et d’autres fleurs fais-en germer sur le papier

La toile ou dans l’argile écarlate limon
Fertile pour les doigts agiles des drapiers
De la matière et tiens fermement ton timon

mercredi 19 février 2025

UNE FILLE DE FEU


À Céline Sciamma et Adèle Haenel

La torride chaleur qui se peut nous saisir
En face d’un portrait est bien inexplicable
Nous ne choisissons pas l’amour inextricable
C’est lui qui nous choisit oh quel divin plaisir

Je me souviens toujours avoir vu tant rosir
De joues innocentes de façon implacable
Qu’il m’est difficile de rendre mes vocables
Vraiment saisissables esclave du désir

Une vraie rencontre est une bénédiction
Qui nous accompagne sans aucune affliction
Durant toute notre vie lui donnant un sens

Je sais que toi aussi tes rêves sont très purs
Que ton regard est sans nulle concupiscence
Rejoins-moi donc dans le plus joli des azurs

INTRODUCTION


(au futur recueil 100 sonnets à lire dans le train [titre provisoire])

Depuis toujours j’aime à lire dans les transports
Faisant ainsi le corps et l’esprit voyager
De concert dans d’autres dimensions Partagé
Entre réalité et fiction dans les ports

Je me promène tout comme à l’aéroport
Dans les gares avec mes livres ouvragés
Sous le bras ou dans mes malles Les naufragés
De l’existence ont des particuliers rapports

Avec les choses et les gens Toi cher lecteur
Je crois que tu pourras en véritable acteur
Plonger en ces quelques textes je t’y invite

De tout cœur et vivre de belles aventures
Dans des univers fort différents où gravitent
Monstres ou héros faits frères par l’écriture

mardi 18 février 2025

LA PERTE DES ILLUSIONS


À Honoré de Balzac et Xavier Giannoli

Un poète honnête perdu dans la cruelle
Ville où les lumières attirent les méchants
Et les éphémères tous les faux sentiments
Ne peut que se corrompre et livrer un duel

Phénoménal contre l’âme spirituelle
Qui l’habite depuis toujours Face aux marchands
Des temples et des cours bordels infiniment
Disgracieux faisandés le mal habituel

Ricane et jubile certain de sa victoire
Oui le jeune homme pur fera son purgatoire
En ce monde hostile et si méprisant devant

Toutes les bassesses les pires injustices
S’il cède aux tentations un bref souffle de vent
Se saisira de lui le sortant des coulisses

lundi 17 février 2025

L’INCOMPRÉHENSIBLE


À Stéphane Mallarmé

Si la chair est triste les dés ne le sont pas
Ils peuvent consoler celui qui a perdu
Ses belles illusions tous les individus
Qui ont lu les livres ces généreux repas

Du cœur et de l’âme mais qu’un instant cela
Ne dure le hasard étant malentendu
Facétieux pour celui qui croit en l’éperdu
Amour des langues des mots d’un soir de gala

Les tâches de l’esprit étaient ta vocation
Comme pour un faune l’est la fornication
Dans un après-midi joyeux et vaporeux

Tu t’intéressais plus aux effets qu’à la chose
L’ombre du symbole est là partout dans ta prose
Et nous transporte dans ton univers scabreux

dimanche 16 février 2025

J’AI VÉCU TOUTES LES VIES


J’ai vécu toutes les vies celles des humains
Des animaux et des dieux Je fus rocher
Séquoia fougère et bactérie attaché
Comme Prométhée sans espoir de lendemain

De croiser ton regard c’est ce dont j’ai besoin
Pour savoir tout de toi que tu sois débauché
Savant sage ou saint car je connais ta psyché
Étant passé par où tu es passé sans soin

Vivre voilà pourquoi nous sommes ici-bas
Mais vivre toutes les vies sans de grands débats
Pour nous libérer du cycle d’incarnations

Qui nous est destiné esclaves de la mort
Comme l’est un cheval à son morose mors
À nous donc d’arpenter l’ensemble des nations

IRIS


La messagère des dieux dans le ciel
Nous laisse une trace de son tendre passage
C’est généralement un vraiment bon présage
Que de l’apercevoir entre deux gratte-ciels

Depuis la nuit des temps elle est leur officiel
Héraut tenant dans la main le caducée sage
Une fine écharpe ceinturant son visage
Penses-y chaque fois que tu vois l’arc-en-ciel

Pour satisfaire Héra elle est prête à voler
Vers notre monde afin que nos yeux étoilés
Soient les témoins de sa volonté généreuse

Ah qu’ils sont fiers de toi la ravissante Électre
Et le Titan Thaumas quand ton sublime spectre
Aux ailes d’or porte ses nouvelles heureuses

jeudi 13 février 2025

LE MISÉRABLE


À Victor Hugo

Ils ont beau l’encenser nul n’oublie les années
D’exil loin du pays repoussé comme un chien
En des contrées bien peu hospitalières Rien
Ne remplace un foyer sa douce cheminée

Peux-tu imaginer les très longues journées
Passées sur la route et dans le froid sibérien
L’angoisse du génie sans espoir pour demain
Ne sachant où dormir où noyer ses soirées

Ils étaient des milliers à son enterrement
Mais combien étaient-ils à ses côtés vraiment
Quand s’en faisait sentir le besoin à Jersey

À Guernesey ailleurs là où tout est hostile
Et inconnu où tout devient vite futile
Ces endroits qui furent de sa foi le creuset

LE PRODUCTEUR


À Harvey Weinstein

Ô toi victime de l’un des plus grands complots
De l’ère moderne tu t’es mal comporté
Sûrement mais de là à te voir emporté
En prison pour finir tes jours dans un cachot

Seul comme un rat crevé et perclus de sanglots
Il y a plus d’un pas Pour te réconforter
Rappelle-toi de tous les beaux récits portés
À l’écran grâce à toi que ton cœur d’artichaut

N’était pas si mauvais que tu fus condamné
Sans vraiment de raison que tu es pardonné
Par notre bon Seigneur juge de cette terre

Et oui il est ainsi de notre saint devoir
De nous lever contre les abus de pouvoir
Les faux témoignages et les vrais adultères

mercredi 12 février 2025

MENTOR


Ils sont bons tes conseils vénérable Mentor
Pour Télémaque et ses très illustres parents
Des plus grandes vertus tu fus le seul garant
Lors que les prétendants voulaient se couvrir d’or

Ulysse t’écouta lui si rusé si fort
Et en tira profit après avoir durant
Des années badaudé sur les mers dévorant
Son espoir de revoir son île et ses beaux forts

Même si tu ne fus que jouet d’Athéna
Et que l’on te décrit comme un vieux fou parfois
L’on se souvient de toi aussi dans le langage

Le plus courant qui soit guide de la jeunesse
Qui possède certes la fougue et le courage
Mais qui manque encore de calme et de sagesse

STENTOR


L’on sait bien peu de toi et de ta voix d’airain
Du haut des collines tu haranguais les troupes
Pour les guider vers la victoire et tous les groupes
Ennemis qui osaient courir sur le terrain

Tu perdis la vie en défiant Hermès aux reins
Solides et puissants sachant une chaloupe
Faire chavirer d’un simple cri Sous leur coupe
D’illustres rois t’ont pris pour ton chant purpurin

Pouvant glacer d’effroi les guerriers les plus braves
Quand ta conque sonnait de ses tons les plus graves
Tous tendaient l’oreille car des commandements

Primordiaux allaient leur être bientôt transmis
Véritable héraut rarement endormi
Ton nom est parvenu jusqu’à nous froidement

dimanche 9 février 2025

ÉCRIRE POUR ÊTRE LIBRE


Pourquoi donc accepter de toujours s’enchaîner
Alors qu’au fond de toi une petite voix
Hurle très très fort que l’écriture est ta voie
Ce qu’ils désirent c’est de par le bout du nez

Te mener t’obligeant tout comme un nouveau-né
À n’opérer que leur volonté en grivois
Petit mouton hissant au vent leurs fiers pavois
Te voir danser à la télé comme un damné

Le seul secret pour être heureux est de ne faire
Que ce que l’on veut bien le reste n’est qu’enfer
Crédit à rembourser pension à créditer

Contrat à honorer voilà autant de pièges
Assez communs qu’il est facile d’éviter
Quand on a courage de sortir du cortège

LA PALETTE DES SENTIMENTS


Cette immense peine qui par moments saisit
Ta gorge ces larmes qui viennent du cœur
Perler aux paupières tout comme le bonheur
Le plus parfait pouvant te pétrifier transi

Sont des émotions que nul ne vraiment choisit
Et ne peut feindre Seuls les plus brillants acteurs
Connaissant leurs gammes sombres usurpateurs
Sont capables d’avec leur teint pâle ou rosi

Nous tromper maquillage évanescent de leur
Turpitude profonde ingrats ensorceleurs
Masqués insensibles presque surnaturels

N’entre pas en leur jeu car c’est plus que trahir
Jouer au plus malin c’est au final choisir
Le camp du grand Satan et de ses ménestrels

mardi 4 février 2025

SEUL


Quoi que l’on ait fait en cet univers c’est seul
Que l’on s’élève vers le royaume de Dieu
Il faut abandonner tout ses plus amis vieux
Comme sa fortune faire de son linceul

Un beau costume de son cercueil en tilleul
Un palais d’or et de feu de ses fiers yeux
De simples opales Les plus hauts montagneux
Sommets se franchissent c’est ainsi vraiment seul

Ne te retourne pas un monde traversé
Se doit d’être oublié les mains qui t’ont bercé
Tout autant Une simple hésitation et tu

Es perdu retombant au fond de la vallée
Reprenant encore et encore la mêlée
En sachant cela tu connais grande vertu

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