Il ne reste que trente secondes à jouer dans le temps réglementaire. Le score est de deux buts partout. L'Atletico obtient un coup franc bien placé à l'entrée du rectangle adverse. Elmo se saisit du ballon et le dépose à l'endroit indiqué par l'arbitre, qui fait reculer le mur de l'Internacional. Ses mains tremblent et la sueur perle à son front. Il s'élance et ferme les yeux. Sa frappe puissante est parfaitement placée. Le gardien se détend et effleure le cuir, suffisamment que pour en dévier la trajectoire. Ce dernier percute le bas de la transversale et rebondit juste devant la ligne de but sans la franchir et est dégagé au loin par un défenseur. L'homme en noir porte son sifflet à la bouche et annonce par trois coups brefs la fin de la rencontre. Elmo s'effondre en larmes et frappe rageusement le gazon, avant que de quitter précipitamment le terrain et le stade alors que ses coéquipiers fêtent et savourent un titre bien mérité.
Trois jours plus tôt
Elmo, de son vrai nom Luis Gilberto Costa da Silva, rentre de l'entraînement. La porte de l'appartement est entrouverte, ce qui est pour le moins inhabituel, mais il ne s'en formalise pas. Sans doute que Sylvia, son épouse, qui va leur offrir dans deux mois et demi un petit Roberto, a dû descendre à la cave pour une raison ou une autre. Il ouvre la porte du frigo et se sert un jus d'oranges pressées. Il n'a pas encore remarqué l'enveloppe rouge et noire qui trône sur la table de la cuisine.
Seize ans plus tôt
Gilberto a neuf ans et il passe le plus clair de son temps à taper dans un ballon avec les autres gamins du quartier sur un terrain vague, juste derrière la maison familiale. On ne peut pas dire que l'école le passionne, ce qui ne semble guère inquiéter outre mesure ses parents, qui ont détecté depuis longtemps ses aptitudes footballistiques. Son père, qui a bien décidé de prendre les choses en main, vient d'inscrire une équipe à un tournoi de Sao Paulo, auquel de nombreux recruteurs ont l'habitude d'assister. Au bout du compte ? Un succès presque total : l'équipe termine à la troisième place, et l'on propose à Gilberto d'intégrer le centre de formation de l'Atletico. C'est ainsi que la belle et grande aventure commença...
- Tiens, une lettre..., se dit-il.
"Bonjour cher Elmo.
Je suis un des plus grands fans de l'Atletico et un de tes plus grands fans. Je suis ta carrière depuis de nombreuses années, et j'ai été très déçu d'apprendre par la presse que tu allais nous quitter bientôt pour rejoindre un grand club européen [...]"
- Encore un cinglé, pensa-t-il, en jetant le billet sur la table. Je prendrais bien un bain... Je me demande où elle peut bien être. Ce n'est pas dans ses habitudes...
[To be continued... - dernière mise à jour : 29 décembre 2013]