jeudi 27 mars 2025

LE CASINO


Elles dansent cartes et très sombres roulettes
Au cœur du casino Les génies facétieux
Qui décident de qui le succès minutieux
Va rencontrer tournent autour des tables nettes

Leur ronde est sans pitié et aucune amulette
Ne peut immuniser les êtres audacieux
Qui osent les défier pernicieux ambitieux
Tuant plus sûrement qu’un coup de baïonnette

Si tu crois pouvoir les dompter c’est illusion
Car ils sont maîtres du sort en toute occasion
Ne laissant aux joueurs que quelques piètres miettes

De grands hommes ont vu se dissoudre fortunes
Et royaumes sous leur joug voués à la diète
Jusqu’au tombeau priant les heures opportunes

jeudi 20 mars 2025

LE PRINTEMPS


Ça y est les frimas se sont enfin effacés
Et le soleil brille de nouveau sur la ville
Et la campagne s’en est fini de l’hostile
Hiver de ses vents froids étant fort courroucés

Oui adieu à nos airs tristes et compassés
À ces chaînes glacées faisant de nous serviles
Déneigeurs cherchant la chaleur simple et fragile
Voici le temps des fleurs des amours épicés

Le printemps est le bon moment pour rendre hommage
À la création tout entière aux verts ramages
Renaissant comme par magie dans les forêts

Émerveillons-nous donc devant tous ces miracles
Chantons-les gaiement au sommet des minarets
Ou des montagnes au sein de tous les cénacles

mardi 11 mars 2025

TROIS SŒURS


Aux sœurs Brontë

Seules dans les landes elles ont bien erré
C’est là que les voix ont commencé à souffler
À leurs oreilles dans leur esprit constellé
Cherchant l’amitié ou l’amour parfois terré

C’est au cœur de ces grands espaces aérés
Que sont nés leurs talents qu’ils se sont dévoilés
Là où hurlent les vents les lutins potelés
Sous les auspices d’un père droit et lettré

Leur vie fut courte mais intense et romantique
Faisant de chaque instant un moment authentique
Pour cette raison nul ne les oubliera

Quel que soit leur prénom les unes dépendant
Des autres cédant aux malheurs au choléra
Peu de leur joie et de leur sourire obsédant

dimanche 9 mars 2025

LES ÉFRITS


Dansant et souriant au milieu du feu
Les éfrits regardent se déchaîner les hommes
Avec délectation sous la forme de gnomes
De puissants guerriers ou de monstres squameux

Leur générosité leurs présents sont fameux
De pierres précieuses ils ne sont économes
Ayant plus de rubis qu’un verger n’a de pommes
Ils sont très fidèles réalisant les vœux

Mais faites attention vous ne serez leur maître
Que s’ils sentent que vous pourriez une proie être
Et que votre âme n’est point fermement ancrée

Ils ont en effet peu de respect pour les lois
Divines ne suivant que dans leurs simagrées
Leurs envies du moment sans perdre leur aloi

LE MOINE


À Matthew Gregory Lewis

La vie du moine était régie par la luxure
C’était donc une proie facile pour le Diable
Ses appétits étaient si forts si insatiables
Qu’il était indigne de porter la tonsure

Son choix lui infligea de nombreuses blessures
Tant au corps qu’à l’âme Son sort fut peu enviable
Simple jouet de ses désirs inexpiables
Tout s’acheva mal pour lui dans la flétrissure

Il aurait pu être pardonné c’est certain
Mais il voulut jusqu’au bout être libertin
Maculant de sang ses mains fières et froides

Ne faut-il pas après tout que la faim perverse
Soit étanchée afin que la nuque très roide
Du Créateur puisse calmer les controverses

mercredi 5 mars 2025

LE SCEAU DE SALOMON


Le grand roi magicien possédait une bague
Qui lui permettait bien de sur les créatures
Avoir une influence et de toute aventure
Sortir vainqueur aussi puissant qu’avec des dagues

Lui le prince des djinns pouvait fendre les vagues
Grâce à cet anneau de fer et de feu Droiture
Au sein du royaume il apportait armature
Indéboulonnable qui les démons élague

Quand Dieu le rappela le sceau aux cieux monta
Avec le monarque et un floral taffetas
En descendit tout en recouvrant le pays

Ce voile de soie fut ensuite déchiré
Pour le pur malheur des peuples enorgueillis
Par la suffisance et donc fort mal inspirés

lundi 3 mars 2025

LA LICENCE


Poète n’aie pas peur de t’octroyer licence
Mais n’en abuse sous peine d’être agressé
Par tes camarades souvent bien engraissés
Qui aiment les strictes règles et la décence

À toi tout est permis valet de l’innocence
Mais n’oublie jamais d’où viennent les compassés
Préceptes suivis par tes frères du passé
Étudie les traités tu trouveras leur sens

Que ta pensée soit fluide et que ton écriture
Soit scrupuleuse afin de devenir peinture
Pour l’esprit du lecteur qui en a tant besoin

Mais ne lui mâche pas la tâche car il faut
Faire des efforts pour être digne des soins
Les plus délicats que tu lui offres sans maux

dimanche 2 mars 2025

LA FAIM


À Knut Hamsun et Henning Carlsen

Mon ventre gargouille à nouveau Quel sentiment
De désespoir et de détresse Dans la ville
J’erre et je traîne avec cette amie peu tranquille
Elle me conduit sans but indéfiniment

Au bureau du journal j’espère un compliment
Pour mes articles mais mon air fort juvénile
Effaré efflanqué pour tout dire fragile
Doit les en empêcher ultime châtiment

Un bateau peut-être m’emportera au loin
Avec ma fidèle compagne pour témoin
Ou alors les flots froids du fjord m’avaleront

Ô toi faim qui me fais plus que perdre la tête
M’embrasses comme le lierre ou le liseron
M’abandonneras-tu un très beau jour de fête

GRENADE


À Federico García Lorca et Isaac Albéniz

Ô Grenade cité partagée entre deux
Mondes deux continents tes rues ensoleillées
Chantent en des langues diverses quadrillées
Par des rois des princes des anges hasardeux

Au loin vers l’horizon des sommets point hideux
Couverts d’une blancheur opaline éveillée
Au sein de l’Alhambra une verte feuillée
Éblouissant les yeux même des cafardeux

En ton cœur bien des joies retentissent au rythme
Des processions qui sont comme des algorithmes
Cadençant les vies de tes fiers habitants

Oui il faut s’incliner devant tant de piété
De dévotion et de foi c’est réconfortant
Le tout si simplement avec sobriété

LA FEMME DE L’OMBRE


Elle est là tapie dans l’ombre la belle et grande
Dame observant par la fenêtre les démons
Qui tentent d’envahir ce monde Ses sermons
Et ses prières sont comme de vraies offrandes

Tout repose entre ses mains car la sarabande
Infernale ne craint qu’elle Les rodomonts
Paradeurs en effet vite par vaux et monts
Prennent le large dès qu’ils sont face à leurs bandes

Mais il faut voir comme ils lui crachent au visage
Ceux dont l’âme est déjà perdue mauvais présage
Indiquant que la fin est pour eux bien proche

Quand son travail sera terminé notre Terre
Sera purifiée par le feu et les reproches
Éternels s’abattront sur tous les délétères

samedi 1 mars 2025

LE PETIT CHAPERON


À Charles Perrault et aux frères Grimm

Rouge rouge rouge le petit chaperon
Danse danse danse là-bas au fond des bois
Où l’attend l’attend le méchant loup aux abois
Effrayant les filles belles ou laiderons

C’est bien pour cela que veillent les bûcherons
Leurs cris faisant fuir fuir fuir le pervers qui boit
Et qui s’échauffe trop trop trop en menu bois
Le convertissant s’il s’approche le larron

Quand on aime le beurre et les douces galettes
Comme la mère-grand on peut à l’aveuglette
Facilement être trompé et englouti

Par les mensonges et les autres tromperies
Des monstres nous guettant les sombres abrutis
Dès que le jour faiblit pic de la barbarie

Nombre total de pages vues