Ma voisine, dont je vous ai déjà parlé, est un véritable phénomène, un cas à part entière... Je n'y avait pas songé jusqu'à présent, mais je pense que je vais reprendre le sien dans mon petit traité de psychopathologie, qui ne cesse de s'étoffer au fil des ans. Jusqu'à présent, je n'avais relevé que des bizarreries somme toute assez communes chez elle. Mais dernièrement, voilà-t'y pas qu'elle vient pleurnicher chez moi d'émotion ou de joie, allez savoir, parce que sa petite-fille venait d'obtenir son diplôme en médecine générale. Quelque chose que ses ancêtres auraient semble-t-il trouvé impensable et exceptionnel pour des générations d'ouvriers... Une situation qui m'a fait penser immédiatement à un trouble que je n'avais pas encore pensé étudier : celui de ces personnes qui vivent la réussite de leurs descendants comme étant quelque part la leur, étant donné que c'est eux qui les ont pondus et éduqués, qui leur ont appris tout ce qu'ils savent. L'exemple typique qui me vient à l'esprit pour corroborer au mieux ce galimatias expérimental, et certainement à vous aussi, est celui du chômeur alcoolique qui se souvient tout à coup en allumant la télévision que son fiston est devenu international dans un quelconque sport de balle...