Aucun rouage d'une dictature ou d'une tyrannie, en fût-il le plus haut dirigeant, n'a véritablement conscience de ce qu'il est et de ce qu'il fait vraiment. Pas plus, du moins, qu'un fil de cuivre d'une chaise électrique ne peut avoir conscience qu'il n'est qu'un élément d'une machine destinée à donner la mort. Voilà un étrange paradoxe sur lequel il est intéressant de méditer quelques instants. Bon, c'est sûr que le type qui met deux cents personnes par jour dans une chambre à gaz va bien finir par se poser des questions ou se sentir un peu coupable, mais c'est même pas certain, comme des procès tristement célèbres nous l'ont montré il n'y a pas si longtemps. Et, de toute manière, ça ne se fait plus aujourd'hui, l'expérience nous ayant tout de même rendus plus subtils, heureusement...