Lorsque l'on envoie un manuscrit à un éditeur français, quatre-vingt-dix pour cent de ces derniers prennent la peine d'en accuser réception. Lorsque l'on envoie un manuscrit à un éditeur belge, nonante pour cent d'entre eux ne le font pas.
Ce que la plupart des éditeurs français appellent "diffusion" est une présence dans la plupart des librairies physiques ou numériques du pays ou, du moins, la possibilité d'y commander l'ouvrage désiré. Ce que la plupart des éditeurs belges, y compris ceux qui sont le plus grassement subventionnés par la communauté, appellent "diffusion" est la mise en dépôt des ouvrages dans deux ou trois librairies régionales.
Combien d'éditeurs lisent-ils les manuscrits qui leur sont envoyés ? Selon ma maigre expérience et les retours que j'en ai eus, peut-être deux ou trois sur dix outre-Quiévrain pour moins d'un sur dix en Belgique.
Je ne suis pas assez naïf pour croire que le copinage n'occupe pas une place de choix au sein du monde éditorial français, mais je pense en toute sincérité qu'un texte de qualité a bien plus de chance d'y trouver sa place que dans celui de Belgique, où les amis d'études, les potes de bistrot, les compagnons de partouzes et, bien sûr, celles et ceux qui se sont déjà fait un nom dans le milieu ont la priorité sur les autres.