[Paris, 2053]
Quand nous avons commencé à développer notre produit, Monsieur Germain et moi, on nous a traités de fous, comme c'est d'ailleurs bien souvent le cas lorsque quelqu'un a des idées un tant soit peu nouvelles. C'était il y a près de vingt ans, je m'en souviens comme si c'était hier.
Nous nous sommes rencontrés, Monsieur Germain et moi, au bistrot du coin. Il dirigeait une entreprise de pompes funèbres qui avait bien du mal à se montrer rentable et à résister à la concurrence, de plus en plus féroce dans la région.
Nous avions tous deux un peu trop bu, et l'alcool nous a peut-être aidés à jeter les bases de notre projet. Pour qu'il soit intéressant financièrement parlant, nous avons alors estimé que la marchandise devait être écoulée à plus ou moins trois mille euros le kilo.
À ce prix, nous visions évidemment une clientèle particulièrement aisée, mais espérions du bout des lèvres que l'intérêt grandissant du public nous permettrait de mettre en place des élevages et des réseaux de distribution tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Notre premier acheteur fut un émir de Bornéo qui, après une première commande de trente kilos, nous réserva le même poids tous les mois, preuve s'il en est de la qualité de notre production. Petit à petit, les clients se firent de plus en plus nombreux et nous commençâmes à grandir, grandir...
Nous comprîmes alors qu'il était très important, pour pérenniser notre business, de diversifier notre offre, en variant les saveurs, tout en conservant le côté artisanal et familial de notre entreprise. Et en respectant tous les critères de l'agriculture biologique et le bien-être de nos bêtes, bien entendu !