Il faut en général bien peu de choses pour qu'une vie bascule, pour que l'on choisisse une voie plutôt qu'une autre. Une balle perdue, le compliment d'un professeur, une pièce de deux euros trouvée sur un trottoir, un ballon qui franchit ou non la ligne de but, un facteur qui se trompe de boîte aux lettres, un bulletin de vote oublié au fond d'une urne, un feu rouge qui tombe en panne, une saute d'humeur devant la machine à café, un camion qui prend feu sur une bretelle d'autoroute, un voisin qui part en vacances en oubliant d'éteindre la radio, une bagarre au bistrot du coin, un tremblement de terre aux Philippines, un cheval qui s'échappe de son box, un avion dont le train d'atterrissage est défectueux, et cætera. Nous pensons toujours pouvoir tout contrôler, que la vie peut être comparée à une expérience scientifique durant laquelle tout est parfaitement organisé dans un univers clos et stérile et dont les résultats seront toujours identiques à condition de répéter les mêmes gestes et les mêmes opérations. Là est certainement notre plus grande erreur, car, que nous le voulions ou non, nous ne sommes pas en mesure de contrôler quoi que ce soit. Nous ne sommes, en fin de compte, que des fétus de paille perdu au cœur d'un océan en furie.
[To be continued...]