mardi 27 octobre 2015

Sur le conditionnement


Marine Le Pen est-elle un  nouvel Adolf Hitler potentiel ? La question peut évidemment être pertinente et avoir le mérite d'être posée dans un certain contexte, mais n'oublions pas que notre vision du monde, des individus et de l'Histoire est avant tout façonnée par le conditionnement culturel qui est le nôtre, et ce qu'on le veuille ou non. Accepter de s'arrêter aux décrets énoncés dans les livres et par les éminents professeurs qui nous les font étudier et régurgiter dénote chez un individu une certaine forme de paresse intellectuelle, voire un manque profond d'intelligence. Vous l'aurez compris, notre questionnement ne nous invite donc pas ici à déterminer si ce qui s'est passé en tel lieu et en tel temps s'est produit ou non, mais bien plutôt à tenter de comprendre les tenants et les aboutissants de ce conditionnement culturel, au travers d'un exemple volontairement simpliste. Pourquoi pensons-nous qu'Adolf Hitler est un monstre, bien plus encore le monstre absolu ? Simplement parce que le conditionnement culturel commun et imposé que nous avons reçu, nous autres européens, est tel qu'il nous est tout bonnement impossible d'associer l'image de ce personnage à autre chose qu'à des corps mutilés et entassés, à des villes détruites par les bombes, à un énergumène qui s'agite avec véhémence en parlant à des foules immenses, à des défilés militaires impressionnants, etc. Adolf Hitler se trouve ainsi totalement déshumanisé, désincarné, au point que la simple évocation de son nom fait naître en nous un sentiment mêlé de haine, de dégoût et de peur, et qu'associer son image à d'autres événements nous paraît totalement inconcevable, voire même la preuve d'une pathologie profonde. Mais qu'en serait-il si l'on ne nous avait présenté de lui que des images d'une autre propagande, le montrant en train de caresser la tête de charmants bambins en fumant la pipe autour d'un feu de bois au milieu de la forêt ou en train de peindre paisiblement un paysage dans les Alpes autrichiennes ? Qu'en serait-il, plus encore, si jamais aucun film, aucun livre, aucun documentaire, aucune émission de radio ou de télévision n'avait parlé de lui, si, pour une raison ou une autre, son nom même n'était jamais parvenu jusqu'à nos oreilles ?

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