(Article de presse)
Nous avons appris hier en fin de soirée le décès de Renaud Lejeune, le poète assassin, des suites d'une longue et douloureuse maladie dans la prison de Nimègue, aux Pays-Bas, dans laquelle il purgeait une peine de trois mille six cent quarante-deux années. Poète et écrivain jusqu'alors considéré comme plus que médiocre par ses pairs et son maigre lectorat, Renaud Lejeune connut un succès éditorial sans précédent dès le lendemain de son arrestation et de son inculpation pour le meurtre de cent dix-sept personnes sur une période de vingt-sept ans, dix mois et quarante-sept jours. Une véritable frénésie médiatique s'empara en effet de l'affaire, un rare jour où aucun attentat ni match de foot n'étaient à la une, et les éditeurs de ses neuf recueils se frottèrent les mains devant tant d'effervescence et de visibilité. Il put profiter de son séjour carcéral pour se consacrer pleinement à l'écriture, et son "En prison, t'es le roi si t'as du pognon" lui valu même une nomination au prix Goncourt. D'après nos informations, cinq cent personnes se seraient déjà amassées devant l'établissement pénitentiaire de Nimègue pour lui rendre un dernier hommage, déposant fleurs et bougies devant l'entrée principale. Et leur nombre ne ferait qu'augmenter heure après heure...