Monsieur,
Je suis avocat, et j’ai été mandaté par les
éditions Boumboumtralala pour vous contacter via ce recommandé. Certains
membres du personnel de ces dernières se sentent en effet harcelés et menacés
par votre personne. Et, au vu des pièces qui m’ont été fournies, l’on ne peut
pas vraiment leur donner tort. Vous leur avez ainsi fait parvenir
cinquante-quatre courriers, parfois assez violents, et adressé deux cent
vingt-deux appels téléphoniques au sujet d’un manuscrit que vous leur avez
envoyé. Et ce en moins de trois semaines…
Mon rôle est donc ici de
tenter de régler ce petit différend à l’amiable, dans un premier temps du
moins. Comme il vous l’a été stipulé à de nombreuses reprises, le susdit
manuscrit est à présent entre les mains du Comité de lecture des éditions
Boumboumtralala. Une réponse, qu’elle soit positive ou négative, vous sera
adressée dans quatre à six mois. Si d’ici là vous faites encore preuve d’une
trop virulente impatience, j’ai reçu instruction de transmettre ce dossier aux
services judiciaires compétents. Les peines maximales pour ce genre d’actes
peuvent atteindre jusqu’à trois ans d’emprisonnement et quinze mille euros
d’amende. Vous en voilà informé dans les règles de l’art, mais je suis certain
qu’en homme intelligent que vous êtes nous ne devrons pas en arriver là.
J’ai par ailleurs eu l’occasion
de parcourir votre roman (il était joint aux autres pièces du dossier), et il
me faut bien admettre que vous avez un certain talent. Je ne peux donc que vous
encourager dans la voie de l’écriture, tout en n’oubliant pas, bien entendu,
cet adage que me serinait régulièrement mon grand-père et que je n’oublierai
jamais : la patience est la mère de la sagesse.
Bien à vous,
Maître
Ruband
(publié dans "La Bafouille incontinente" n° 40)