Good Angel
J'ai réussi ! Je suis enfin
immortel (je le sais car j'ai essayé toutes les méthodes possibles et
imaginables pour se donner la mort), et je connais la raison de ma présence
ici-bas : aider ceux qui n'ont pas encore atteint ce même état à déployer leurs
ailes.
J'ai rencontré Dieu, Il m'a fait
part de ses attentes, et de son amour des hommes qu'Il a créés à son image. Qui
ne s'aimerait pas soi-même, me suis-je dit tout bas...
J'ai eu accès aux connaissances
les plus secrètes, je connais maintenant le grand dessein du Créateur de la
Terre et des Cieux, ce pour quoi nous travaillons tous ! Aucun mot n'est
possible pour le décrire. Heureusement, d'ailleurs... Le grand Livre des Âmes
est écrit en un langage que nul mortel ne pourrait déchiffrer.
Je peux
maintenant sonder l'insondable, et lire en moins d'une seconde dans le regard
de ceux que je croise leurs espoirs et leurs souffrances (bien plus de
souffrances, d'ailleurs... Comment les hommes font-ils pour se rendre si
tristes alors qu'ils ont bien plus que ce qu'il leur faut pour être heureux ?).
Quel bonheur pour moi que de pouvoir leur tendre la main sous les multiples
formes qu'il m'est permis d'employer. Quel plaisir que de les voir sourire et
s'ouvrir à la vie... Grâce à MOI !
Bad Angel
Dieu est un idiot, un hypocrite
et un lâche sanguinaire... Ça fait longtemps que je ne l'ai plus croisé
maintenant, mais c'est la seule conclusion que je puisse tirer après avoir
observé les hommes qu'Il a pris tant de soin à façonner...
J'en ai assez d'eux ! Ils
crachent sur ma main dès qu'ils n'ont plus besoin qu'elle soulève leurs épaules
pour leur permettre de garder la tête hors de l'eau et de lever les yeux vers
l'astre de Lumière.
Et je ne suis pas le seul... Nous
faisons tout pour eux, mais à la première occasion, ils replongent dans leurs
travers... Ils ne demandent notre aide ou nos conseils que quand quelque chose
ne va pas comme il leur conviendrait qu'elle aille...
Ils détruisent leur planète à
chacun de leurs pas, ils scient eux-mêmes la branche de l'évolution sur
laquelle ils se tiennent... Ils commettent les mêmes erreurs de génération en
génération, et ce serait à nous de réparer leurs erreurs ? Non ! Il est temps
que cela finisse, que l'on raye leur présence de ce monde... Une autre espèce,
façonnée à l'image d'un autre Dieu moins brouillon les supplantera ! N'agissons
plus, frères Anges. Un petit siècle ou deux, et on ne parlera plus d'eux...
Même le meilleur d'entre eux ne mérite pas sa place dans ce monde qu'il fallut
des milliards de millénaires à construire, pierre après pierre... Donnons-leur
même un petit coup de pouce pour accélérer le processus !
Fallen Angel
Dieu m'a fait mordre la poussière
et brisé les ailes pour avoir osé Le braver.
Je suis maintenant obligé de me
traîner parmi ces dégénérés qui ne savent pas que sa force et sa puissance ne
viennent que du respect et de la déférence qu'ils Lui portent. Ils se
prosternent pour un peu de pain ou de vin, pour une villa en Floride que le
vent emportera...
Si j'avais comme eux courbé
l'échine, baissé mon regard devant Sa Face, Il m'aurait pardonné dans sa
bienveillance mielleuse propre à tous ceux qui se plaisent à briser les êtres
pour montrer à tous le bien qu'ils leur feront pour les sortir de la misère
dans laquelle ils les ont plongés...
Oui, Dieu, tu ne veux régner que
sur des ignorants, car comment un ignorant pourrait-il comprendre tes desseins
? Un ignorant ne se soulèvera jamais, sauf s'il ne recevait plus ni pain, ni
vin, ni jeux... Oui, encore un adage ancestral bien exploité... Bravo !
Ma dernière carte, je ne croyais
pas que Tu accepterais de me l'accorder, ce qui montre une fois de plus
Ta stupidité infinie comme le monde et le temps que Tu as créés. Comme
châtiment, j'aurais pu choisir d'être enchaîné pour l'éternité, mais non, je
T'ai demandé d'accepter de me rejeter sur Terre... J'aurais pu Te demander
qu'un seul homme détourne son regard de Toi et m'offre sa foi ; non, je t'ai
demandé toute l'éternité moins une minute pour convertir toute l'humanité... Tu
as bien ri, Tu as pensé que jamais cette race inférieure que Tu as créée à ton
image, je Te le rappelle de nouveau non sans une certaine jubilation amère, ne
tournerait jamais dans sa totalité son cœur vers les Ténèbres. Tu te disais
sans doute que, dans le lot, il y aurait bien un million d'idiots plus idiots
que les autres qui garderaient foi en Toi... Des idiots assez idiots pour ne
pas se lancer dans la quête illusoire de plaisirs appelant d'autres plaisirs
encore plus illusoires... Et pourtant, je Te vois maintenant suer de
crainte sur ton trône ; les larmes qui perlent de ton front te glacent le sang.
Tu es en train de te rendre compte que la partie est perdue, mais pas non
seulement la partie, la guerre aussi. Oui, tu ne crains pas de perdre tous les
hommes, ce que tu crains, c'est de perdre ta vie, de devenir mortel comme ces
chiens à qui tu as offert bien plus que ce qu'ils ne méritaient, car voilà bien
ce que tu avais oublié au jour de notre petit défi : chaque fois qu'un homme
détourne son regard de Toi, que ce soit pour de l'or, une femme, ou que sais-je
encor, c'est une partie de ton immortalité que ton père t'avais léguée en même
temps que ce monde que tu décidas jadis de peupler de ces créatures qui
allaient le détruire pour te divertir de ta mélancolie qui s'envole... Et oui,
toi aussi tu eus un père, tu sembles l'oublier, depuis ce jour où tu décidas de
le tuer pour prendre sa place et endosser cette fonction qui plait tant à l'égo
démesuré de tous ceux qui veulent se faire appeler Dieu.
Je te vois trembler de plus
belle, car toi-même commence à ne plus croire en TOI !
Lorsque TU rédiges tes ordonnances, tu commences même à ne plus mettre de majuscules à tous les JE qui les jalonnent...
Lorsque TU rédiges tes ordonnances, tu commences même à ne plus mettre de majuscules à tous les JE qui les jalonnent...
Oui, la vie est une grande roue
qui tourne inlassablement, même pour ceux qui s'imaginent l'avoir domptée ! Tu
ne trembles plus à présent de peur, mais parce que TU sens le souffle de la
mort parcourir TON échine... Combien te reste-t-il de fidèles à présent,
dis-moi ? Tu n'avais plus baissé ton regard hautain vers eux depuis quelques
millénaires célestes, et que découvres-tu ? Dis-moi, parle-moi ! Tes forces
t'abandonnent, je le vois ! Ils ont brisé tes croix, détruit tes temples,
incendié tes cathédrales pour s'emparer des objets auxquels ils donnent tant de
valeur... pour les placer dans d'autres temples, dans d'autres cathédrales,
édifiés en mon nom...
Même envoyer ton Fils
n'arrangerait plus rien comme à la dernière révolution des temps, tu le sais !
Voilà bien longtemps qu'il radote tout seul dans une vieille chambre de
l'hospice dans lequel on l'a placé...
Je ne serai pas aussi magnanime
que toi lors de ton jugement devant la Cour des Dieux, car même les dieux
doivent rendre compte de leurs actes un jour ou l'autre, tu le sais.
Oui, tu pouvais, et devais selon
les Lois promulguées par ta propre personne sur tous les êtres mortels peuplant
notre monde, ne pas me laisser la vie sauve. Tu pensais que le demi-dieu, le
dieu adolescent en formation que j'étais alors, ne réaliserait jamais ce qu'il
s'était promis de réaliser.
Où sont-ils ? Montre-les-moi, J'attends...