jeudi 31 décembre 2009

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans



"J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans"
Charles Baudelaire


Je me souviens de ma première nuit.
Je n'avais connu que le jour depuis le trou noir de ma naissance, quelques heures plus tôt.

J'étais terrorisé lorsque le soleil disparut : je pensais que j'allais être condamné à vivre dans cette obscurité profonde dans laquelle mes yeux ne distingueraient rien pour l'éternité.

Je pense avoir prié toute la nuit, bien que je n'eusse jamais entendu parler d'un quelconque dieu...

Au matin, un peu avant l'aube, j'ai entendu les oiseaux chanter, et je pense encore aujourd'hui que même le chant des anges n'égale pas leur talent.

Depuis lors, des milliers de jours et de nuits se sont écoulés, et je sais qu'il m'en reste des millions d'autres à vivre ; et pourtant, je reste persuadé qu'ils seront tous différents...


Ce texte a été publié dans le numéro 308 de la revue "Les élytres du hanneton"
(Merci à  Bernadette, Bernard, Claudy, Geoffroy, Géry et Jacques...)

À l'ombre d'un chemin

Texte écrit en 2001.

À l'ombre d'un chemin

Regarde-moi dans les yeux !
Verras-tu à quel point je suis vieux ?
Mon âme errante se traîne en ce monde
Depuis le jour où la pierre troubla l'onde

Et n'a jamais, ne fut-ce qu'un instant,
Trouvé de place dans l'espace-temps.
Face à vos pseudo-connaissances,
Tendant au mystère des morts et naissances,

Je ne peux que ressentir une noble indifférence
Teintée d'amertume, pour vous, ma race...
Vous, qui rejetez avec dédain vos antiques croyances
Et louez sans retenue la science, cette vaste farce

Qui, rappelons-le, n'est pourtant pas la mère du vice,
Oubliez que la quête d'absolu et de vérité
Caractérisera la vie future de vos fils...
Tâchez donc de vous décharger de votre essence, la Vanité !

SAPIENS ?

Texte écrit en 2001.

SAPIENS ?

Quelle est donc la destinée des Hommes ?
Peut-on relater leur route depuis la pomme ?
Antiquité, Moyen Âge,... qui s'en souviendra
Dans cent millions d'éternités ? Qui résistera

Aux Souffles inquisiteurs nés du Sud ?
La Science, la Religion ? Qui sera assez rude ?
Les Glaces hyperboréennes emprisonneront
À jamais ces souvenirs, tel le liseron.

La Philosophie, dogme moderne des athées,
Qui semble au cerveau humain entée,
N'est-elle point un détail, comme le reste ?
Pour l'Esprit de l'Humanité, lâchons du lest.

De grandes idéologies ? Quatre ou cinq,
Tout au plus, traversent les temps abjects,
Se narguant l'une l'autre. "Que la meilleure vainque !",
Hurlent en raillant les sots que cela délecte.

Sommes-nous vraiment plus intelligents,
Êtres supérieurs des animaux si différents ?
Sans ambages, nous répondrons négativement.
Ô Vaniteux, cache vite ceci à tes enfants !

L'OLYMPE PERDU

écrit en 2003, publié dans le numéro 310 de la revue "Les élytres du hanneton"

L'OLYMPE PERDU

Aphrodite aux seins lourds se baignait
Héphaïstos près de la forge martelait
Apollon à l'ombre d'un arbre reposait
Zeus aux mortelles nues songeait
Héra même les rêveries de son frère jalousait
Hermès après l'arc-en-ciel courait
Athéna un œil sur la ville sacrée conservait
Artémis avec la biche et le faon jouait
Éros de ses flèches les cœurs tourmentait
Arès de ses nombreux combats rêvait
Déméter sur les champs d'or veillait
Dionysos au cœur de la vigne sommeillait
Poséidon armé de son trident guettait
Hestia toute la maisonnée surveillait...

mercredi 30 décembre 2009

Il est des mots...

2003

Il est des mots...


Il est des mots qui brûlent
Bien plus que les flammes infernales

Il est des mots qui brûlent
Parce qu'on n'ose les prononcer

Il est des mots qui brûlent
Pour nous conduire à la liberté

Il est des mots qui brûlent
En noble sacrifice

Il est des mots qui brûlent
Au faîte des temples

Il est des mots qui brûlent
En l'âtre des chaumières

Il est des mots qui brûlent
Dans le cœur des reines et des rois

Il est des mots qui brûlent
Au plus profond d'une prison

Il est des mots qui brûlent
En la moire de tes yeux

Il est des mots qui brûlent
Derrière un portail

Il est des mots qui brûlent
Devant un sage en prière

Il est des mots qui brûlent
Sous un chien qui pleure

Et plus que tout,
Il est des mots qui brûlent
En nos poitrines d'airain...

La flèche qui perce mon cœur porte ton nom, LIBERTÉ !

(2006)
Un homme passera toute sa vie à la recherche de son enfance.

(2006)
La patience est la mère de la sagesse.

(1998)

ÉVANESCENCE


"Je est un autre"                                       
        Arthur Rimbaud                 

ÉVANESCENCE

Des rires et des chants
Résonnent en le lointain
Sur la colline
Un feu rougeoyant danse
En mon cœur c'est l'angoisse
Seul bien sûr que je suis seul
J'ai toujours vécu dans la solitude
C'est un fait
Mais cette solitude je l'ai choisie
Je n'ai besoin des autres
Que comme moteur
Je me nourris de leur vie
Je me nourris de leurs soucis
Puis je replonge en mon antre
L'antre de la création
Là seulement là
Je peux m'élever
Vers ce que l'on peut nommer
Le Divin
Oui je rêve des dieux
Je sens parfois leur présence
Et même leur regard
Eux qui pourtant nous méprisent
Sombres mortels que nous sommes
Ils m'invitent à leur banquet
Je prends place à leur table
Hébé (ou est-ce Ganymède ?)
Court de coupe en coupe
Et nous gave de nectar.
Le tonnerre gronde et me réveille...
La pluie et l'orage ont éteint le feu !

Ce texte a été publié dans le numéro 275 de la revue "Les élytres du hanneton" (2006)

DÉCRUE

Ce texte a été publié dans le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (2006).

DÉCRUE

C'est la mer qui trace une route
Pour nos cœurs en déroute.
C'est le ciel qui s'écarte
Pour que doucement notre âme parte.

C'est le sol qui se fissure
Pour que coule sans murmure
Le long fleuve de l'oubli.

C'est la Lune qui pâlit
Pour nous arracher nos illusions
Et nous montrer la voie de la raison.

RYTHME de CROISIÈRE

Ce texte a été publié dans le numéro 275 de la revue "Les élytres du hanneton" (octobre 2006) et le numéro 49 de la revue "Krautgarten".

RYTHME de CROISIÈRE

La musique des sphères
La musique que l'on espère
La musique qu'on sait sincère

                nous délivre
                nous fait vivre
                nous enivre

La musique transporte notre âme
Jusques aux confins de l'Univers
La musique seule guérit notre âme
Comme ce Dieu que l'on sert.

ET TOUT RECOMMENCE

Ce texte a été publié dans le numéro 273 de la revue "Les élytres du hanneton" de juin 2006 et le numéro 49 de la revue "Krautgarten".

ET TOUT RECOMMENCE

Quelques mots, quelques notes
Sur une feuille de papier
Et c'est la chanson qui commence

Quelques larmes, quelques pleurs
Se perdant en un battement de cœur
Et c'est la vie qui commence

Quelques flammes, un peu de poussière
Qui vole dans le ciel
Et c'est l'errance qui commence

Une phrase, deux ou trois mots
Et tout recommence
Et tout recommence...

Qui jugera sera jugé, qui se moquera sera moqué...

vendredi 25 décembre 2009

ALPHABET

Ce texte a été publié dans le numéro 274 de la revue "Les élytres du hanneton" (septembre 2006).

ALPHABET

Avec pour seule lumière la flamme d'une
Bougie, il s'aventura très loin dans les dunes.
Confronté pour la première fois à la Nuit,
Doucement, il sentait l'effroi monter en lui.
Étourdi depuis des heures par le ressac,
Frémissement des vagues, la mer qui attaque
Gaîment la terre comme pour défendre son
Honneur. Il avait froid, étranges sensations...
Il ne savait plus très bien ce qu'il faisait là.
Juvénile explorateur, il découvrira
Kamis protecteurs au pied de l'arbre assemblés.
- Louange à Vous, ô Gardiens de l'Éternité !
- Mais quel est donc ce mécréant venu troubler
Notre divine réunion ? Veux-tu parler ?
- Ô Maîtres, je ne suis qu'un misérable enfant.
Pardon. Je marche depuis hier soir. Où vais-je,
Que fais-je ? Votre simple vue est privilège
Rare pour un grossier cloporte comme moi.
- Sois fier ! Vers nous, nous avons guidé tes pas.
Tu nous serviras désormais dans l'Invisible.
Un jour, tu pourras entrer dans l'inaccessible
Vallée où vivent en totale liberté
Wapitis et Cerfs, où, sur le bois d'olivier,
Xylophages ne prospèrent guère. Pourquoi
Y aurait-il d'autres que ceux qui ont la foi,
Zélés, à obtenir un rôle au firmament ?

lundi 21 décembre 2009

Celui qui triche une fois devra tricher toute sa vie.

dimanche 20 décembre 2009

STRUCTURE PYRAMIDALE À BASE ALEXANDRINE

Ce texte a été publié dans le numéro 111 de la revue "Imagine", en 2004.

STRUCTURE PYRAMIDALE
À BASE ALEXANDRINE


Un
Enfant,
C'est quelqu'un
Toujours     rêvant,
Toujours       espérant,
La       vie         traversant,
La  mort  ne connaissant point,
Les  yeux  tournés  vers le lointain,
Comme          ces        poètes      l'horizon
Défiant,      narguant     jusqu'à   la   raison.
Un enfant, c'est  comme une dernière chance,
Un  être   fait   de  chair,  de  sang  et  d'espérance.

mardi 15 décembre 2009

Tard dans la nuit



Tard dans la nuit


Hier soir, tard dans la nuit, je suis mort.

C'est une sensation étrange, l'impression de planer au-dessus de son corps, de visualiser la chambre dans ses moindres détails, mais d'un point de vue jamais exploré. Au niveau du cerveau, c'est comme une implosion, un grand clic, et puis on se retrouve à voler de-ci de-là...

Je peux rendre visite à qui je veux, aller chatouiller les pieds de mes voisins durant leur sommeil. Personne ne me voit, moi-même, je ne me vois pas, je veux dire que je ne me vois plus comme avant, un être fait de chair et de sang. Je me déplace à la vitesse de la pensée, j'explore le monde, puis la Lune, puis l'Univers.

Un souffle me rappelle, m'aspire, et me voici dans cette église, le jour de mon enterrement. Tous sont là, les larmes aux yeux, pour me rendre un dernier hommage ; je voudrais leur crier ma présence, en oubliant presque que mes cordes vocales reposent désormais entre ces quatre planches de bois brun. Une nouvelle aspiration, et me voilà dans un grand tunnel plein de lumière, ce fameux tunnel dont ils parlent tous. Pourtant, cette lumière me paraît fade... Je tourne la tête, à gauche, à droite, et, sur les murs de cette galerie, les images de ma vie semblent incrustées, fugitives, filant comme un paysage aux fenêtres d'un train ; je crois que c'est le défilement de ces images qui crée la lueur, et c'est peut-être pour ça qu'elle me paraît si fade... Quoi qu'il en soit, le voyage me donne l'impression d'être long, mais probablement n'est-ce qu'une illusion. Enfin, tout s'arrête, et je me retrouve flottant au cœur d'une immensité brumeuse. Serait-ce cela, le Paradis ? Une porte surgit devant moi, une voix caverneuse me parle dans une langue que je ne connais pas. "Êtes-vous Dieu ?", hasardé-je timidement. Un court silence suivit d'un grand éclat de rire. Je m'avance vers la porte : les deux battants s'ouvrent. Je la franchis, et tous mes souvenirs s'effacent, et tout autour de moi devient noir.

Hier soir, tard dans la nuit, je suis mort.






Ce texte a été publié dans le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (ISSN 1374-7762) de novembre 2006

On fera beaucoup plus avec peu qu'avec trop.

(2006)
  
La poésie ne s'écrit pas, elle se vit...
  

samedi 5 décembre 2009


Tout n'est qu'illusion ; c'est la croyance en l'illusion qui détermine ce que l'on nomme réalité.

(2003)

La poésie est la science ultime : elle seule est capable de fédérer toutes les couches du savoir.

(2007)

QUINTESSENCE

Ce texte a été publié dans le numéro 274 de la revue "Les élytres du hanneton" (ISSN 0777401) de septembre 2006 et le numéro 49 de la revue "Krautgarten" (ISSN 1374-7762) de novembre 2006.

QUINTESSENCE

Une nouvelle page s'ouvre sur un nouvel univers. Tous les écrits précédents sont en ces lignes condensés. Nous espérons que le lecteur pourra suivre quelque temps les pérégrinations de notre pensée dont l'unique objectif est la recherche de plus en plus approfondie de la connaissance, tendant à la découverte hypothétique d'une certaine sorte de vérité ultime. Comme tous les artistes véritables, nous avons commencé notre œuvre (et notre quête) au départ d'une question qui pour certains a pu, peut ou pourra devenir une obsession destructrice menant droit à la folie. Nous-mêmes avons fait l'expérience d'une certaine sorte de folie et pouvons affirmer avec une indéniable fierté que notre intelligence est bien plus puissante que cette forme d'illusion qui oppressa, oppresse et oppressera (malheureusement) bon nombre d'êtres parmi les plus ingénieux. Nous gardons également en mémoire que nous pouvons sombrer à tout moment, quel que soit notre niveau d'attention, en ce que nous qualifierons de géhenne de l'esprit. Cette question, pour ne pas nous perdre en digressions, la voici pour vous révélée : "À quoi on sert ?", quatre mots qui ont l'air bien insignifiants et qui pourtant recèlent en eux tous les mystères de la Vie. À vous bien sûr de décider quelle place vous leur accorderez et si vous vous aventurerez sur ce chemin que nous appellerons tout simplement le chemin de la connaissance.

dimanche 29 novembre 2009

Une vieille maison de bois



Une vieille maison de bois

Où dans l'âtre de marbre rose

Crépite un feu.

Quelques feuilles de papier

Traînent sur la table

En désordre.

La poussière

Colle aux murs

Et aux fenêtres.

La lumière du jour

Peine à y pénétrer.

Un oiseau

Sur une des branches

Du vieux pommier

Se pose.

Tout semble réuni

Pour une esquisse éternelle

D'un bonheur perdu

Depuis l'aube des temps.

Un jour,

L'enfant qui l'habite

Soulèvera le voile

Et les premières larmes

De l'homme qu'il sera devenu

Perleront au coin

De ses yeux.

Elles toucheront le sol

Et deviendront cristal.

La glace envahira son cœur

Et la haine

Troublera

Son esprit.


Ce texte a été publié dans le numéro 35 de la revue "Chemins de Traverse" en décembre 2009.

PRÉMICES

Ces textes ont été publiés par les éditions Memory Press dans un recueil illustré par des membres du  Club André Baillon, Liège (PRÉMICES - dépôt légal : D/2004/8078/3 - ISBN : 2-87473-072-9).



PRÉMICES


Première partie : La Mort apprivoisée


Esquisse

Nos âmes sépulcrales en des soies encloses
Nous font découvrir de bien exécrables choses
Naviguant sous le large océan de nos rêves.
Esquisse de Vérité, le Voile se lève...


Et l'or de leurs corps


Paul Gauguin, Et l'or de leurs corps, 1901


Et l'or de leurs corps
Conspuera la mort,
Ignorant la beauté
Enclose en l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Narguera la mort
Captive de la beauté
Esclave de l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Se rira de la mort,
Écartelant la beauté,
Se couvrant pour l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Comprendra la mort
Détruisant la beauté
Errant depuis l'Éternité ;

Et l'or de leurs corps
Convaincra la mort
Elle-même de la beauté
Créée par l'Éternité.

D'autres termes se cachent en l'or de leurs corps,
Des mots qui persisteront jusqu'après la mort,
Telles les déesses antiques, chantant la beauté
De leurs amants en leur offrant l'Éternité.


La Main des Temps

Il marcha vers la mort,
Abandonnant ses trésors.
Seul, il avança ;
Tout, autour de lui, s'effaça ;

La dualité le quitta
Et il compris que tout cela n'existait pas.
Sa pureté rayonnait tel le diamant
Qu'est l'étoile pour le firmament.

Son chemin, alors blanchi de roses,
Se déclama vers et non plus prose.
Il fut, l'espace d'un instant,
La Main des Temps.


DES ROUTES ASTRALES

Il chevauchait de blancs et célestes chevaux,
Seul, insouciant des théodolites géants.
Il évitait le chemin menant au désastre,
Il connaissait la route divine des astres.

La Vie coule tel le sinueux ruisseau
Et ne conduit nullement au caveau béant.
Le Génie deviendra-t-il le télamon
D'une humanité ne sortant que du limon ?


FOI

Je sens comme l'ombre d'un regard
Incident (fruit du destin et du hasard)
Effleurer la blancheur de mon cou.
Il ne reste plus que nous,

Esprits d'un autre monde,
D'une Terre sans onde,
Réduits en un corps pulvérulent
S'enfuyant au gré du vent.

Nous, qui sommes l'expression de la Création,
Abandonnons l'âme au Torrent. Inspiration :
Le Soleil ne craignez point lorsqu'Il s'éteindra ;
Dans les Ténèbres, la Foi vos pas guidera !


Aurais-je bu du Soma ?

Aurais-je bu du Soma ?
L'inspiration, en tout cas,
Se puise au tréfonds du Moi...

Je me sens d'une Grandeur
Digne des Premières Heures,
Approchant du Créateur...

Je n'ai ma place ici-bas,
Elle se trouve Au-Delà
Même du Rêve et de la Foi...

Mes Yeux ne vous voient pas grands,
Sombres êtres méprisants,
Quand j'entre en l'Esprit béant...

Tout ce que je sais, je vois,
Doit certes venir de là,
Que j'aie bu du Soma...


Continuité

Le feu se nourrit du Feu,
Les Eaux traitent tous les maux.

La Violence ne se soigne que par elle-même,
Le délire qu'en en allant au bout.

Le Ciel retourne au Ciel,
Et la Terre à la Terre.

Le Paradis est Enfer,
L'Enfer Paradis.

Le Centre s'excentre
Quand le milieu est envieux.

La Fumée n'est que Poussière,
La Poussière que Matière.

Les Temps sont liés,
Les Liens étroits.


Deuxième partie : Songes et Prophéties


Le cheminement d'un homme

Un homme cheminait avec ses six enfants.
Le temps passa et, au pied d'un châtaignier,
Laissa son premier fils qui était indolent
Dans une mesure qu'aucun ne put nier.

Ensuite, ce fut au tour de ses quatre filles
D'être enlevées par quatre vils garnements
Qui surent par quelques phrases douces, gentilles,
Vite faire oublier leur portion génitrice.

Il clopina avec son dernier descendant,
Gardant, à sa simple vue, une inspiratrice
Foi, ainsi plusieurs années... Jusqu'au jour
Où Route les mena droit à un carrefour :

Là, les attendait le Sinistre Créancier,
Qui prit pour gage la vie de son garçon.
Il lui fut de plus en plus pénible d'aller
Vers le destin que lui réservait le Démon.

Quand il entendit les Appels, il se rendit
Dans une vieille chapelle abandonnée...
Il s'agenouilla et commença à prier :
Elles durèrent trois jours pleins, ses litanies.

Tout son être n'était plus qu'un déchirement.
La courte ascèse, dont il n'était coutumier,
Provoquait en lui les étranges sentiments
Communs ; après cela, les hallucinations

S'estompèrent, les Clefs de l'Invisibilité
Brisèrent et son Cœur, et son Âme, et sa Raison...
La pluie d'Or, elle, n'était pas irréelle
(Il y a plus en son Corps que le sensoriel) ;

Elle l'enveloppait d'une nuée dense.
Mais il ne voulut pas songer aux conséquences
Quand en le Royaume de la Mort il entra.
De soi-même, nul ne peut pénétrer là-bas !


OUT OF THIS WORLD

Je vis totalement en dehors de ce monde,
Où la conscience n'est plus du tout féconde ;
Plus on se rapproche de la Vérité, et
Plus on s'éloigne du reste, la Société...

Je ne serai pas de ceux à qui l'on fera
Dire que le niveau de bonheur est croissance
Inversement liée au taux de connaissance.
L'Universalité un jour triomphera...


Qui suis-je ?

Qui suis-je ? Un chercheur de bonheur ;
Que cherché-je ? La Vérité ;
Qu'est la Vérité ? Le bonheur ;
Qu'est le bonheur ? Félicité...

Qu'est Félicité ? La voie de la sagesse ;
Qu'est la sagesse ? Tendre à la béatitude ;
Qu'est béatitude ? Ce que sage caresse ;
Qui est sage ? C'est une question d'altitude...


CŒUR

"Credo quia absurdum est !",
Résonne le vent venant de l'Est.
Pourquoi cet homme qui ne fut qu'un triste hère
Me dit-il donc : "Je ne sais où aller, que faire ?"

"Votre vie n'est pas ici !",
Entonne le vent blanc du Midi.
Vous tous, qui vivez dans un pitoyable monde,
Incrustez en vos chants : "Dieu, la Terre est féconde !"

"Cela n'est pas vrai, je proteste !",
Frissonne le pâle vent d'Ouest.
Apprenez enfin : "Personne n'aide personne !",
C'est la réponse du Berger qui nous raisonne.

"Mais la Vie demande efforts !",
Nous assaisonne le vent du Nord.
Contente-toi d'aller où ton cœur te porte,
Joie et Espérance vers nirvana t'emportent !

"Vois donc cet esprit qui se nimbe !",
Fredonne l'austère vent des Limbes.
Ne sois point de ceux répandant des hypocrites
Le culte, tes actions, au Livre sont transcrites !


Licornes

Depuis la Nuit des Temps,
Nous errons, tristes amants,
Sur de mystérieux Chemins.
Serons-nous assez sages, demain,

Comme le furent jadis les licornes
Que les adultes aujourd'hui écornent ?
Ne soyons point de ceux qui ôteront la Vie,
La Rose, qui sommeille et fleurit en Paradis !

On ne peut, de l'Écrivain, les secrets
Percer : "Ce qui est écrit est."


L'Aile de la Plénitude

La source de bonheur est en Vous !
Filez vers elle, annulez vos rendez-vous !
Comme certains, ne vous arrêtez point de creuser
Parce que ce que vous voyez vous paraît insensé !

La source de bonheur est en Vous !
Plongez en elle, devenez enfin fous !
N'éprouvez donc nulle crainte de cet univers,
Puisqu'il n'était pas vôtre, ce paysage d'hiver !


Ce que l'ANGE me dit

Je ne suis qu'un Ange,
Je ne suis sur Terre
Que pour élever de la fange
Ton âme délétère vers l'Éther.


Le Marteau de THOR

J'ai vu la Pieuvre étendre ses huit bras fangeux
Sur un Monde qui ne méritait guère mieux.
Dans la grande Mer, j'ai vu les boules de Feu
S'abattre comme le foudre de Jupiter.
Je les ai vu fuir, les Démons de la Terre.


TALISMAN

Ô Vous, les Très-Grands,
Écartez de moi
Ces Yeux malveillants,
Souverains et Rois.

Que la collusion
Par la consomption
Au loin les entraîne
Des divines plaines.

Que s'ouvre sous eux
L'Enfer et ses feux ;
Que brûle leur âme
Pour n'être pas flamme.


Troisième partie : Les Inaccessibles


TEMPS

Qui est comme le ciel,
Qui est comme le miel
Qui entre tes doigts coule
Si ce n'est le temps qui s'écoule ?

Qui sont comme le gel,
Qui sont comme le fiel
Qui en ton corps s'écoule
Si ce ne sont les temps qui coulent ?


L'ESSENCE d'une vie

Les Rêves brisés d'un enfant
Par la seule volonté de ses parents...
Il s'agenouilla et recueillit,
Entre ses doigts usés et flétris

Par l'âge, l'essence d'une vie
Qu'il n'a pas vécue. Envie
De vengeance ? Il est trop tard
Pour toi, sinistre vieillard...

À lui seul incombe la faute...
Il le sait... Alors il saute...
Ton insondable stupidité
Est mère de ta méchanceté.


PHANTASME désespéré du ROMANTIQUE Solitaire

C'est de moi que vous rêvez
Lorsque vos yeux sont clos ;
C'est à moi que vous pensez
Quand votre cœur est au repos.


Parmi les larmes

Parmi les larmes des Cieux,
Parmi les larmes des Dieux,
Se trouvent deux Perles d'Or
Ouvrant les Portes du Royaume de la Mort.


Création de l'Éden

Le Soleil irisa de ses fades reflets
Le long fleuve et donna à la verte vallée
Gracieuse allure d'un jardin d'Éternité.


PASTORALE

Ensemble on fondit la bergère et le poète...
De leur union de bronze naquit Cupidon,
Lui qui fit battre tant de cœurs à l'unisson.


Rien que pour tes yeux

Si ce que tu fais est beau à tes yeux
Alors les cris monstrueux des envieux
Ne parviendront plus à tes oreilles,
Et s'éloignera le Superficiel.


PURGATOIRE

J'ai tant brûlé mes yeux pour abreuver ma rétine famélique que mon âme s'est purgée en sa totalité des lourdes icônes du passé.

Le saut de l'ange, c'est l'ENFER...

Ce texte a été lu à "La Fleur en Papier Doré" ("Het Goudblommeke in Papier"), Bruxelles, et publié sur les ondes le 26 septembre 2008.

Le saut de l'ange,
c'est l'ENFER...

Il est parti sans se retourner, jamais...
Et depuis,
C'est un autre monde qui lui tend les bras.

                           Écoute ce cœur qui bat
            Quand je te vois
            Tourner les pas
Ces mots que personne ne lira
Le temps et le vent
Les effaceront
                 Mais en ton cœur
            Pour l'Éternité
         Se graveront
Un voyageur sans ombre
Bravant et la pluie
Et la nuit
                          Ce carillon qui résonne
                                                Comme un cœur qu'on abandonne
                                Un sage qu'on emprisonne
Un rêve sans fin
Pour rester vivant
Fuir contre le temps
                   Une âme créatrice
                        Descendue des cieux
     Et des nues

jeudi 26 novembre 2009

VÉRITÉ

Ce texte a été publié dans le numéro 273 de la revue "Les élytres du hanneton" de juin 2006 (ISSN 0777401).


VÉRITÉ

Tout ce qui nous paraissait vrai
Du jour au lendemain
S'est effacé
Au plus profond de nos êtres
Quelque chose s'est brisé
Comme un vase de cristal

Tout ce qui nous paraissait vrai
N'est plus d'actualité
Un vers un poème
Un nouvel alphabet
Rien ne reconstruira
Notre cœur en éclats

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