— Alors, comme ça, c'est vous qui savez interpréter les rêves ?

— Y paraît, oui...
— Alors, comment ça marche ?
— Bah, dans les grandes lignes, il faut tout d'abord déterminer si c'est symbolique ou prémonitoire, et...
— Bien, bien. Mais le mien, il est symbolique ou prémonitoire ?
— Quoi, le vôtre ?
— Ben oui, il est symbolique ou prémonitoire ?
— Mais comment voulez-vous que je le sache, puisque vous ne me l'avez pas encore raconté !
— Tiens, c'est vrai. Mais bon, si vous commencez à vous appesantir sur les détails...
— Bon...
— Bon, quoi ?
— Vous me le racontez, ou pas ?
— Ah, oui, voilà : j'ai rêvé la nuit dernière que la reine Mathilde découpait le roi Philippe en morceaux et le donnait à manger à ses enfants pour le déjeuner. À votre avis, c'est plutôt symbolique ou prémonitoire ?
— Bon, là, clairement, on est plutôt dans le symbolique. Cela veut peut-être dire que le royaume de Belgique risque dans un avenir proche d'être disloqué. Et, sans doute, que chacun des enfants du couple sera amené à en diriger une de ses parties. Ou alors que...
— Oui, mais...
— Mais quoi ?
— Ben, si c'est prémonitoire ?
— Quoi, si c'est prémonitoire ?
— Ben oui, qu'est-ce qui va se passer si c'est prémonitoire ?
— Comment, qu'est-ce qui va se passer si c'est prémonitoire ? C'est pourtant clair, non ?
— Vous voulez dire que...
— Et oui...
— Mon Dieu !
— Allons, du calme, ce n'est qu'un petit rêve, sans plus... Ce n'est pas pour ça que...
— Tout de même... Pauvres mineurs argentins !