C'est un spectacle consternant que nous ont offerts les deux équipes durant les quarante-cinq premières minutes de cette finale totalement inattendue de la Coupe du Golfe. Les deux équipes se sont toutes les deux retranchées dans leur camp respectif, ne s'aventurant que très rarement dans le territoire de l'adversaire. Vraiment rien à signaler, si ce n'est deux exclusions tout à fait ridicules et affligeantes : suite à un tacle appuyé, Salim Ben Arara Fatfat se relève pour mordre Adam Ben Gourion au mollet, qui réagit en piétinant de ses crampons la cage thoracique de son agresseur agressé. L'arbitre du match, John Wayne Jr., un Indonésien d'origine américaine, n'eut donc d'autre option que de renvoyer les deux joueurs aux vestiaires. Ces derniers, nullement apaisés, recommencèrent leur pugilat dans les couloirs du stade de Babylone-la-Grande, qui peut accueillir, pour rappel, soixante-six mille six cent soixante-six spectateurs. Mais ce qui se passe dans les tribunes est du même acabit, les supporters palestiniens brandissant le portrait d'Adolf Äche, l'entraîneur controversé de l'équipe nationale allemande, la Mannschaft, qui avait étrillé Israël il y a si longtemps de cela que plus personne ne se souvient quand c'était exactement par treize buts à zéro. Les partisans israéliens répliquant par le jet de hot-dogs à la moutarde, nécessitant l'intervention des forces de l'ordre et l'arrestation de quarante-trois personnes immédiatement identifiées par les caméras de surveillance qui étaient en fait déguisées en caméras pour voir si le ballon a passé ou non la ligne de but et qui laissaient penser aux auteurs de ces lancers de hot-dogs à la moutarde qu'ils pouvaient agir en toute impunité. Espérons qu'au cours de la seconde période, joueurs et spectateurs auront retrouvé leurs esprits et que nous pourrons assister à un véritable affrontement footballistique digne de ce nom, ce dont je doute beaucoup. Je demande, à tout hasard, qu'un des hélicoptères de la régie se tienne prêt à décoller au cas où cela devait dégénérer un peu plus, et mettre en danger l'intégrité physique des quelques rares journalistes civilisés ayant fait le déplacement dans cette arène de Babylone-la-Grande pour assister à cette grande finale...