Cela fait bien longtemps
que je ne reconnais
plus les gens
Je vis dans un brouillard
entouré d'ombres
qui me sourient
Le temps qui passe
n'a aucune prise
sur moi
Ma vie est
un manège
qui tourne sans fin
Je vis et revis
inlassablement
les mêmes vicissitudes
Je ne trouve
de repos
nulle part
Même au sein
des couches
les plus moelleuses
Mourir
tout comme aimer
m'est interdit
Mes jours
et mes nuits
sont interminables
La peur et l'angoisse
nouent ma poitrine
à chaque instant
Je mange sans goût
je bois sans soif
sorte de Tantale moderne
Être insignifiant
perdu au milieu
des insignifiants
Je marche sans but
dans des villes
fantomatiques ou surpeuplées
J'arpente les mers
gravis les montagnes
chevauche les continents
Où que je sois
je suis seul
sans savoir pourquoi
Quelles atrocités
ai-je bien pu
commettre
Pour être ainsi
condamné
même le sort
De Prométhée
sur son rocher
me semble enviable
J'espère
un Héraclès
pour chasser
L'aigle assoiffé
qui me tourmente
et briser mes chaînes
En attendant
la course folle
continue
Et m'emporte
vers de nouvelles
souffrances