J'ai toujours aimé les rennes.
Enfant, on m'a dit que le traîneau du Père Noël était tiré par sept de ces charmants animaux, mais je pensais qu'il s'agissait des sept femmes du roi de Norvège, Sigurd Illigson...
Durant mon adolescence, mon père m'enseigna tout ce qu'il fallait savoir sur leur élevage, sur l'utilisation des différentes parties de leur corps, que ce soit pour se vêtir ou pour fabriquer des hameçons à partir de leurs os...
Aujourd'hui, voilà plus de trente ans qu'à chaque hiver je dois monter un peu plus vers le Nord pour trouver le lichen dont ils se nourrissent, et tout le monde pense que je suis fou de continuer à vivre comme les pères de nos pères qui, depuis la nuit des temps, accomplissent les mêmes gestes que moi, au lieu d'être bien au chaud dans ces nouvelles constructions qui ne sont même plus en bois et de regarder cette boîte à images qu'ils appellent télévision et qui endort leur esprit, tout en buvant de l'alcool frelaté qui détruit leur santé et condamne leurs âmes à des tourments bien pires encore.
Ce n'est qu'en leur compagnie que je me sens heureux, et même ma femme et mes trois fils ne me donnent pas tant de joie...