mercredi 23 janvier 2013

BRÛLER, BRÛLER, BRÛLER



À Jack Kerouac,
un homme chanceux
que la route
implacable et tentaculaire
a régurgité






Je ne veux pas être quelqu'un de normal
et encore moins côtoyer des gens normaux
des gens qui travaillent
qui suent du soir au matin sang et eau
pour amasser des bouts de papier sans valeur
sous le lit sur lequel
ils pleureront
passé septante ou soixante-dix ans
les années perdues
qui élèvent des enfants
à coup de larmes de sang
qui engendreront eux-mêmes
d'autres enfants
qui viendront immanquablement
cracher ou pisser
sur leur tombe
qui possèdent ou du moins le croient
un abris, une belle maison
sans savoir qu'elle deviendra
plus oppressante qu'une cellule de prison

Non, ce que je veux
c'est brûler, brûler
mais entendons-nous bien
non pas brûler
jusques au trépas
jusques au tombeau
mais brûler, brûler
pour l'éternité






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