Un homme cheminait avec ses six enfants.
Le temps passa et, au pied d'un châtaignier,
Laissa son premier fils qui était indolent
Dans une mesure qu'aucun ne put nier.
Ensuite, ce fut au tour de ses quatre filles
D'être enlevées par quatre vils garnements
Qui surent par quelques phrases douces, gentilles,
Vite faire oublier leur portion génitrice.
Il clopina avec son dernier descendant,
Gardant, à sa simple vue, une inspiratrice
Foi, ainsi plusieurs années... Jusqu'au jour
Où Route les mena droit à un carrefour :
Là, les attendait le Sinistre Créancier,
Qui prit pour gage la vie de son garçon.
Il lui fut de plus en plus pénible d'aller
Vers le destin que lui réservait le Démon.
Quand il entendit les Appels, il se rendit
Dans une vieille chapelle abandonnée...
Il s'agenouilla et commença à prier :
Elles durèrent trois jours pleins, ses litanies.
Tout son être n'était plus qu'un déchirement.
La courte ascèse, dont il n'était coutumier,
Provoquait en lui les étranges sentiments
Communs ; après cela, les hallucinations
S'estompèrent, les Clefs de l'Invisibilité
Brisèrent et son Cœur, et son Âme, et sa Raison...
La pluie d'Or, elle, n'était pas irréelle
(Il y a plus en son Corps que le sensoriel) ;
Elle l'enveloppait d'une nuée dense.
Mais il ne voulut pas songer aux conséquences
Quand en le Royaume de la Mort il entra.
De soi-même, nul ne peut pénétrer là-bas !
OUT OF THIS WORLD
Je vis totalement en dehors de ce monde,
Où la conscience n'est plus du tout féconde ;
Plus on se rapproche de la Vérité, et
Plus on s'éloigne du reste, la Société...
Je ne serai pas de ceux à qui l'on fera
Dire que le niveau de bonheur est croissance
Inversement liée au taux de connaissance.
L'Universalité un jour triomphera...
Qui suis-je ?
Qui suis-je ? Un chercheur de bonheur ;
Que cherché-je ? La Vérité ;
Qu'est la Vérité ? Le bonheur ;
Qu'est le bonheur ? Félicité...
Qu'est Félicité ? La voie de la sagesse ;
Qu'est la sagesse ? Tendre à la béatitude ;
Qu'est béatitude ? Ce que sage caresse ;
Qui est sage ? C'est une question d'altitude...
CŒUR
"Credo quia absurdum est !",
Résonne le vent venant de l'Est.
Pourquoi cet homme qui ne fut qu'un triste hère
Me dit-il donc : "Je ne sais où aller, que faire ?"
"Votre vie n'est pas ici !",
Entonne le vent blanc du Midi.
Vous tous, qui vivez dans un pitoyable monde,
Incrustez en vos chants : "Dieu, la Terre est féconde !"
"Cela n'est pas vrai, je proteste !",
Frissonne le pâle vent d'Ouest.
Apprenez enfin : "Personne n'aide personne !",
C'est la réponse du Berger qui nous raisonne.
"Mais la Vie demande efforts !",
Nous assaisonne le vent du Nord.
Contente-toi d'aller où ton cœur te porte,
Joie et Espérance vers nirvana t'emportent !
"Vois donc cet esprit qui se nimbe !",
Fredonne l'austère vent des Limbes.
Ne sois point de ceux répandant des hypocrites
Le culte, tes actions, au Livre sont transcrites !
Licornes
Depuis la Nuit des Temps,
Nous errons, tristes amants,
Sur de mystérieux Chemins.
Serons-nous assez sages, demain,
Comme le furent jadis les licornes
Que les adultes aujourd'hui écornent ?
Ne soyons point de ceux qui ôteront la Vie,
La Rose, qui sommeille et fleurit en Paradis !
On ne peut, de l'Écrivain, les secrets
Percer : "Ce qui est écrit est."
L'Aile de la Plénitude
La source de bonheur est en Vous !
Filez vers elle, annulez vos rendez-vous !
Comme certains, ne vous arrêtez point de creuser
Parce que ce que vous voyez vous paraît insensé !
La source de bonheur est en Vous !
Plongez en elle, devenez enfin fous !
N'éprouvez donc nulle crainte de cet univers,
Puisqu'il n'était pas vôtre, ce paysage d'hiver !
Ce que l'ANGE me dit
Je ne suis qu'un Ange,
Je ne suis sur Terre
Que pour élever de la fange
Ton âme délétère vers l'Éther.
Le Marteau de THOR
J'ai vu la Pieuvre étendre ses huit bras fangeux
Sur un Monde qui ne méritait guère mieux.
Dans la grande Mer, j'ai vu les boules de Feu
S'abattre comme le foudre de Jupiter.
Je les ai vu fuir, les Démons de la Terre.
TALISMAN
Ô Vous, les Très-Grands,
Écartez de moi
Ces Yeux malveillants,
Souverains et Rois.
Que la collusion
Par la consomption
Au loin les entraîne
Des divines plaines.
Que s'ouvre sous eux
L'Enfer et ses feux ;
Que brûle leur âme
Pour n'être pas flamme.
Troisième partie : Les Inaccessibles
TEMPS
Qui est comme le ciel,
Qui est comme le miel
Qui entre tes doigts coule
Si ce n'est le temps qui s'écoule ?
Qui sont comme le gel,
Qui sont comme le fiel
Qui en ton corps s'écoule
Si ce ne sont les temps qui coulent ?
L'ESSENCE d'une vie
Les Rêves brisés d'un enfant
Par la seule volonté de ses parents...
Il s'agenouilla et recueillit,
Entre ses doigts usés et flétris
Par l'âge, l'essence d'une vie
Qu'il n'a pas vécue. Envie
De vengeance ? Il est trop tard
Pour toi, sinistre vieillard...
À lui seul incombe la faute...
Il le sait... Alors il saute...
Ton insondable stupidité
Est mère de ta méchanceté.
PHANTASME désespéré du ROMANTIQUE Solitaire
C'est de moi que vous rêvez
Lorsque vos yeux sont clos ;
C'est à moi que vous pensez
Quand votre cœur est au repos.
Parmi les larmes
Parmi les larmes des Cieux,
Parmi les larmes des Dieux,
Se trouvent deux Perles d'Or
Ouvrant les Portes du Royaume de la Mort.
Création de l'Éden
Le Soleil irisa de ses fades reflets
Le long fleuve et donna à la verte vallée
Gracieuse allure d'un jardin d'Éternité.
PASTORALE
Ensemble on fondit la bergère et le poète...
De leur union de bronze naquit Cupidon,
Lui qui fit battre tant de cœurs à l'unisson.
Rien que pour tes yeux
Si ce que tu fais est beau à tes yeux
Alors les cris monstrueux des envieux
Ne parviendront plus à tes oreilles,
Et s'éloignera le Superficiel.
PURGATOIRE
J'ai tant brûlé mes yeux pour abreuver ma rétine famélique que mon âme s'est purgée en sa totalité des lourdes icônes du passé.