jeudi 27 octobre 2011

LA PROIE



Je suis une proie facile
de celles qu'on aime
douces et dociles

J'attends désespérément
sur un banc que
quelqu'un m'appelle

Un souffle fait s'envoler
des feuilles rougies
par l'automne

Deux hommes passent
il suffirait d'un sourire
aucun d'eux n'ose

Je suis seule triste et perdue
je suis une ombre qu'on voit
la nuit dans les rues de la ville

Mes joues et mes yeux sont creusés
je suis maigre à en faire trembler
une voiture vient de s'arrêter

"Ça te dirait de travailler pour moi ?"
je fais oui de la tête
mon destin est scellé

De bars en vitrines
je vais louer mes charmes
les mains aux fesses les coups parfois

Tout cela ne me fait plus rien
je veux crever mais je n'y arrive pas
je me suis ouvert les veines

J'ai avalé tout plein de comprimés
mais je suis toujours là
chaque matin l'angoisse me déchire

Un peu plus mon corps et mon âme
ne sont plus que lambeaux
je n'arrive plus à compter jusqu'à dix

Sans me tromper
je crois que j'ai même
oublié mon nom

La créature que je croise
dans les miroirs n'est plus
que le fantôme de ma mémoire


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