mercredi 17 septembre 2025

LES MOULINS DE MON CŒUR


À Michel Legrand et Frida Boccara

Ils tournent et tournent les moulins de mon cœur
Apportant vie à mon esprit et mes organes
Oh c’est comme un orchestre andalou ou tzigane
Qui fait danser chanter une tiède liqueur

Déversant ses saveurs d’un air un peu moqueur
Et espiègle dans le sang charme de Morgane
Ou de toute autre fée Ô toi la salangane
Qui m’as emporté loin des affreuses rancœurs

Que tes frêles ailes me semblent douces saintes
Toi l’infatigable voyageuse bien ceinte
De plumes divines et d’air chaud et brûlant

Je te vois tourner et tourner dans les hauts cieux
Telle une nuée de sable pulvérulent
Charriant un cerf-volant abîmé mais gracieux

IBLIS


Tous se prosternent face au souverain Iblis
Tous les êtres faits de feu et non point d’argile
Mais ce sera leur tour un jour son évangile
Venant de paraître sur notre Terre lisse

Oh je vois déjà ton regard plein de malice
En suivant ses exploits lui qui n’est ni fragile
Ni pusillanime lui qui tel un agile
Jaguar ou chamois sait éviter les supplices

Ainsi que les écueils placés sur son chemin
Par ses adversaires aux très rugueuses mains
Lui qui fut chassé oui pour avoir refusé

De courber l’échine devant la créature
Cette créature qui a fort abusé
Du pardon divin et de sa progéniture

samedi 13 septembre 2025

LE GARDIEN DES MORTS


Toi qui connais l’hébreu tu connais le shomer
Celui qui garde les morts avant que leur âme
Ne continue son long voyage vers les flammes
Ou les pâturages célestes fort charmeurs

Il sait tout de la mort des humeurs des tumeurs
De la métempsycose et des secrets des brahmes
Il a lu la Torah plus de cent fois Infâmes
Sont ceux qui méprisent cet être le shomer

Il chante les psaumes durant plusieurs nuits
Épargnant aux défunts les plus affreux ennuis
Et la solitude qui tue à petit feu

Cette protection est paraît-il primordiale
Son amour détaché est bien loin d’être un jeu
Ou un simple travail dans le cérémonial

LE PSYLLE


Je me souviens de ce doux charmeur de serpents
Oh qui allait de ville en ville pour chasser
Ces pauvres mal-aimés oui pour les déplacer
Au fond d’une forêt de nombreux verts arpents

Le son de la pungi à la vie les suspend
Et les fait danser Je les vois entrelacés
Dans leur panier de jonc habilement tressé
Eux qui pourtant comme nous n’ont pas de tympans

Ah quel bonheur que de le voir les libérer
D’un sifflement ils le saluent pour révérer
Leur sauveur puis ils se retournent et s’en vont

Vers leur nouvelle vie Ces compagnons des dieux
Se rappelleront de lui marquant sur son front
Le signe des justes un pur soleil radieux

SÉRENDIPITÉ


Ah qu’il est heureux le poète quand il trouve
Au détour d’une rime un nouvel univers
Oui dans les méandres d’un pourtant simple vers
La signification d’une pensée qui couve

En son esprit depuis toujours Oh qu’il éprouve
Alors une telle joie qu’il s’en va devers
De bien beaux horizons des pâturages verts
Comme un père qui un fils prodigue retrouve

Il n’est point de hasard pour qui sait observer
Tout a un sens et dans le destin est gravé
Depuis l’éternité ce qui doit être su

Sera dévoilé au temps voulu aux humains
Et ce par la voix de ceux qui furent conçus
Pour ce faire par la plus divine des mains

LES PIEDS NUS


Je ne veux plus porter de chaussures sabots
Mocassins et autres monstrueux godillots
À l’air suranné ou du moins assez vieillot
J’ai l’impression d’avoir les pieds et l’esprit bots

Je ne voudrais marcher que comme un fol Rimbaud
Sur de l’herbe verte et éviter le billot
De la conformité Dans mon sang un caillot
Se forme en y pensant tel un vaurien ribaud

Que j’aimerais pouvoir arpenter les bois nu
Être un chevreuil ou un loup Un vieillard chenu
Voilà ce que je suis devenu aujourd’hui

Regrettant de n’avoir oh jamais rien osé
Oui perclus de regrets et de honte je suis
Par le poids du monde et des regards écrasé

LES ÎLES MYSTÉRIEUSES


Au loin vers l’horizon les îles mystérieuses
N’attendent que nous pour étancher nos chagrins
Et nous inspirer de nobles alexandrins
Auprès des goélands et des mouettes rieuses

Envolons-nous donc vers ces sœurs bien peu sérieuses
Laissons-nous de blanches passions ceindre les reins
Et écartons nos cœurs de ce qui n’est serein
Même si cela mène à la folie furieuse

Oh quand embarquerez-vous sur un frêle esquif
Pour défier les flots les tumultueux récifs
Jamais sans doute car l’on veut nous écarter

Dès le plus jeune âge des fières aventures
De tout ce qui leurre les esprits limités
Par les bruits des villes les klaxons des voitures

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