mercredi 18 décembre 2024

LE BÂTISSEUR


À Willy Demeyer

Willy le Bâtisseur se promenait dans Liège
Contemplant son œuvre un très grand sourire aux lèvres
Il savait qu’il avait fortement bien moins mièvre
Rendu la cité des princes-évêques piège

Des urbanistes au cours des siècles et siège
De nombreuses âmes révoltées dont la fièvre
Ne demande qu’à se libérer En orfèvre
Il avait sculpté ses rues pour que les cortèges

Audacieux des anges puissent au bon moment
Déferler dans la ville et ses beaux monuments
Contempler Il leva les yeux vers le ciel

Lorgna autour de lui Nul ne semblait le voir
Il s’est effacé dans un élan démentiel
Du paysage nous lançant un au revoir

LÉOPOLD II


Sous son air bonhomme et sa longue barbe grise
Se cache un boucher de son siècle le plus grand
Peut-être Ils le tairont mais pour combien de temps
Ses statues sont déjà écartées de la brise

Et les longs boulevards où les fleurs de cerise
Dansent joyeusement lors de chaque printemps
Ont oublié son nom depuis assez longtemps
Mais il résonne encore en des cœurs sous emprise

Ceux de celles et ceux sans nulle main à tendre
Vers le ciel dont ce roi devait être le tendre
Représentant Toi qui reposes aujourd’hui

Au fond d’une crypte toi seul connais tes crimes
Et tes bonnes actions oui toi seul sais le prix
Payé par ton âme jusqu’au moindre centime

mercredi 11 décembre 2024

LE SAGE


Il se raconte qu’il vivait dans une grotte
Qu’il n’en sortait que pour puiser de la douce eau
Et des baies sauvages cueillir que ses yeux beaux
Il usait à force de compulser des notes

Au fond de grimoires sentant la bergamote
Et poussiéreux aussi rares qu’un lionceau
Sur la banquise écrits sur de la vieille peau
D’agneau en des langues que les grands polyglottes

Ignorent pleinement le tout à la lueur
De la flamme d’une bougie Quelle splendeur
Que d’ainsi l’observer et de s’imaginer

La hauteur des idées traversant son esprit
Des conceptions qui n’ont strictement aucun prix
Voilà pourquoi il se doit d’être couronné

dimanche 8 décembre 2024

LES SPINELLES


J’ai creusé la terre dans le but d’y trouver
Des pierres précieuses ou du sombre pétrole
Je m’y suis cassé les dents mais une alvéole
Se montra généreuse un jour Quelques Ave

Jaillirent de mon cœur car je n’osais rêver
D’enfin parvenir à mes fins et de la geôle
Immonde où je vivais sortir Une auréole
L’entourait et lorsque mon travail achevé

Fut je savais que la pêche avait été bonne
Je pus y découvrir parmi tous les carbones
De magnifiques et assez rares spinelles

Qui furent le début de ma grande fortune
De bien mille feux ils brillaient en sentinelles
Des mondes célestes comme certaines lunes

vendredi 6 décembre 2024

LE FARFADET


Au son des fifres et des tambourins tendus
Un farfadet danse pauvre jouet du Diable
Sautillant comme une puce fort misérable
À la moindre note Il est vraiment assidu

Et sa folie semble faire de lui perdu
Au milieu des steppes et loin de ses semblables
Un brasier scintillant une étoile improbable
Rien ne peut l’arrêter il est comme fondu

Dans un paysage que nul ne peut connaître
Sa peau est à la fois comme qui vient de naître
Et comme celle de qui a bien trop vécu

Son corps déformé par le très intense effort
Laisse quelques traces fugaces et sonores
Parmi nous même s’il sait qu’il sera vaincu

mercredi 4 décembre 2024

SÉPHORA


Retiens tes larmes ô très grande Séphora
Il est parti au loin celui que tu aimais
Tant sans que tu saches où et pourquoi Jamais
Tu ne le reverras la force de ses bras

Ne te contiendra plus quand le soir scélérat
S’abattra sur toi et tes troupeaux au sommet
D’une colline sans végétation Mais
Un jour un léger vent sec et froid t’apprendra 

Qu’il est maintenant temps de rejoindre l’époux
De sang qui fut le tien et de sur les genoux
Faire la paix avec l’Éternel notre Dieu

Lui qui imposa à ton fils une souffrance
Dont tu ne voyais que la rude incohérence
Et d’enfin louer le grand miséricordieux

mercredi 27 novembre 2024

LES ANCIENS DIEUX


Au plus profond des plus profondes des ténèbres
Sommeillent des êtres qu’il vaudrait bien mieux
Ne jamais réveiller Ces anciens dieux
Qui dominèrent la Terre géants funèbres

Attendent leur moment pour devenir célèbres
Comme d’antan lorsque leurs noms mystérieux
Étaient scandés par les poètes orgueilleux
Et les adorateurs des plus sombres algèbres

Il suffirait que l’un d’eux reprenne conscience
Pour balayer tous les travaux de la science
Établir de nouveau un règne de terreur

Leur puissance est telle que trois pauvres secondes
Seraient suffisantes pour que les noires ondes
Déferlent parmi nous nous plongeant dans l’horreur

Nombre total de pages vues