mercredi 30 avril 2025

LES EAUX DU SCAMANDRE


Elles bouillonnent les eaux du puissant Scamandre
Le sang pur des Troyens immolés par Achille
L’a rendu vermeil lui naguère si tranquille
L’indigestion le pousse hors de ses méandres

La fureur le gagne il devient lave cendres
Nul ne peut résister poissons arbres fertiles
Le héros reste seul face à cet indocile
Torrent vraiment prêt à le gober sans esclandre

Il fallut qu’un dieu claudicant intervienne
Pour le sauver d’une mort brutale et certaine
Armé d’un feu plus fort que la rage du fleuve

Aujourd’hui personne ne se souvient de ces
Événements à part des vieillards et les veuves
Immortelles qui n’ont plus trouvé de succès

IL PLEURE


À MC Solaar

Devant tant de manque de foi et d’espérance
Il pleure implorant les dieux les anges divins
Et les créatures célestes Quatre-vingts
Démons maléfiques de leur langue fort rance

L’assaillent sans cesse prenant mille apparences
Les combattre semble si chimérique et vain
Tellement le monde est sourd nombre d’écrivains
L’ayant déjà conté tout emplis de souffrance

Et pourtant il lutte pensant son sacrifice
Nécessaire essentiel De tous les orifices
Son sang coule venant rougir la rue pavée

Et puis le grand fleuve déborde rugissant
Emportant avec lui les âmes dépravées
Au loin un arbre nu s’endort en frémissant

jeudi 24 avril 2025

LA LOI D’AIRAIN


À Ferdinand Lassalle

Ah fidèle esclave quand te rendras-tu compte
Que l’on profite de toi depuis ta naissance
Et que tu ne dois ta peu paisible existence
Qu’aux richesses que tu produis bien loin des contes

Tu manges à ta faim sans plus puis tu affrontes
Ta journée de travail si dure harassante
Que tu n’as d’autre choix que la nuit innocente
Rejoindre dans ton lit de manière très prompte

Ainsi s’écoule ta vie sans joies ni excès
Parvenir jusqu’à la tombe étant un succès
Mérité offrant un peu de repos enfin

Oui s’ils te nourrissent et te donnent un toit
Ce n’est pas par bonté mais parce qu’à leurs fins
Tu permets d’arriver Te voilà fort pantois

LA DAME DU LAC


Au fond du lac la dame attend très entourée
De ses oiseaux roses et bleus Un éléphant
Aux blanches défenses est aussi bien présent
Un peu de lumière traverse une ajourée

Porte C’est lui tu le sais sa face adorée
Resplendissant comme un sage et joueur enfant
Des fleurs dans les cheveux il est si séduisant
Qu’aucun ne résiste à sa grâce mordorée

Pour combien de temps est-il là Nul ne le sait
Car le temps n’existe pas pour lui ses lacets
N’ayant point de secrets pour lui grand enchanteur

Une minute un an une respiration
De Brahmā ont même vitesse que lenteur
Pour ces êtres vivant en pure adoration

mardi 22 avril 2025

LA MORT DE MARC DUTROUX


Il a fermé les yeux celui qui fut haï
Comme aucun autre avant lui Seigneur des ténèbres
Ogre gargantuesque il est aussi célèbre
Qu’un chanteur populaire ou un prince ébahi

Le moment attendu par nombre de spahis
Prêts à fondre sur lui à ses frêles vertèbres
Briser à célébrer son oraison funèbre
Avec force chants et cris de joie envahis

Est enfin arrivé et c’est la déception
Aucun gouffre infernal aucune convulsion
La chose s’est faite sans émoi ni fracas

Tout naturellement comme si rien n’avait
Changé dans le monde et que nul divin tracas
Ne s’était emparé de lui à son chevet

L’ANGE BLESSÉ


Une flèche d’airain lui a brisé les ailes
Le voici obligé de vaguer parmi nous
Nous qui devons vivre souvent sur les genoux
Priant le ciel de renforcer notre zèle

Alors que des liens froids nos âmes cisèlent
Il nous regarde avec tristesse ou bien dégoût
Détruire la Terre en jetant tout aux égouts
Dans la mer l’océan infernal carrousel

Il rêve de rentrer là-bas chez lui là-haut
Loin de la souffrance des méchants des bourreaux
Qui martyrisent les justes et les gentils

Il ferme les yeux pour s’évader de ce monde
Mais le bruit des moteurs et de tous les outils
Le rappelle vite dans son immonde ronde

LA BANALITÉ DU MAL


À Hannah Arendt

Il est partout le mal où qu’on tourne la tête
Aussi bien dans le cœur des méchants accusés
Que celui des juges fatigués presque usés
Par la médiocrité humaine si parfaite

Obéir aux ordres c’est vraiment une fête
Pour qui veut s’affranchir des actes fous posés
Par la hiérarchie En disant aux préposés
Qu’ils ne risquent rien ils évitent la tempête

Au sein de leur esprit et s’assurent de leur
Bonne exécution sur un ton enjôleur
Mais un jour paraît le temps des vrais jugements

Où le sombre ignorant n’est plus du tout capable
De voir et comprendre que le discernement
Lui a toujours manqué en être méprisable

dimanche 20 avril 2025

L’ÉDITEUR


Promouvoir les lettres, dont il est maître

Voilà sa passion et sa raison d’être

Offrant au public ses gros coups de cœur

Étant bienveillant pour tous ses auteurs

Qu’ils soient tout jeunots ou bien des ancêtres


Quand l’un de ses livres vient de paraître

Il pense un peu au succès qui peut-être

L’attend en tant que fruit de son labeur :

                         Promouvoir les lettres


Ouvrant sur l’univers une fenêtre

Ses collections ayant l’art de permettre

À la totalité de ses lecteurs

D’élargir leurs horizons, l’éditeur

Ne peut qu’une simple chose promettre :

                         Promouvoir les lettres !


(Publié dans le recueil collectif Chassé-Croisé Poétique, éditions Novelas © 2025)

lundi 14 avril 2025

RIDERS ON THE STORM


À Jim Morrison

Nous qui avons été jetés en ce bas monde
Sans avoir demandé rien à qui que ce soit
Nous devons l’affronter Jamais ne te déçois
Des tempêtes sur ta route troublant les ondes

Car ce sont elles qui sont bien le plus fécondes
Après leur explosion voici que l’on s’assoit
Que l’on contemple les dégâts autour de soi
Alors que là-bas au loin le tonnerre gronde

C’est le bon moment pour compter ce qu’il nous reste
Une chemise des chaussures une veste
Ô grandes puissances ô purificatrices

C’est vous et vous seules qui nous rémunérez
Qui à nos corps offrez nombre de cicatrices
Et qui de bienfaits ou de malheurs nous couvrez

DRACULA


De toute l’Histoire il ne fut vraiment autant
D’homme assoiffé de sang que le grand Dracula
Empaleur d’Ottomans Onc il ne recula
Devant l’ennemi et les horreurs de son temps

Il perdit son âme en suivant dans les autans
Celle de son aimée Il ne se consola
Que dans la rage et la guerre Le consulat
Du démon son fier cœur devint en pur sultan

Celui qu’on appelait le seul fils du Dragon
Sera donc pour toujours du mal le parangon
Alors qu’au départ il ne voulait que défendre

Son honneur son bonheur et sa belle patrie
Sans nullement penser à tant de crânes fendre
Ni à s’abandonner à tant d’idolâtrie

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