mercredi 26 novembre 2025

LE DÉSERT BLANC DU PAPIER


À Christian Dotremont

Ils ont des milliers de mots pour dire la neige
Tout au fond de leurs yeux c’est une vraie richesse
Des nuances de blanc où dansent les déesses
Dans un imperceptible et infini manège

Pas besoin de leçons d’art ou bien de solfège
C’est le vent qui sculpte l’horizon sans faiblesse
Leur sourire jauni est leur grande noblesse
Jauni par le tabac la vie les sortilèges

L’alcool qui réchauffe le cœur les mains les doigts
Peu importe qu’ils soient Finlandais Suédois
Russes ou Danois ils sont là pour partager

Partager tout ce qu’ils n’ont pas Regarde donc
Au plus profond de toi oh ami naufragé
Et tu les trouveras ces êtres dits quelconques

mardi 25 novembre 2025

ALEXANDRE FACE À PERSÉPOLIS


À Philippe et Daniel Berthelot

Alexandre le Grand fixait Persépolis
De ses yeux fiers et droits depuis des jours déjà
Sûr de son triomphe tel un puissant raja
Face à un tigre ou un chevalier dans la lice

Dans ses mains il tenait ce précieux calice
Qu’il ne voulait briser comme un simple goujat
Oui il savourait la victoire au goût d’orgeat
Promise par les dieux aux cheveux de silice

Les vents chauds des déserts traversés effleuraient
Sa mémoire il était temps d’arracher l’ivraie
Et de laisser luire la splendeur des blés d’or

Quelle scène glorieuse illustre mirifique
Voilà sans doute à quoi songe un enfant qui dort
Ignorant les horreurs des guerres séraphique


JE VOUDRAIS REVIVRE


À Gérard Manset et Leos Carax

Je voudrais revivre continuer la course
Relire le livre qui pour l’éternité
Garde nos souvenirs Une divinité
Apparaît maintenant venant droit de la source

Me chuchote quelques mots oubliés ressource
Intarissable pour toute l’humanité
Nous imprégnant d’une grande sérénité
De paix et de repos Oh qu’elle nous rembourse

Toutes nos souffrances oui et tous nos efforts
Pour la servir comme il se doit des contreforts
Des hautes montagnes au plus profond des mers

Nous qui fûmes de bien braves petits soldats
Apportant notre pierre à l’édifice amer
Encore et encor dans une immense czarda

dimanche 16 novembre 2025

JEANNE HÉBUTERNE


À Véronique Pestel

Jamais on ne connut de plus grandiose muse
Que cette petite Jeanne qui préféra
Disparaître dans un saut comme à l’opéra
Que de survivre à son peintre Si ça t’amuse

Oh c’est que tu n’as pas de cœur Les cornemuses
N’ont point chanté durant l’adieu sans apparat
Qui lui fut réservé par tous les scélérats
Qui la maudissaient pour ses amours fort confuses

Avec ton enfant qui te faisait un gros ventre
Un ventre de huit mois quelle tristesse diantre
Pour tes êtres très chers et ta si jeune fille

Avec tes yeux verts que l’artiste voulait bleus
L’on ne t’oubliera pas ô douce jonquille
Au teint pâle ombrageux au sourire mielleux

jeudi 13 novembre 2025

UN MIROIR DANS UN MIROIR


À Arvo Pärt

Quel plus bel effet qu’un miroir dans un miroir
Des notes répondant oh à tant d’autres notes
Calmement posément sans que rien ne dénote
Sans que rien ne trouble ni nos jours ni nos soirs

Sur une partition cachée dans un tiroir
Depuis des siècles elles dorment ces notes
T’attendant patiemment faisant trembler quenottes
Des démons en herbe bien plus qu’un encensoir

Parcourant les plaines de la belle Estonie
Et de la terre entière oui sans ignominie
Elles se livrent sans vraiment aucun calcul

À celles et ceux qui savent bien écouter
Qui savent observer le monde avec recul
À tous ces êtres qui n’ont rien à redouter

LETTRE À ÉLISE


À Ludwig van Beethoven et Pierre Rapsat

Entends-tu ce piano aussi noir que la nuit
Chanter ta mélodie ô douce et tendre Élise
Au cœur de la forêt ou au fond d’une église
Peu importe le temps qu’il soit midi minuit

L’entends-tu ce piano alors que l’astre luit
Oui au plus haut du ciel pour que point ne s’enlisent
Nos nobles sentiments et que se cristallisent
Notre volonté et nos désirs sans nul bruit

Oh l’entends-tu Élise aux yeux si purs et gais
Quand vient le mois de mai les senteurs de muguet
Ou quand l’automne et ses feuilles recouvrent tout

D’un manteau mordoré C’est presque imperceptible
Mais si tu le peux tu le peux vraiment partout
Il t’accompagnera puissant indestructible

mercredi 12 novembre 2025

JE ME SOUVIENS


Ils m’ont démembré puis brûlé dans le jardin
Ils pensaient me tuer mais m’ont rendu plus fort
Quelle surprise pour eux oh quel inconfort
Quand j’ai resurgi face à eux ces vils gredins

Comme un dieu égyptien ou un esprit andin
Anéantissant tous leurs satanés efforts
Pour me détruire il ne me restait plus rien fors
Une goutte de sang et un souffle Soudain

Un voile noir tomba sur mes yeux de lapis
Puis un terrible éclair au fond d’un précipice
Me ramena vers le Soleil apollinien

Et je retrouvai tout ce que j’avais perdu
Toujours espère car les tyrans draconiens
Finissent un jour par voir leur corps bien tordu

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